Le rock a bâti son histoire sur cette légende, et quelques autres, avec
quand même une grosse part de mythe. Mais c’est ça qui est bon, la
réalité est souvent bien triste, mais qui veut la connaître quand la
fable est si bonne ? Personne j’imagine… Alors pour ceux qui auraient
vécu sur mars ces soixante-dix dernières années, voici l’histoire de
Robert Johnson ; avec quelques approximations et une grosse part de
fantasme…
Une histoire traditionnelle commencerait sans doute de la sorte : «
Robert Johnson est un bluesman né en telle et telle année, très tôt il
développa un don pour la guitare… bla bla bla ». Mais l’histoire du bon
vieux Robert Johnson n’est pas traditionnelle, elle est plutôt du genre
légendaire, voire mystique. La première grande épopée de l’histoire du
rock. Premier trouble qui rend la chose surréaliste, sa date de
naissance précise n’est pas connue, mais selon les sources elle se situe
entre 1909 et 1912. Ce que l’on sait par contre c’est qu’il a vue le
jour dans le delta du Mississippi.
"Cross Road Blues"
Nous sommes en 1931 dans un bar du Mississippi. Sur scène, il y a un
jeune noir qui joue du blues. L’audience n’y prête pas franchement une
oreille attentive. Faut dire que le musicien est mauvais comme un
cochon, pas foutu de jouer correctement.
« Hey mec, arrête le massacre, tu n’arrives à rien avec ça, tu fais
fuir les clients», lance un type assis tranquillement au bar. Johnson
prend une monumentale claque, car le type en question c’est Son House,
l’un des plus célèbres Bluesman de son époque. Après ce coup dur, Robert
quitte la ville de Robinsville. Puis c’est le silence radio, il n’y
reviendra qu’un an plus tard. Il franchit à nouveau la porte de ce vieux
rade pourri, toujours avec sa guitare, sous les regards amusés des
clients. « Tiens, tu es revenu, tu as toujours ta grat’… ». Sans
prévenir, il leur joue un morceau, les mettant tous sur le cul. Le petit
bleu plutôt mauvais s’est transformé en un putain de musicien, le
meilleur, l’imbattable, celui qui allait entrer dans la légende, plus
qu’aucun autre. Et puis ses paroles qui causent de diable au croisement
de deux routes, comme sur le célèbre « Cross Road Blues », attire
l’attention. Mais comment a-t-il fait pour progresser aussi vite?
Johnson lui même dit avoir vendu son âme au diable…l’histoire est en
marche.
"Me And The Devil Blue"
Il fait nuit, il pleut, le genre de pluie à vous tremper jusqu’aux os.
Robert est seul au croisement, il attend l’homme, l’homme qui va changer
sa vie. Le type surgit sans prévenir, sans même que Robert l’ait
entendu venir. Le visage du mec n’est pas visible, planqué sous son
chapeau et le col de son imperméable noir ; la lumière de la lune semble
le fuir.
« Alors tu veux devenir le plus grand ? Tu veux être une légende ? »
Robert ne dit rien, il acquiesce simplement de la tête.
« Tu connais le prix, tu sais pour le contrat ? »
Nouvel acquiescement, bien sûr qu’il sait. Johnson signe et part,
heureux comme jamais. Après tout qu’est-ce qu’une âme ? Du vent, rien de
plus, se dit le jeune Bluesman. Mais il ne se doutait sans doute pas
qu’il venait de sceller son destin.
"Hell Hound On My Trail"
Robert Johnson enregistra quelques chansons en 1937, une petite
trentaine pas plus. La seule photo connue du bluesman est celle qui orne
cet article (et encore il y a des doutes sur le fait que ce soit bien
lui, c’est dire). Mais à la fin d’un concert, le 16 août 1938, l’homme
du croisement fera honorer la clause la plus importante du fameux
contrat. Alors qu’il est sur scène, Robert remarque une fille, la
drague, mais manque de pot, c’est la femme du taulier. Et pour couronner
le tout, le mec n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler un tendre,
et en plus il est très jaloux. Lorsque Robert sort de scène, le patron
de bar lui offre un dernier verre. Le musicien accepte sans se douter
que le verre va lui être fatal. Un petit cadeau empoisonné de la part de
la maison ! Il quitte le bar, marche un peu, puis pris de violentes
crampes et de vomissements, il tombe. Il crève seul comme un chien dans
un fossé, l’agonie sera longue. L’homme du croisement gagne toujours…
Selon certaines sources, Robert Johnson serait né en en 1911 et mort en
1938, ce qui ferait de lui le premier membre du célèbre club des morts à
27 ans…
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