Neu !
est un groupe de krautrock avant-gardiste teuton, basé à Düsseldorf. Le
Krautrock (littéralement rock-choucroute) est un terme inventé par les
anglo-saxons pour désigner le rock progressif allemand des années 70, ce
qui ne cache pas une certaine pointe de jalousie. En effet, durant la
première moitié de ces années folles, la scène allemande regorge de
groupes très forts et extrêmement originaux tel que Kraftwerk, Can, Amon
Duül II et bien sûr Neu ! Le groupe est né de la scission d’une
première monture de Kraftwerk. Les membres fondateur Klaus Dinger et
Michael Rother, respectivement batteur et guitariste, ont en effet
participé à l’enregistrement du premier album des célèbres précurseurs
de l’électro. Mais contrairement à leurs ex-compères de la centrale
électrique, la musique proposée par Neu ! est bien plus violente et
organique, presque intégralement instrumentale. Après un premier album
parfait paru en 1972, sombrement intitulé Neu !, le groupe enregistre « 2
», disque souvent décrié, mais pourquoi donc?
Cet objet sonore
non identifié s’ouvre avec un long morceau de onze minutes,
l’hypnotique et répétitif « Fur immer ». Le terme de musique
industrielle prend ici tout son sens, la précision presque inhumaine du
batteur donne l’impression que le titre, pourtant bel et bien organique
est exécuté par des machines. La face A du vinyle, soit les pistes 1 à 4
est parfaite, elle se termine avec « Lila Engel », l’un des morceaux
les plus violents et inquiétants qui soit, se rapprochant sur certains
points du score enregistré par les Italiens de chez Goblin pour Zombie
de G.Romero. La face B, soit les pistes 5 à 11, est, d’un avis général,
nettement moins digne. En effet, le groupe, manquant de matériel pour
finir le disque, passe plusieurs chansons à des vitesses différentes.
Ainsi, « Neuschnee 78 » est une version accélérée de « Neuschnee », de
même que « Super 16 » et « Super 78 » sont les versions lentes et
rapides de « Super ». Le principe est un peu limite, certes, mais
s’inscrit parfaitement dans l’optique avant-gardiste du groupe ; je
trouve même que c’est ce qui donne tout son charme à cet album. Car «
Neuschnee 78 » et « Super 16 » procurent l’impression de se retrouver
dans une usine, ou bien un complexe sidérurgique, c’est tout simplement
impressionnant. L’album se termine par une pure folie, « Super », titre
diablement efficace avec un groupe au bord de la démence, musique ultra
répétitive et cris tout droit échappés d’un asile psychiatrique. Le
progressif allemand n’avait définitivement rien à voir avec son cousin
anglais, plus démonstratif et lisse.
Si vous décidez de vous
procurer ce disque, évitez à tout prix les éditions c.d des années 90,
au son médiocre ne rendant absolument pas justice au travail du groupe.
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