Non, les dépressifs grunge n’avaient pas le monopole de la scène rock
dans les années 90. Loin des préoccupations existentielles de Kurt
Cobain, les Presidents étaient foncièrement crétins, leurs chansons
parlaient de pèches, de chats, de strip-teaseuses ou encore de Buggy.
Autre particularité du trio, la guitare n’a que trois cordes, la basse
en a deux et la batterie est réduite au minimum syndical, ce qui
n’empêche en rien le combo d’envoyer le bois. Le line up original du
groupe est le suivant : Chris Ballew au chant et à la basse, Dave
Dederer à la gratte et Jason Finn aux fûts.
L’album débute avec « Kitty », une chanson sur un chat retord qui
tyrannise le chanteur. Les chœurs tout en miaous sont un vrai régal. Le
son du combo est assez typique de l’époque, au croisement entre
Offspring période «Smash» et Green Day période «Dookie». Le groupe
n’oublie pas de pondre quelques perles, ce qui lui vaudra une bonne
diffusion en radio ; remember le monumental « Lump ». Petite question,
qui à part Didier Wampas oserait écrire une chanson qui parle de partir
à la campagne pour manger un max de pèches ? Les Presidents Of The
United States Of America pour sûr! Ils sont également capable de
composer un titre qui parle d'un petit buggy bleu qui roule dans les
dunes (Dune Buggy). Si je devais choisir l’album qui représente le mieux
l’insouciance des étés adolescents, je choisirai celui-ci sans aucune
hésitation. Dommage que le groupe n’ait pas concrétisé l’essai ; malgré
un deuxième album plutôt bon l’année suivante, il splitta en 1998,
avant de renaitre en 2000, mais avec un son trop radiophonique et
banal, pas vraiment digne d’intérêt. En attendant, vous trouverez ici 13
bombes aptes à mettre le feu à toutes vos soirées déjà bien arrosées.
Si ce disque n’est pas franchement un chef-d’œuvre, il mérite bien mieux
que l’oubli dans lequel il est tombé au fil des années.
Mon histoire avec ce disque est particulière. Je l’avais quand j’étais
gosse, puis je l’ai perdu ou bien prêté à une personne totalement dénuée
de scrupules qui n’a pas dénié me le rendre. J’ai toujours amèrement
regretté sa perte. Puis récemment, au détour d’un bac à soldes, j’ai
retrouvé un exemplaire à un prix ridicule et depuis il tourne presque en
boucle sur ma platine.
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