“Uprising” est un album à part dans la discographie de Bob Marley, c’est
son chant du cygne, l’ultime sursaut d’un artiste qui se sait malade.
Ce qui ne l’empêchera pas d’entamer une colossale tournée pour
promouvoir l’album. Après « Survival », un opus très engagé pour la
cause africaine, le prince du reggae revient à des thèmes plus variés.
Est-t’il plus apaisé pour autant ? Pas vraiment, car pour un humaniste
comme Bob Marley, il n’y a pas de place pour l’apaisement.
Quand j’ai entrepris de faire la chronique d’un album de Robert Nesta
Marley, le choix fut difficile. Pourquoi pas « Catch A Fire », le
premier album international des Wailers, l’époque bénite avec Peter Tosh
? Et « Exodus » n’est pas mal non plus, et que dire des disques
Jamaïcains produits par Lee « Scratch » Perry ? Finalement j’ai jeté mon
dévolu sur « Uprising », sans doute pas le meilleur choix pour qui
souhaite débuter avec l’œuvre du grand Bob, mais j’ai une affection
toute particulière pour cet album. Le disque débute avec « Coming In
From The Cold », un morceau plutôt lourd, le son est moins chaud que sur
les précédentes œuvres studio, il est également plus ancré dans son
époque. Malgré son côté dansant, « Real Situation » est un titre très
pessimiste ; résigné, Bob Marley semble lassé de la bêtise humaine qu’on
ne peut de toute manière pas stopper. Sous son aspect joyeux, le
troisième morceau se révèle assez amer, « Bad Card » est un règlement de
compte avec Don Taylor, un ancien manager véreux. Heureusement l’amour
est au rendez-vous avec l’ultra célèbre « Could You Be Loved »; portée
par son gimmick disco cette chanson est l’une des plus belles jamais
composées par le maitre. Quant à « Zion Train », elle semble être la
parfaite illustration du Bob Marley prophétique de la pochette, même si
l’homme était sans doute trop humble pour soutenir un tel fardeau. «
Forever Loving Jah » est une nouvelle chanson religieuse, durant toute
sa carrière Bob Marley n’a eu de cesse de célébrer sa foi en musique.
L’album se clôt avec « Redemption Song », le genre de chanson qui prouve
que parfois l’être humain est capable de faire de belles choses. C’est
la dernière chanson publiée par Marley de son vivant et quoi de plus
beau pour définitivement clore le bal qu’une ode à la liberté ? Avec ce
morceau folk, le roi du reggae s’offre sans filet, un moment de pure
magie. La version orchestrale présente sur la réédition n’arrive pas à
la cheville de l’originale et manque cruellement d’intensité.
« Want You Help to Sing,
This Song of Freedom”
Des mots qui résonnent comme le plus beau des testaments.
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