Le
premier album de Captain Beefheart est souvent oublié des manuels, au
profit de « Trout mask replica », ce qui est à la fois logique tant «
Trout mask… » est une œuvre sans compromis, extrême et bouleversante ;
mais c’est également idiot car ce premier album est une merveille de
blues psyché. Certes, ici les chansons sont assez calibrées avec une
moyenne de 2 minutes 30 par titre, on sait que Don Van Vliet aime
exploser les barrières avec de long jams presque incantatoires, ce qu’il
fera à merveille sur « Mirror man ». L’album s’ouvre sur « Sure ‘nuff’n
yes I do », morceau qui commence comme un vieux blues (normal avec Ry
Cooder comme guitariste), à la Robert Johnson, pour ensuite exploser
littéralement dans un magma r’n’b, typique de l’époque. Le deuxième
titre « Zig Zag wanderer » est une perle étrange plongeant dans les
racines africaines du blues pour en faire un morceau pop psyché, qui restera dans les annales. « I’m glad » est un titre soul, presque trop classique
pour être honnête ; on dirait une parodie d’Otis Redding en mode
crooner. Il y aussi sur ce disque l’hallucinant « Electricity », morceau
nasillard sous acide, avec ce qui semble être un thérémin en fin de
vie. A côté le très classique « Yellow brick road » fait presque pâle
figure, pourtant c’est une pièce maîtresse. « Abba Zabba » est un blues
vaudou qui rappelle assez fortement le premier DR JOHN, le fameux
gris-gris, ballade hallucinée à la Nouvelle Orléans. Au final il y mille
et une raisons de préférer « Safe as milk » à « Trout mask replica » et
vice versa.
L’album a été parfaitement réédité en c.d, avec moult bonus tracks ; indispensable !
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