mercredi 28 août 2013

GREEN DAY - ¡Uno! - ¡Dos! - ¡Tré!

Avec un peu de retard, voici enfin la chronique de la trilogie bariolée du jour vert. Le "Sandinista" capitaliste du groupe, pas de triple album au prix d'un seul, mais trois albums séparés vendus au prix fort. La pilule est difficile à avaler de la part d'un groupe punk, ou qui a débuté comme tel. Car punk, Green Day ne l'est plus depuis longtemps. Ces dernières années, le trio (d'ailleurs quatuor ici) s'est même laisser aller à quelques incursions dans un rock de stade bien lourd, chassant sur les terres fertiles du perfide Bono et ses sbires. Le succès fut colossal, et c'est sans doute ce qui poussa le groupe vers l’excessif et périlleux exercice du présent triptyque.

¡UNO! - lien Spotify


Partant d'un mauvais pied, je me lance dans l'aventure avec méfiance. Et là, bang! Grosse déflagration, ça démarre en trombe avec un "Nuclear Family" dévastateur, qui rappelle les grandes heures de l'album Dookie paru il y a presque vingt ans. "Stay The Night", bien que plus posé, est du même tonneau, elle s'écoute avec le semblable bonheur que celui de revoir de vieux potes perdus de vue. Putain que c'est bon! La section rythmique est toujours aussi massive, Tré Cool est un des meilleurs batteurs punk de l'histoire, l'un des rares possédant un jeu immédiatement reconnaissable. L'heureux mixage rend le tout très clair et sans fioritures. Chacun des trois volumes possède au moins un morceau What The Fuck?!, ici c'est le discoïde "Kill The DJ" qui endosse ce rôle. La chose est jouissive, étonnamment taillée pour le dancefloor, mais heureusement très troisième degré. Plus loin, "Rusty James" réveille le Green Day de Warning pour le plus grand plaisir des fans, une sorte de réminiscence de "Dead Beat Holiday". Ce premier volet se referme sur "Oh Love", un rock à la cool, pas si éloigné du "Should I Stay or Should I Go" du Clash.

¡DOS! - lien Spotify


Après une courte introduction qui rappelle étrangement Simon & Garfunkel ("See You Tonight"), le groupe enchaîne sans sourciller avec un "Fuck Time" brûlant du feu des enfers. Relents Sex Pistoliens joliment doublés de rock 50's, du grand art! "Wild One" est une ballade punk dans la grande tradition de ce que le groupe sait faire, rythmique carrée et basique plus mélodie pop imparable. Imparable, c'est le mot! L'ambiance de ce deuxième volume est un peu plus légère, plus pop-garage, d'ailleurs "Stray Heart" s'inscrit parfaitement dans ce registre. Mais passons directement au WTF?! réglementaire: ici un "Nightlife" flirtant avec le disco et le rap, c'est étrangement putassier mais pourtant récréatif et diablement efficace. Allez comprendre! Sans temps mort, le groupe reprend la barre avec un "Wow ! That's Loud" qui porte plutôt bien son nom. Gimmick de guitare inventif, punk speedé, la recette immuable en somme. Ce qui n'est pas sans rappeler Stiff Little Fingers, l' une des grandes influences avouées de Green Day. "Amy" clôt divinement l'album, avec un Billy Joe décontracté et seul à la guitare.

¡TRE!  - lien Spotify


Pour changer, le troisième volume commence directement avec la chanson qui dénote, histoire de déstabiliser encore plus l'auditeur déjà suffisamment circonspect, celle-ci est une ballade soul à forte résonance Gospel. Oui, c'est bien un disque de Green Day, et en plus le morceau est grandiose. Retour dans ses vieilles Converses usées avec "Missing You", du Jour Vert pur jus. "Drama Queen" de son côté est principalement acoustique, mené d'une main de maître par Billy Joe Armstrong au piano, pour changer. Plus loin, "A Little Boy Named Train" a beau être un morceau de remplissage, son efficacité n'est pas à démontrer, du punk-rock pur malt sans chichi. "Dirty Rotten Bastard" est un opéra punk, une sorte de "Bohemian Rhapsody" de la crasse. Certains passages du titre renvoient aux meilleures compositions des Dropkick Murphys; du haut de ses six minutes, ce morceau en jette grave. Dernière tournée! C'est avec une certaine mélancolie qu'on ressort du bar après plus de deux heures passées avec de vieux potes, "The Forgotten", la bien nommée, fera rouler quelques larmes. On promettra de se revoir vite, mais les promesses sont ce qu'elles sont...

Franchement, ce coup-là, je ne l'avais pas senti venir, car sans être de mauvais disques,  American Idiot et 21st Century Breakdown m'avaient globalement laissé froid, mais ce trio de skeud est grandiose. Sans aucun doute ce que le groupe a produit de mieux.

¡Cuatro! étant le dvd du making-of de la trilogie, vous ne m'en voudrez pas de le passer sous silence. D'autant que son intérêt semble plus que relatif...

lundi 26 août 2013

ALICE COOPER GROUP - Soulèvement et effondrement- 1969-1973

Avant de devenir l'icône que l'on sait, Alice Cooper était en fait un groupe composé de Glen Buxton à la guitare lead, de Michael Bruce à la guitare rythmique, de Dennis Dunaway à la basse, de Neal Smith à la batterie et enfin de Vincent Furnier alias Alice Cooper au chant. C'est de cette époque en équipe que naîtra quelques uns des meilleurs albums du prince du Shock-rock. Des disques qui jouiront d'une reconnaissance à la fois critique et publique. Mais avant d'accoucher de chef-d’œuvres à la chaîne, le groupe peinera un peu au démarrage. En cinq ans et sept albums, voici l'ascension fulgurante et la chute terrible d'une formation hors-norme.

