lundi 30 septembre 2013

WILD COVER #4: THE PIXIES - Winterlong - 1990


Wild Cover est une rubrique temporaire qui offre chaque lundi une reprise de qualité...

Quand les Pixies s'adonnent à l'art délicat de la reprise, ils ne font pas les choses à moitié, et s'attaquent directement au répertoire de Neil Young. "Winterlong" est une chanson assez méconnue du Loner, mais probablement la préférée de Frank Black, si l'on en croit les notes de pochette de la compilation Complete B-Sides. Le morceau d'origine est assez lancinant, alors que la version des Pixies est beaucoup plus rapide. Pour tout dire celle-ci possède l'ADN d'une chanson du groupe, forte mélodie et énergie folle. L'art et la manière de s'approprier un titre sans pour autant trop changer sa forme initiale. Absolument pas réinventé, "Winterlong" est juste absorbé puis recraché par Frank Black et ses compères, pour finalement devenir une chanson à part entière des Pixies. Bien plus qu'une simple face B du single "Dig For Fire"...

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jeudi 26 septembre 2013

N°125 - THE BRIAN SETZER ORCHESTRA - Wolfgang's Big Night Out - 2007


De tous les projets de Brian Setzer, celui-ci est sans doute le plus atypique. Depuis la création de son Big Band au début des années 90, l'ex-Stray Cat n'a eu de cesse de s'en servir comme d'un laboratoire, une formation qui ne recule devant rien. Au-delà des classiques albums de swing, le Brian Setzer Orchestra a également publié trois disques de Noël de grande qualité, un autre en forme de film noir et ce Wolfgang's Big Night Out, constitué d'adaptation swing-rock de standards de la musique classique. Un projet qui sur le papier a tout du plan foireux et boursouflé, mais c'est sans compter sur le talent de Brian Setzer et de sa troupe. Le travail d’arrangement est absolument phénoménal et, qui plus est, toujours d'un goût très sûr. 

Départ en fanfare avec une adaptation swing de la "Cinquième Symphonie" de Beethoven, les cuivres sautillent littéralement sur une rythmique à toute épreuve, c'est bien la première fois qu'il est possible de danser sur la cinquième... "One More Night With You" transporte Edvard Grieg durant l'entre-deux guerres avec un jazz-vocal digne de cet âge d'or du genre. "Eine Kleine Nachtmusik" de Mozart se voit également offrir un traitement swing, laissant entrevoir une nuit chaude et mouvementée. "Honey Man" quant à lui, transforme le "vol du bourdon" en un trip rockab' complètement fou, flirtant avec le surf-rock de Dick Dale, il fallait oser. Dans un genre similaire, "La danse du sabre" se métamorphose en une furie psychobilly, le résultat est surréaliste; la grande maîtrise de Brian Setzer force le respect. "La lettre à Élise" de Beethoven s'offre une seconde jeunesse en forme de jazz manouche façon Django, le résultat est certes assez convenu, mais tout de même très plaisant; cela permet surtout d'entendre enfin Brian se lâcher en acoustique. "Some River In Europe" est une adaptation du "Danube Bleu" de Strauss, l’introduction est pour une fois assez respectueuse de l'oeuvre originale, mais c'est pour mieux démarrer par la suite. Cette transposition swing est sans doute la plus saugrenue de l'album, mais c'est une réussite totale. Le disque se referme avec un traditionnel de Noël anglais, "God Rest You Merry, Gentleman", ici nommé "Take A Break Guy", ce final clôt l'affaire sur une note plus heavy, avec un solo hard absolument divin.

Wolfgang's Big Night Out est une nouvelle réussite pour le Brian Setzer Orchestra qui fait preuve comme toujours d'une grande maîtrise, d'un grain de folie et d'un goût certain. Certes, on peut préférer le Brian Setzer  purement rockabilly, mais on ne peut dénigrer son orchestre magique.

vendredi 20 septembre 2013

N°123 - THE DARKNESS - One Way Ticket To Hell... And Back - 2005


One Way Ticket To Hell... And Back est le second album des Darkness, il a la lourde charge de succéder à Permission To Land, une première oeuvre au succès colossal. Mais le groupe hard-glam du Suffolk n'avait pas encore tout donné et ce voyage aller-retour pour le monde des ombres le prouve. Dans le fond, pas de gros changements, les frères Hawkins filent à un train d'enfer sur les rails posés précédemment. Cet album est le jumeau excessif, celui qui n'a aucune limite, à la fois fascinant et énervant, à ne surtout pas prendre au sérieux. Sans être aussi ouvertement humoristique et gras que les Tenacious D par exemple, The Darkness distillent du second degré par fût, dans la plus pure tradition anglaise.

