Dans une précédente chronique, j’avais chroniqué « Nashville
Skyline » ; mais le Zim a publié tant de grands albums qu’il mérite bien
une deuxième chronique. Le choix fut difficile, qui de « Freewheelin’
», « Blonde On Blonde » ou de « Blood On The Track » allais-je choisir ?
J’ai finalement tranché et j’ai choisi « Oh Mercy », un choix qui me
semble bien plus judicieux.
Petit retour en arrière… En 1989, l’année de la publication de « Oh
Mercy », Dylan est vidé. Après une décennie à publier une série d’albums
plus mauvais les uns que les autres, il est considéré comme un
has-been. Sur les conseils de Bono du groupe U2, il choisit Daniel
Lanois comme producteur pour son nouveau disque. Dieu sait que je ne
porte pas U2 et encore moins Bono dans mon cœur, mais le fait que Bob
Dylan suive ce conseil fut salutaire pour sa carrière. En effet, « Oh
Mercy » est l’album de la résurrection pour le barde usé, c’est l’album
que plus personne n’attendait. Le disque commence fort avec « Political
World », chanson énervée et désabusée ; Dylan a perdu toute foi en
l’humanité et le fait savoir. Dans un registre un peu différent, «
Everything is Broken » aborde le même sujet, la musique sonne
incroyablement bien. En fait, Dylan n’a plus sonné aussi bien depuis…
disons « Desire », et cela représente tout même une bonne quinzaine
d’années. Le chef d’œuvre de l’album est sans aucun doute « The Man With
The Long Black Coat », quelle classe, ce son de basse, qui dirige tout,
la musique est très minimaliste et le Zim chante divinement bien. Les
paroles sont poétiques, oniriques mais très sombres ; qui est cet homme
au long manteau noir, est-ce la mort ou le diable, celui du croisement,
celui de Robert Johnson ? Plus loin, il y a le magnifique « Most Of The
Time », là encore Dylan chante bien et la musique est incroyablement
aérienne. Dans cette chanson le chanteur semble bien sûr de lui, sûr de
ses décisions, du moins en apparence, car comme toujours chez Bob Dylan
il y a une grosse part de doute, une faiblesse affichée mais avec
pudeur. C’est également de doutes dont il est question dans « What Good
Am I ? », le chanteur se pose des questions existentielles et nous
invite à en faire de même. L’album se clôt avec le somptueux « Shooting
Star », une ballade belle à pleurer, du grand Songwriting.
« Oh Mercy » est définitivement mélancolique et désabusé. C’est un
disque fait par un artiste au fond du trou, mais c’est aussi celui qui
l’aura fait renaître. Voilà pourquoi j’ai choisi celui-ci plutôt qu’un
autre. Ne pas poser une oreille dessus serait une énorme erreur.
Tout à fait d'accord Toorsch...y'a qq disk phares dans sa carrière, comme "Desire" mon préféré, "nashville skyline" et "oh mercy!" mon deuxième préféré. C'est un break total, une remise à zéro bienfaisante qui donne un disque époustouflant, même s'il n'est pas "révolutionnaire". Apaisement, minimal, très bien dosé, avec le retour aux vraies mélodies. D'ailleurs j'aime beaucoup le suivant aussi "under the red sky", comme une faceB.
RépondreSupprimerLes 6 première d'"Oh mercy" sont terribles..on dirait une compile.
Oui, il n' y a rien de révolutionnaire dans "Oh Mercy", mais après la traversé du désert artistique que fut les années 80, c'est génial de voir Dylan en grande forme. En dehors des classiques 60's, j'aime également la trilogie qui va de "Time Out Of Mind" a "Modern Times".
RépondreSupprimerTrès belle chronique pour cet album dont la production de Daniel Lanois est à souligner. Cet esthète du son a aidé là pour un album qui a re-boosté Dylan.
RépondreSupprimerCiselé, rien au hasard et pourtant un respect de l'artiste, enregistré parait t'il dans des conditions particulièrement roots, ce qui est coutumier de Lanois...
A écouter d'urgence, fan de Dylan ou pas.
On ne doit pas passer à coté de celui ci.