dimanche 10 mars 2013

N°96 TANGERINE DREAM - Rubycon - 1975


Voyage halluciné au bord du vide. Noir sidéral et vision du futur. La musique de Tangerine Dream est méditative, celle distillée sur "Rubycon" possède en plus une touche magique, presque chamanique. Médecin-sorcier indien de l'espace. L'album se divise en deux mouvements d'environ dix-sept minutes, "Rubycon Part I" et "Rubycon Part II". Le tout forme une longue odyssée en terre inconnue. L'épopée débute dans les ténèbres des fonds marins. Dialogue de dauphins magnétiques flirtant avec d'étranges créatures dans l'abyssal monde souterrain. Mais peu à peu les choses dérivent, la machine se met en route, le vaisseau est prêt. Le drone créé par les VCS 3 et APR 2600 semble servir de moteur à ce navire "enterprise" de la psyché. Élévation, lévitation, départ vers l'intersidéral, l'espace semble s'offrir au voyageur immobile. Pris dans un tourbillon électronique sans fin, les visions SF se multiplient. Des planètes rondes et petites comme des billes, lointaines, que jamais nous n'explorerons, perdues dans la nuit du vide galactique. Nous avons quitté un enfer pour un autre.

Deuxième partie, retour au point zéro. "Rubycon part II", hostilité frontale; enfermé dans une prison de verre, le voyageur immobile se prend à son propre piège. Tout cette affaire tourne mal, l'atmosphère se refroidit encore avant de devenir glaciale. Et puis il y a ces lamentations qui ne cessent de s’amplifier, comme une rumeur atroce. Le calvaire des machines, le bruit sourd des robots. Déjà au loin résonne le drone du VCS3, comme un moteur ami, la fin de cette mauvaise passe. Il est temps pour le voyageur immobile de rentrer chez lui. Un voyage retour chargé de tristesse et de déception, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Les fonds marins paraissent soudain si chauds, tel un cocon nourrissant et indispensable .

"Rubycon" offre des visions à la fois terribles et belles à celui qui sait écouter. Parfois très inquiétant, sorte de préambule vaporeux aux musiques de John Carpenter. Le VCS3 et l'APR 2600 sont pour beaucoup dans l'ambiance du disque, leurs modulations hypnotiques ont également façonné le son de l'album "Dark Side Of The Moon" de Pink Floyd. Parfois le germanique "Rubycon" est assez proche de son aîné britannique, mais en plus extrême. Pas l'ombre d'une chanson, aucun format, sans concessions.

5 commentaires:

  1. Je me laisse porter par cette musique, impressionnant les changements musicaux qui me transforment en ce moment... C'est fou les voyages qu'on peut faire avec cet album...

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  2. Surprise de le voir ici, mais partage des sentiments. Pascal me l'avait à mon plus grand bonheur dropboxé il y a peu, .. et retrouver cette madeleine de mon adolescence a été un grand bonheur.

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  3. @ Sadaya, une libération de l'imaginaire cette musique.

    @ Sorgual, une grand disque qui véhicule des sentiments à la pelle. Je comprends qu'il soit une madeleine.

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  4. Du plaisir de lire ce billet sur ce groupe que j'ai également chroniqué voici un sacré temps...
    Celui ci me reste "fétiche" car c'est avec cet album que j'ai accroché définitivement à leur univers et ce jusqu'à leurs productions les plus récentes.
    Bande SF garantie.
    Merci.

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    1. Moi aussi c'est mon favori, plus "tripyque"... Avec disons "Phedra" et "Atmosfear"...

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