Musique inquiétante, chorale d'outre-tombe et flûte de pan, on se croirait plongé dans un film d'aventure bas de gamme, mais soudain un mec sniffe de la coke suivi de près par un orchestre rock qui envoie le pâté. Justin Hawkins aime monter très haut dans les aigus, et il ne se prive pas de le faire. "One Way Ticket" use d'ingrédients mille fois utilisés auparavant, mais la sauce prend toujours. Diaboliquement efficace. Sans temps mort, voici que débarque "Knockers", un morceau beaucoup plus basique, mais pas moins efficace, loin de là, nous tenons même un véritable tube. Avec "Seemed Like A Good Idea At The Time", le groupe nous fait le coup classique de la ballade rock autant boursouflée de remords que de violons. Magistralement drôle. "Hazel Eyes" est un surréaliste trip hard-rock scottish au refrain absolument cinglé, un pur moment de bravoure. Sans vergogne, The Darkness s'offre avec "Bald" un délire horrifico-lyrique digne de Meat Loaf, les détenteurs du bon goût trouveront assurément de quoi râler. "Girlfriend" est radiophonique en diable, ce qui n'empêche pas Justin Hawkins de nous balancer un solo de mini-moog comme si de rien n'était, divin! L'album se clôt avec une doublette Mercurienne du plus bel effet. "English Country Garden" et "Blind Man" finiront d'achever l'auditeur soit complètement acquis à la cause du groupe, soit totalement écœuré par un trop plein de lyrisme démodé.

Après plusieurs années de disette, le groupe reviendra en 2012 avec Hot Cakes, un album fort sympathique, mais loin d'être aussi brillant que ce One Way Ticket To Hell... And Back.

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Les Folies, la folie

La folie, à la fois joyeuse et outrageusement triste. Le fou chantant, le grain de folie puis la folie seule, dans son abominable pureté. Celle qui vous conduit au bord du gouffre, celle qui pousse l'homme dans le ravin par un trop plein de rage et de tristesse. Muse obscène d'un puissant paradoxe. Elle offre autant la créativité que des instruments de mort. Autant le beau que le laid. Véritable funambule titubant sur un fil suspendu au-dessus du vide. Le vide qu'elle laisse après avoir tant donné. Il n' y a pas de réelle différence entre la folie du peintre et celle du guerrier, seuls changent les instruments. La source demeure la même. Celui qui crée dévoile sa folie tout autant que celui qui détruit. Il est bien souvent impossible de voir sous le masque, et faire craquer le vernis n'a pour seul effet que de faire jaillir une vérité brute en forme de constat. La folie n'offre aucune consolation, peu importe sa forme. 

mercredi 18 septembre 2013

N°122 - THE BEATLES - Magical Mystery Tour - 1967


Dans son format long-jeu, ce disque n'est pas à proprement parler un véritable album des scarabattements, mais plutôt une compilation réalisée pour le marché américain qui comprend le double EP de six titres du même nom, ainsi que cinq autres morceaux publiés en 45 tours à la même période. Et très franchement, tout est bon! Pour une fois Capitol, la maison de disque ricaine du groupe, n'a pas commis de massacre, comme ce fut le cas jusqu'alors. En ajoutant ces chansons (toutes formidables, j'insiste sur ce point) parues uniquement en single, elle obtient au final un album cohérent qui soutient sans mal la comparaison avec son récent aîné, Sgt Pepper. Cette oeuvre bâtarde, ce Frankenstein sauce Beatles, est devenue la norme lors des nombreuses rééditions en compact ou vinyle, à tel point que l'on peut sans mal l'inclure à la discographie anglaise du groupe. Ah oui, dans sa forme originelle, Magical Mystery Tour est la bande-son du moyen-métrage du même nom. Le film sera un échec cuisant, la première vraie foirade des Beatles après plusieurs années passées en état de grâce. In fact, ce délire psychédélique n'est pas si mauvais, juste en roue libre, l'absence totale de scénario est toutefois compensée par quelques beaux moments.

Novembre 1967, Paul est mort depuis un an environ dans un tragique accident de la route. Les Beatles sont en deuil, mais décident d'engager un sosie du bassiste pour son remplacement Assez drôlement, ce sosie est encore en vie aujourd'hui, il continue de produire des albums de qualité et risque bien d'être le seul rescapé de la bande. Mais je ne vous apprends rien, chaque amateur un tant soit peu éclairé connait cette histoire. Nous ne sommes pas dupes messieurs les comploteurs! Blague à part, Magical Mystery Tour est un de mes albums favoris des scarabées, il clôt de bien belle manière la période psyché du groupe. 

