Le groupe Steppenwolf fait partie de la toute première vague hard-rock
(avant Led Zeppelin donc), et « Monster », paru en 1969, est leur
quatrième album. Si dans la mémoire collective les loups des steppes
sont surtout connus pour le monstrueux hit « Born To Be Wild », rendu
célèbre par le film « Easy Rider » de Dennis Hooper, il ne faut pas pour
autant négliger le reste de leur discographie. Même si la qualité des
albums de Steppenwolf est assez variable, « Monster » se situe
clairement dans le haut du panier.
L’album démarre de manière hostile avec «Monster/Suicide/America »,
charge sociale et politique sans concessions. Loin de la révolte
adolescente souvent affiliée au rock n’roll, ce long titre pose un
regard sans compromis sur une Amérique nauséabonde, qui au final n’a pas
beaucoup évolué depuis, voire pas du tout. Tout y passe, la religion,
le racisme et les politicards véreux, les loups guettent et ne feront
pas de quartier. Musicalement le titre s’éloigne un peu du hard rock,
pour lorgner du côté des Kinks, cette patine plus pop donne
paradoxalement plus de force à la chanson. La structure du morceau est
complexe et divisée en plusieurs parties distinctes. Le deuxième titre, «
Draft Register » possède un petit côté psychédélique, mais plutôt du
genre bad trip, encore une réussite. Vient ensuite « Power Play » qui
renvoie aux bonnes vieilles ballades rock tendance sudiste et
franchement ça fait toujours du bien. C’est après que les choses
deviennent plus compliquées, « Move Over » est fade, les boys tentent un
blues façon Cream mais peinent à convaincre et sonnent au final plus
comme un groupe de bal. Passons sur l’instrumental « Fag » totalement
dénué d’intérêt, pour nous attaquer à « What Would You Do », morceau
soul typique de l’époque, avec une bonne grosse ambiance Stax Records.
Même si tout cela manque un peu de feeling, ça reste tout de même bien
jouissif. Heureusement l’album se clôt avec un bon gros rock stonien «
From Here To There Eventually », couplet boogie-rock et refrain gospel
avec des superbes chœurs féminin, une pure réussite. Au final, « Monster
» n’est certes pas un chef-d’œuvre, sa face B est même franchement
foireuse, mais il mérite mieux que l’oubli dans lequel il a sombré.
Pour l’instant l’album n’a pas été réédité de façon convenable en c.d,
il est donc préférable de privilégier le bon vieux vinyle ne serait-ce
que pour admirer en détail le curieux dessin qui orne la pochette.
Steppenwolf est effectivement un groupe énormissime et trop peu connu, bien qu'il fasse partie des géniteurs de ce qu'on appelle aujourd'hui le Heavy Metal.
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