Si chez nous, les albums de Noël sont le plus souvent
l’apanage des artistes has-been ou des starlettes en mal d’amour,
outre-Atlantique c’est une véritable institution. On ne compte plus les
artistes s’étant livrés à l’exercice. Je ne vais pas vous dresser une liste
exhaustive, car c’est tout bonnement impossible, mais sachez que tout le monde
ou presque s’y est mis, d’Elvis Presley aux Beach Boys en passant par Johnny
Cash. Et je ne compte même pas les artistes ayant juste composé une chanson de
Noël : AC/DC, les Ramones ou encore les Pogues avec leur somptueux
« Fairytale Of New York ». Mais revenons-en à nos rennes,
voulez-vous ? Je vais vous parler d’un classique parmi les classiques, le
maitre-étalon des albums de Noël : « A Christmas Gift For You».
C’est en plein mois de juillet 1963 que Phil Spector convoque
tous ses artistes maisons afin de créer le plus ambitieux des albums de Noël de
tout les temps. Comme toujours avec l’inventeur du « Wall Of Sound »,
le projet est pharaonique : pas moins de cinq guitaristes, trois
pianistes, deux bassistes, trois percussionnistes et un batteur jouent tous
ensemble avec la rigueur d’un métronome. Dès la première chanson, la magie
opère ; Darlene Love livre une sublime version de « White
Christmas ». Les Ronettes quant à elles se fendent d’une relecture absolument
divine de « Frosty The Snowman » ; les Beach Boys ne feront pas
mieux sur leur propre « Christmas Album ». Le disque est composé de
12 chansons plus ou moins traditionnelles ainsi qu’une composition inédite, la
splendide « Christmas (Baby Please Come Home) ». Cette dernière est d’ailleurs devenue un
standard à son tour, illustrant de nombreux films de Noël, notamment le
« Gremlins » de Joe Dante. Et que dire à propos de « Santa Claus
Is Coming To Town » interprété par les Crystals ou de « Winter
Wonderland » par Darlene Love ; tout ici est superbe.
Phil Spector avait tout prévu : production haut de
gamme, compositions au poil et artistes talentueux, tout était réuni pour faire
exploser les charts hivernaux partout aux Etats-Unis. Logiquement ce L.P devait
se vendre par wagons entiers. Mais gros coup du sort, l’album sortira le 22
novembre 1963, soit le jour de l’assassinat de J.F.K. Du coup l’Amérique n’a
plus la tête à la fête, et le « Christmas Album » de Phil sombre dans
l’anonymat avant de devenir culte. Il fut réhabilité par les Beatles via leur
label Apple près de dix ans plus tard.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.