Départ immédiat, on grimpe dans le bus bariolé pour un tour apte à défoncer les portes de la perception à grand renfort d'acide. Le morceau-titre est une annonce, un peu à la manière de celles en début et fin de Sgt Pepper. Évidente filiation. Plus éthérée, "The Fool On The Hill" est une ballade British d'une classe insensée, du McCartney pur jus (il est pas mort lui?). Déboule ensuite "Flying", un instrumental brinquebalant et psychédélique qui porte plutôt bien son nom, un condensé de son époque, planant et parfaitement maîtrisé. Écrite par George Harrison, "Blue Jay Way" est une pièce psyché inquiétante, une drôle de plongée dans le brouillard de Los Angeles. "I Am The Walrus" est la seule participation au niveau de l'écriture de John Lennon sur le EP originel, et quelle participation mes amis, c'est simple, ce morceau est le climax de ce fameux extended play. Le texte n'a pas de réel sens, c'est un collage cryptique qui donnera naissance aux interprétations les plus folles. "Penny Lane" et "Strawberry Fields Forever" étaient originellement des 45 tours issus des sessions de Sgt Pepper, mais absents de ce dernier. Deux chansons sur l'enfance, deux visions opposées, celle de John et celle de Paul, deux classiques absolument bouleversants. L'aventure prend fin avec "All You Need Is Love", la plaidoirie universelle pour la paix et l'amour qu'on ne présente plus.

Après cela, rien de sera plus jamais comme avant, l'album blanc naîtra dans la déchirure et l'amertume, sans même parler de l’avorté puis ressuscité Let It Be. Seul Abbey Road, le chant du cygne des quatre garçons plus tout à fait dans le vent, semble échapper à la malédiction. Un adieu digne, quelque peu terni toutefois par les piques à venir, mais après tout, ce ne sont finalement que des querelles imbéciles et les Beatles demeurent insurpassables.   

dimanche 8 septembre 2013

Blue Moon & Other Killer Lullabies

Pour un gamin, regarder un film fantastique ou d'horreur est une des choses les plus merveilleuses et délicieuses qui soient. Le grand frisson ou comment braver l'autorité parentale pour se lancer à corps perdu dans les mondes de l'imaginaire. Bien avant d'atteindre mes dix printemps, j'en avais déjà vue de la bobine pleine de frisson et de suspense. Des classiques du genre aux oeuvres les plus tartes, je dévorais littéralement de la V.H.S non appropriée à mon jeune âge avec la plus grande délectation possible. Le parfum de l'interdit. La frontière entre réalité et fiction étant une notion plutôt floue pour un enfant, il n'était pas rare qu'une projection malheureuse se termine en nuit blanche. Les yeux grands ouverts et les feuilles en éveil, je guettais le moindre bruit suspect et la plus petite ombre vagabonde. Mais c'était de la bonne peur, de celles qui activent l'imagination et plus tard la création. 

Un bon film d'horreur se démarque par son ambiance, une parfaite corrélation entre le son et l'image est par exemple primordiale. Ne pas tout montrer au spectateur l'est tout autant, la suggestion étant l'un des moteurs principaux du genre, une profusion de gore n'a jamais fait un bon film, l'abus de jump scare non plus. Ceci est un message aux créateurs actuels qui usent et abusent de cette navrante ficelle: un jump scare ne fait PAS peur, c'est juste ÉNERVANT! Apprendre à créer une ambiance est la base de tout. Mais là n'est pas le sujet, comme nous sommes sur un blog musical, passons en revue quelques glorieux exemples de symbioses entre image et son.

