Sorti fin 1974, cet album marque une rupture avec les précédentes
livraisons du jeune artiste. En effet, c’est avec B.B.H. que Jacques
Higelin opère un virage rock plutôt bien négocié, après plusieurs années
de chanson poétique, seul ou avec Brigitte Fontaine et Areski. Comme
quoi, il y a bien du vrai rock en France, n’en déplaise à certains.
Le disque s’ouvre avec un hymne paumé, une fresque droguée perdue entre
la France et l’Amérique. Mais pas celle des cartes postales ou de Johnny
Halliday, celle des Junkies. Comme de coutume chez Higelin, il y a cet
arrière goût de voyage et d’évasion, « Paris-New York, New York-Paris »
est une pure merveille. On poursuit l’aventure avec « Cigarette »,
encore une chanson sur la dépendance, mais toujours traitée avec poésie ;
l’instrumentation est particulièrement épurée, voire minimaliste. Après
deux chansons aussi parfaites, il n’est pas étonnant d’être un peu déçu
par « Mona Lisa Klaxon », sorte d’hybride entre funk et chanson
française plutôt ratée. L’artiste fera beaucoup mieux dans ce style par
la suite. « Chaud, chaud, bizness-show » est plus classique, grosse
rythmique blues, guitare bien grasse et Higelin nous sort sa voix de
rockeur. « Est-ce que ma guitare est un fusil ? » est un rock-funk
poisseux qui oscille entre dégoût et jouissance, c’est la grande chanson
de l’album et l’un des plus beaux moments de la carrière de l’artiste.
Higelin est fou, et sa folie se veut contagieuse. Après ça, l’album
ralentit dangereusement avec une ode à la paresse, « Une mouche sur la
bouche ». Bien couché dans son hamac, l’artiste prend le temps de ne
rien faire, ou bien est-ce le calme avant la tempête ? Retour en force
du blues et du rock sur les deux derniers titres, histoire de terminer
l’album en beauté. B.B.H est peut-être l’œuvre la plus musclée du grand
Jacques, qui par la suite fera de plus en plus la part belle aux
ballades, mais plus jamais il ne retrouvera cette énergie pure et cette
spontanéité.
A moi d’être un vrai de vrai et de n’écouter la musique qu’en vinyle,
sachez que l’édition cd parue chez EMI en 2007 est parfaite d’un point
de vue sonore. De plus, le livret est richement illustré, la genèse de
l’album y est contée et il contient les textes des chansons, que
demander de plus ?
Moi, j'ai du mal, je trouve qu'il lui manque du groove...
RépondreSupprimerAu risque de me prendre encore des coups de latte, je continue de penser qu'il s'agit du meilleur album de rock francophone de tous les temps.
RépondreSupprimerje vois pas ce qui a de RATé, dans mona-lisa-klaxon, d'un peu lourd, je veux bien, et encore, c'est quand même bien relayé par le fond exotique un peu dada de l'histoire, et le coeur que déploie jacques à brayer la mesure. pardon, mais je devais le dire
RépondreSupprimerMais ne t'excuse pas, tu a raison de donner ton avis. D'autant que c'est l'une de mes premières chroniques, aujourd'hui j'aurai sans doute une opinion moins tranchée.
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