Attention groupe culte! Pour tout amateur de rock psychédélique, le 13th
Floor Elevators fait office de table de lois du genre. Natif du Texas,
les membres du groupe étaient des grands amateurs d’acides et autres
substances qui ouvrent les portes de la perception, celles qui étaient
si chères à Jim Morrison. Rock Erikson, le cramé en chef, était une
sorte de Syd Barret ricain, bourré de talent mais très sain d’esprit,
qui comme son homologue Anglais fera plusieurs séjours en H.P. Ce qui
rend le son du 13th Floor Elevators si particulier, c’est l’utilisation
quasi-systématique de la Jar électrique, un instrument fait maison qui
émet un glou-glou cosmique du plus bel effet. Le premier effort studio
du groupe date de 1966, le fameux « The Psychedelic Sound Of The 13th
Floor Elevators », surtout connu pour être le premier disque de rock à
utiliser le terme « Psychédélique » dans son titre. C’est également sur
cet album que l’on trouve l’unique vrai hit du groupe, le génial «
You’re Gonna Miss Me ». Mais penchons-nous sur la seconde œuvre des
Texans, « Easter Everywhere », moins réputée mais bien plus aboutie.
Le morceau d’ouverture, « Slip Inside The House » est incroyable,
extrême et sans concessions. Ici le psychédélisme se fait noir, très
loin de ce qui se tramait au même moment à San Francisco. S’étalant sur
plus de huit minutes, ce titre sonne comme une vision musclée du Velvet
Underground, et préfigure toute la nouvelle vague psyché des années
2000, du Black Rebel Motorcycle Club au Black Angels. Rarement un
morceau psychédélique aura été aussi épique et le groupe ne fera pas
mieux, car oui «Slip Inside The House» est définitif, c’est le sommet
de l’album, il eut été plus judicieux de le placer en fin de galette.
Juste derrière il y a «Slide Machine», plus apaisé, plus pop mais pas
moins acéré pour autant. Sur ce deuxième album le groupe fait la part
belle aux parties acoustiques, notamment sur la splendide ballade qu’est
« Dust». Superbe morceau désabusé, dont la mélodie semble être tombée
tout droit du ciel. Comme sur beaucoup de disques de la fin des sixties,
il y a sur « Easter Everywhere » une reprise de Bob Dylan. Cette fois
c’est au tour de « It’s All Over Now, Baby Blue », ici rebaptisée «Baby
Blue», de passer sur le billard ; il en ressort une ballade psyché
juste miraculeuse. Le groupe transcende la chanson sans en faire trop,
c’est digne du traitement que réservaient les Byrds au répertoire du Zim
à la même époque. L’album se clôt sur un «Postures» très soul en forme
de gospel lysergique, un véritable rayon de soleil.
Pendant longtemps, la discographie du groupe n’était disponible en
compact disc uniquement dans des versions désastreuses. C’est l’horrible
label anglais Charly qui était le plus souvent responsable de ces
atrocités. Mais depuis ce même label s’est racheté une conduite en
sortant de splendides éditions superbement remasterisées. Je vous
conseille tout particulièrement « The Albums Collections » regroupant
les trois albums studio du groupe ainsi que le faux live d’époque, le
tout à un prix tout à fait raisonnable.
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