Il
y a des années comme ça, des années qui changent le cours de l’histoire
de la musique. J’aurais tout aussi bien pu faire un article sur 1955,
l’année de l’explosion Rock n’Roll, mais j’ai préféré me pencher sur
cette belle année 1966, trop souvent oubliée.
1966, c’est l’année
du grand changement, l’année où la musique pop devient adulte, l’année
de la fin de l’innocence. Des deux côtés de l’Atlantique, c’est l’heure
des grandes métamorphoses. Les Beach Boys publient « Pet Sounds », une
symphonie adolescente assez éloignée des hymnes surfs auxquels le groupe
avait habitué son public. C’est après avoir entendu « Rubber Soul » des
Beatles paru en décembre 1965 que Brian Wilson décide de faire un album
plus évolué, avec en tête le « mur de son » de Phil Spector.
Aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre, « Pet Sounds » fut un flop
lors de sa sortie en mai 1966. En ce même mois de mai, Dylan publie le
premier double album de l’histoire du rock, le légendaire « Blonde On
Blonde ». 1966 est également une grande année pour les Rolling Stones
qui sortent « Aftermath » en avril, leur premier album consacré
uniquement aux compositions du tandem Jagger-Richards. L’été 66 verra
les gentils Byrds virer psychédélique avec un troisième album
surpassant de loin les précédents efforts discographiques du groupe, le
splendide « Fifth Dimension ». En août les Beatles frapperont un grand
coup, encore, avec « Revolver » qui est sans aucun doute possible le
plus grand album pop du groupe. Toutes les compositions sont ici
essentielles, ce qui n’est pas le cas sur « Sgt Pepper », soyons
sincères. Le groupe et George Martin utilisent le studio comme un
instrument à part entière et inventent le premier morceau techno de
l’histoire, « Tomorrow Never Knows ». En octobre c’est au tour des
Kinks d’évoluer vers une pop raffinée avec un premier chef d’œuvre,
l’incontournable « Face to Face » et son single « Sunny Afternoon ».
Les Who termineront l’année en beauté avec un deuxième album hétéroclite
et barré contenant « A Quick One, While He’s Away », un mini opéra rock
qui préfigure déjà le futur « Tommy ».
Si l’année 1966 fut le
briquet qui alluma la mèche, 1967 sera l’explosion, avec les premiers
albums des Doors, du Velvet Underground ou encore du Jimi Hendrix
Experience, mais c’est une autre histoire…
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