King Geedorah est l’un des nombreux avatars de Daniel Dumile,
plus connu dans le monde du hip-hop underground sous le nom de MF Doom. Si son
personnage de Metal Face Doom puise son inspiration dans les comics books, il
est d’ailleurs la copie presque conforme de Dr Doom, un super vilain de l’univers
Marvel. King Geedorah fait quant à lui
référence à King Ghidorah, l’un des plus célèbres ennemis de Godzilla. Il ne
faut donc pas s’étonner de retrouver ici plein de samples issus des films de Kaijû ; un vrai trip pour un
cinéphage comme moi.
« Follow The Light, The Light Is Your Guide »,
ainsi commence “Fazer” le premier morceau de cet album assez particulier ;
point de gros beats vulgaires ici ou de R n’B à la con, ce n’est pas le genre
de la maison, King Geedorah donne dans un rap plus pointu. Le second titre,
« Fastlane », contient un sample de « Hangin’ on » de Coke
Escovedo, ce qui lui donne un petit côté easy listening, tout de même sacrément
perturbé par le rap de Biolante et les extraits de films de monstres. Le
troisième morceau, « Krazy World », poursuit dans le même ton, mais cette
fois c’est Gigan qui pose son rap étrange sur cet instru de fou. King Geedorah
se paye même le luxe d’un featuring avec lui-même, en effet c’est MF Doom qui
rappe sur «The Final Hour », une sorte d’interlude bizarre issue d’un
cerveau malade. Daniel Dumile pousse parfois très loin l’expérimentation, ce
qui dans le monde du rap n’est pas une chose des plus courantes, avec des
instrumentaux comme « Monster Zero
» ou « One Smart Nigger », véritables
temples aux beats poisseux bourrés d’extraits de films japonais, un vrai
régal. Mais le sommet de l’album est « Anti-Matter »,
une quasi - reprise du « Message From A Black Man » des Whatnauts. Ce
morceau en duo avec MF Doom (?!?) et Mr Fantastik est sans aucun doute possible
l’un des plus beaux du Hip-Hop des années 2000 ; quel talent, quel groove…
Dans un style plus « Radio Friendly », le morceau « I
Wonder » est une petite pépite tout en grandiloquence, mais cela semble
plus ironique qu’autre chose. L’album se clôt en apothéose grâce a un « Final
Print » en mode 8 bits avec en prime un petit beatbox bien déglingué; vous
ai-je dit que notre homme ne manquait pas d’humour ?
La carrière de Daniel Dumile n’est pas facile à suivre tant
il multiplie les projets. Mais je vous conseille de tendre une oreille sur « Operation
Doomsday », paru sous le nom de MF Doom et sur « The Mouse And The
Mask » en duo avec le génial Danger Mouse, paru sous le nom de Dangerdoom.
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