An American Werewolf In London est un modèle du genre. Puisque le film traite de loup-garou, pourquoi ne pas utiliser uniquement des chansons ayant un rapport direct avec la lune? Cela peut paraître basique voir même logique, mais personne n'y a songé avant John Landis pour ce film, qui pourtant date de 1981... L'ouverture du Loup-garou de Londres (titre français du film) est d'une beauté saisissante, alors que résonne "Blue Moon" interprété Bobby Vinton (la plus belle version de toutes), le réalisateur se contente d'aligner des plans séquences des brumeuses landes anglaises plongées dans un éternel automne. Trois minutes de générique absolument démentielle, qui à elles seules posent une grosse partie de l'ambiance du film, brillant. Le fait que John Landis utilise cette version plutôt qu'une autre lors de l'ouverture prend réellement tout son sens lorsque débarque le générique de fin. En effet, pour accompagner ce dernier, le réalisateur a choisi ce même titre, mais exécuté par The Marcels dans une version Doo-wop au tempo rapide et enjoué. D'autant plus dément que celle-ci tombe comme un cheveu sur la soupe après un climax d'une tristesse absolue. Un modèle du genre vous dis-je! Depuis ma plus tendre enfance, chaque fois que j'entend "Blue Moon" je pense au Loup-garou de Londres, qui pour moi demeure encore aujourd'hui le meilleur film jamais créé sur le sujet; et aussi une preuve que les effets spéciaux numériques ont fait beaucoup de mal au genre. John Landis réalisa également les Blues Brothers ainsi que le clip de "Thriller" pour Michael Jackson, inégalé lui aussi.

Cette manie d'utiliser un matériau musical issu du répertoire populaire se démocratisa réellement dans le septième art durant les années 80. Bien que cette pratique fut initiée vers la fin des années 60 lors de l’émergence du Nouvel Hollywood, avec des cinéastes tels que Martin Scorsese ou Dennis Hopper. Dès lors, la bande originale d'un film est également devenue l'occasion pour un réalisateur de nous faire part de ses goûts musicaux. Quentin Tarantino pour ne citer que lui, en a d'ailleurs fait sa spécialité, ses longs-métrages sont gavés de morceaux plus ou moins populaires et parfois même empruntés à d'autres films; une sorte de double hommage. Il offrira même une seconde jeunesse au "Misirlou" de Dick Dale, devenu depuis un tube planétaire. Les Black Eyed Peas, ces chiens galeux, le sampleront sans scrupules pour leur infâme "Pump It!", c'est vous dire la popularité de la chose. Dans un autre registre, Roy Orbison connaîtra une gloire posthume grâce au film Pretty Woman, qui propulsera à nouveau la chanson éponyme au sommet des charts près de vingt-cinq ans après sa parution initiale. Sans parler de la b.o d'American Graffiti de George Lucas qui générera carrément un revival pour la musique des glorieuses années 50.

Quand des artistes de rock ou d'autres genres musicaux s'improvisent compositeurs de bandes-originales, le résultat n'est pas toujours heureux. Tout le monde garde en tête le cuisant échec de Queen sur Flash Gordon. Une bouillie sans réelle direction artistique, comme le film en fait... Cela voudrait-il dire que cette b.o est une réussite et que les membres de Queen savaient où ils allaient? Peu probable. Dans d'autres cas, l'oeuvre musicale sublime le film et peut même exister sans ce dernier, celle de Paris, Texas par Ry Cooder en est un exemple frappant. Le disque s'écoute sans peine comme un album à part entière du guitariste et non comme un accompagnement du long-métrage. C'est peut-être ça le secret d'une bande-originale réussie, la capacité d'exister par elle-même. Les pièces symphoniques de John Williams ou Alan Silvestri y arrivent sans mal, et ce malgré l'impact colossal des films qu'elles illustrent (Star Wars, Back To The Future). J'entends par là qu'elles peuvent être jugées sur pièce et de manière indépendante sans perdre de leur superbe. Tout comme les oeuvres minimalistes et electro de Giorgio Moroder ou de John Carpenter. A contrario une bande-son qui sert parfaitement un film sans pour autant s'épanouir seule n'en demeure pas moins une réussite.

De manière générale, c'est le cinéma de genre qui génère les plus belles musiques, ou du moins les plus mémorables. Qu'il utilise des pièces toutes faites ou créées spécifiquement pour l'occasion, le résultat est souvent dantesque. "Tubular Bells" pour l'Exorciste, le "Main Title" des Griffes de la nuit ou encore les classiques d'Ennio Morricone, tout cela on le doit au cinéma de genre. Peut-être est-t'il plus apte à créer des libertés, ou simplement plus inspirant. Plusieurs exemples récents abondent dans ce sens, la trilogie du Seigneur des anneaux ou encore celle de Dark Knight. De franches réussites à l'heure des soundtracks lisses et interchangeables.

samedi 7 septembre 2013

N°120 - PRINCE FATTY & THE MUTANT HIFI - Return Of Gringo! - 2011


Vous aimez le musique surf, le ska et les bandes originales de Western-spaghetti? Si oui, il y a de fortes chances que ce disque soit fait pour vous, puisqu'il balance nonchalamment ces trois ingrédients explosifs dans un mixeur. Le résultat est un smoothie au goût de terre en forme de faux soundtrack d'un film imaginaire et barré. Le producteur pistolero un peu taré à l'origine du projet se nomme Mike "Prince Fatty" Pelanconi, un gars qui vient du dub et du reggae; cela se ressent dans la sonorité globale de l'album, grasse, ample et chaude.

