Après les autoroutes teutonnes et la radioactivité,
Kraftwerk revient avec un nouvel album concept à la gloire des trains. Les
« Trans-Europ-Express » étaient des trains de prestige exclusivement
de première classe. Aujourd’hui disparus, ils étaient une bonne alternative au
transport aérien pour les hommes d’affaires et la haute société. Kraftwerk a
toujours été adepte des concepts d’albums vraiment étrange, allant jusqu'à
publier un disque hommage à la grande boucle (« Tour de France Soundtracks »)
en 2003. Paradoxalement, malgré leur
côté avant-gardiste, les albums de Kraftwerk ont toujours été relativement
faciles d’accès. « The Man Machine » sera même un énorme succès grâce
au single « The Model », morceau presque pop voire disco.
« Trans Europe Express » est un voyage au travers
d’une Europe chic et surannée, une Europe de carte postale, une Europe toute puissante
et ivre de réussite. En voiture ! Dès le début de « Europe
Endless » nous avons le sentiment de vivre un truc spécial. Si cela est encore
vrai aujourd’hui, je n’imagine pas ce que c’était en 1977, cette grande année
punk. « Europe Endless » possède un petit côté démodé très charmant,
le chic suranné évoqué plus tôt ; en fait ce morceau est à l’image de
l’élégante pochette du disque. Faisant suite au long morceau d’ouverture, « The
Hall Of Mirrors » est quant à lui beaucoup plus inquiétant et pour tout
dire pas très raccord avec le concept de l’album ; c’est un très bon titre
malgré tout. Mais qui sont les
« Showroom Dummies » évoqués dans la troisième chanson ? Sans doute les mannequins des boutiques chics
des champs Elysées. Arrive ensuite le morceau-titre et sa rythmique syncopée
évoquant le bruit mécanique et régulier d’un train sur ses rails. Avec cette
chanson, nous traversons littéralement l’Europe, de Paris à Düsseldorf. Si la
musique de Kraftwerk a nourri la célèbre « trilogie Berlinoise » de
Bowie, « Station To Station » paru un an plus tôt n’a visiblement pas
laissé de marbre les membres de la centrale électrique. D’ailleurs, il y a
cette phrase délicieuse dans « Trans
Europe Express » : 'From station to station, back to Dusseldorf City,
meet Iggy Pop and David Bowie', tout est dit. Plus loin, nous avons droit à un
hommage au compositeur Autrichien Franz Schubert, puis l’album se clôt avec
« Endless Endless », reprenant le thème d’ouverture, la boucle est
bouclée. Terminus tout le monde descend !
« Trans Europe Express » sera samplé par le
rappeur Afrika Bambaataa pour son hit « Planet Rock », ce qui prouve
l’étendue de l’influence de Kraftwerk. Toute la discographie du groupe (à
l’exception des trois premiers albums) fut superbement rééditée en 2009 ;
son d’enfer, livret riche, mais pas de bonus.
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