dimanche 1 janvier 2012

N°41 LINK WRAY AND HIS RAY MEN – White Lightning: Lost Cadence Sessions ’58 – Enregistré en 1958, paru en 2006.


Link Wray est un grand guitariste injustement méconnu, ce n’est un secret pour aucun amateur de vrai Rock. L’apache au perfecto noir est ni plus ni moins l’inventeur du son fuzz, qu’il obtiendra en coupant dans les haut-parleurs de son ampli de guitare. Et oui, à l’époque les pédales à effet appartenaient au domaine de la science-fiction, c’est tout juste s’il y avait un peu de distorsion.

Bien sûr Link Wray n’est pas un grand technicien, ses morceaux instrumentaux sont principalement composés d’accords plaqués, parfois augmentés d’un petit solo façon surf. Cela ne l’empêchera pas d’influencer plusieurs générations de guitaristes, de Jimi Hendrix à Neil Young en passant par les Cramps. Il obtiendra un tube en avril 1958 avec « Rumble », que Tarantino utilisera bien plus tard pour la B.O de Pulp Fiction. Fort du succès rencontré par ce morceau, sa maison de disque le fait entrer en studio pour l’enregistrement d’un album. Mais voilà, une fois la chose enregistrée, Cadence Records refuse de la sortir. Car la musique proposée sur « White Lightning » est d’une violence inouïe pour l’époque, il faut protéger la chaste jeunesse américaine, et aussi éviter tout débordement. Ce qui n’empêchera pas notre homme de faire une carrière honorable par la suite, lorgnant parfois vers la country.

« White Lightning » est un album qui s’écoute fort, très fort ; le son est ample et sans fioritures. C’est ce côté primitif qui permet à cet album de ne pas souffrir de son âge avancé, il n’a pas pris une ride. Même cette vieille scie de « Rebel Rouser » possède ici une fraicheur qu’on ne lui connaissait pas. Link Wray dynamite tout sur son passage avec des titres comme « Drag race » et « Walkin’ With Link », alors certes il n’a pas la vélocité d’un Dick Dale, mais il a ce côté dangereux qui rend sa musique indéniablement plus sexy que celle du gentil surfeur. Link joue gras, même sur les titres les plus calmes, ce qui n’est pas sans rappeler un certains Keith Richards - pas non plus un virtuose le vieux pirate des Stones.

Le 5 Novembre 2005, le vieux rocker cassera sa pipe dans une indifférence quasi-générale. Seuls quelques vieux briscards lui rendront un hommage sincère. Et en 2006, Sundazed (superbe label spécialisé dans la ré édition qui tue) publiera enfin les sessions de 1958 avec un son sublime et quelques prises alternatives. Si vous voulez comprendre d’où vient le gros rock qui tâche, il faut que vous écoutiez ce disque.

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