Nuage de poussière rouge dansant dans la chaleur de l'été, coup de feu dans tous les sens, le "Transistor Cowboy" débarque en ville et ce n'est pas le shérif qui l'arrêtera. L'affaire commence par deux ou trois effets sonores, s'en suit un sec roulement de tambour, puis débarque une guitare surf poursuivie par une rythmique ska; un drôle de mariage qui pourtant fonctionne à merveille. "Black Powder" voit se pointer un siffleur digne d'une oeuvre de Morricone, et pour cause puisque le siffleur en question n'est autre qu'Alessandro Alessandroni en personne, déjà audible sur les bandes originales du grand Ennio, tout de suite ça calme! L'entendre siffler ainsi sur un rythme de ska est un vrai moment de plaisir. "Plague Of Locust" quant à lui traîne ses santiags sur un terrain dub absolument dément qui rappellera les hauts-faits de Lee "Scratch" Perry, carrément. Plus loin, "Way Back Home" accélère un peu la cadence, à la manière du ska skin des Specials, mais coiffé de Stetson, curieux. Retour du siffleur sur "Son Of A Thousand Fathers", dès les premières secondes on imagine volontiers une scène de duel en plein désert. Avec "The Good, The Vlad And The Ugly", nos cowboys se prennent une biture à la vodka, puisque le morceau revisite habilement un standard russe. Ceux qui possédaient une gameboy s'écriront "Eh! Mais c'est la musique de Tetris!!!", très juste. L'album se termine avec un autre classique, mais plus ensoleillé celui-là, "Hava Nagila", déjà repris en son temps par Dick Dale .

Return Of The Gringo! est une belle curiosité intégralement instrumentale, mais également un vibrant hommage au cinéma de genre. Même si au final, il s'avère un peu répétitif, un travers à la fois lié au ska et au surf rock, il eut été difficile de ne pas tomber dedans.

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mardi 3 septembre 2013

BLACK JOE LEWIS - Electric Slave


Attention, Achtung, Warning, disque bouillant! Rien que la galette crame sévèrement les doigts. Déjà que la précédente livraison du mec envoyait sévère, celle-ci grimpe encore de plusieurs crans sur l'échelle de la folie. Black Joe Lewis délaisse ici son folklore soul pour voguer vers des océans plus électriques, et la caravelle est hantée par le fantôme de Jimi Hendrix, c'est sûr! S'il y a toujours des cuivres, ces derniers se noient dans un déluge de saturation du plus bel effet, mais par un étrange tour de passe-passe, leur présence libère encore un peu plus la bête rugissante. Une décharge d'adrénaline de près de trois quarts d'heure en somme. 

Ça démarre rudement avec "Skulldiggin", un titre qui envoie le pâté d'entrée de jeu, comme ça gratuitement et sans sommations. A peine le temps de dire "Bordel c'est quoi ce truc?" que déjà le groupe nous balance un "Young Girls" en mode country-destroy. Le compteur grimpe, le moteur est boosté à la nitro! Un peu plus loin "Guilty" se rend coupable de folie contagieuse, la chose est un monstre cracheur de feu, une tentation de démons. Avec "Vampire", c'est une armée de créatures de la nuit qui débarquent, le rythme est lancinant, du blues électrique bardé de cuivres rouges et chauds comme du sang neuf. Et puis il y a "The Hipster", une tuerie; un peu comme si les Blues Brothers expédiaient leur "Somebody To Love" les tronches plongées dans des saladiers de coke. Fuck Dat Shit! L'album se clôt en beauté avec "Mamma Queen", de la soul branchée sur du 220 volts qui met fin au déluge et nous laisse con! Con mais heureux.

Si ce disque était paru en 1967 on en causerait encore aujourd'hui, mais malheureusement il sort à une époque maudite pour la musique populaire. Des albums de cette trempe, on n'en voit pas tous les jours. Black Joe Lewis atteint une sorte de climax avec cet Electric Slave; en pleine possession de son art, il nous offre uniquement la quintessence. Et puis matez moi cette pochette, d'enfer aussi, ce qui ne gâche rien.