PRETTIES FOR YOU - 1969 / EASY ACTION - 1970


Les deux premiers disques du groupe furent publiés chez Bizarre Records, un label de Frank Zappa. Mais force est de constater que celui-ci ne débloquera pas de grands moyens pour les enregistrements de ces derniers. Sans doute ne croyait-il pas vraiment en ce combo soniquement bancal et visuellement peu attrayant. Pretties For You, le premier album qui parait au mois d'août 1969, est une suite de pièces psychédéliques plus ou moins construites et mal maîtrisées. Les cinq compères déploient une belle énergie, mais celle-ci n'étant pas du tout canalisée, le résultat est au mieux brouillon, au pire foireux. Malgré une production plus que chiche, et des compositions hasardeuses, il échappe de cette première oeuvre un doux parfum de liberté. Aucun des éléments qui feront le sel des albums suivants n'est présent ici, si ce n'est peut-être au travers de "Reflected", l'embryon du futur "Elected". Easy Action, quant à lui, est un cran au-dessus, sans toutefois casser la baraque. Il n'empêche que le son gagne en clarté et les compositions en solidité. On y décèle ici et là quelques uns des éléments qui feront la gloire future du groupe, mais encore noyés dans un tourbillon arty. La voix d'Alice est également plus posée, il établit ici les bases de la théâtralité à venir. Tout cela est encore embryonnaire, mais laisse entrevoir un avenir brillant. Et ce sera le cas!  

LOVE IT TO DEATH - 1971 / KILLER - 1971


Bob Ezrin entre dans la partie, le jeune producteur offrira enfin au groupe LE son qui lui faisait tant défaut. Love It To Death n'est pas qu'une simple évolution, c'est une révolution. Avec cet album Alice Cooper s'en va combattre dans une toute autre catégorie. Encore dans le giron de Frank Zappa, mais presque émancipés, le Coop' et sa bande semblent finalement avoir trouvé leur patte. "I'm Eighteen" ou "Is It My Body" sont des tubes, leur thématique est très proche des préoccupations adolescentes, le public visé. Car Alice Cooper fait peur, de par sa dégaine dégueulasse et ses chansons aux paroles bizarres, du pain béni pour les ados en conflit avec leurs vieux. Même les Rolling Stones n'ont jamais suscité pareille aversion, c'est dire. "Black Juju" ou "Ballad Of Dwight Fry" laisse enfin s'exprimer la théâtralité si légendaire du groupe, et la mise en scène est grandiose. Love It To Death est le premier album essentiel d'Alice Cooper. La même année parait Killer, un concept-album sur la mort qui pousse encore plus loin toutes les idées effleurées précédemment. Toujours produit par Ezrin, comme ce sera le cas jusqu'à Billion Dollars Babies, Killer est le grand oeuvre morbide d'Alice Cooper. La chanson "Desperado" est un hommage à Jim Morrison décédé la même année et occasionnel compagnon de beuverie de Vincent Furnier. Avec ce disque le succès va crescendo et les scandales aussi. Alice Cooper sera censuré dans plusieurs pays et le morceau "Dead Babies" fera son petit effet. Certains extrémistes bas du front iront même jusqu'à brûler des albums du groupe. L'un dans l'autre, cela fait fonctionner le business.

SCHOOL'S OUT -1972 / BILLION DOLLARS BABIES - 1973


En juin 1972, le groupe sort School's Out, un disque plus pop, oscillant entre glam rock, jazz et music-hall. Assagi mais pas moins intéressant et surtout, toujours aussi divinement produit et arrangé. La patte Ezrin, une fois de plus. Alice Cooper prétend avoir trouvé les thèmes de cet album en se faisant une petite après-midi télé, zappant de chaîne et chaîne. "Gutter Cat Vs. The Jets" et "Luney Tunes" abondent dans ce sens. La première est un hommage à la comédie musicale West Side Story tandis que la seconde est un jeu de mots en rapport avec les Looney Toons, le dessin animé de la Warner. Par bien des aspects, School's Out reste l'album le plus accessible de l'histoire du groupe. Mais tout ceci n'est rien en comparaison à ce qui suit, le bien nommé Billion Dollars Babies, l'album de tous les records. Une des meilleurs ventes de l'année 73 et de toute la décennie, le climax de la carrière de l'Alice Cooper Group. La qualité du disque est à la hauteur de son succès, en clair, depuis Love It To Death, la formation n'a fait que progresser. Une fois de plus, les tubes ne manquent pas, "No More Mr.Nice Guy", "Elected" ou encore "Generation Landside", sans oublier la chanson-titre, qui jouit de la présence de Donovan au chant. Que du lourd. Dick Wagner et Steve Hunter, les futurs compagnons de jeu de Cooper en solo posent aussi quelques guitares ici et là. Une édition deluxe de Billion Dollars Babies est parue chez Rhino en 2001, augmentée d'un second cd rempli de bonus épatants. Ce qui en fait le seul album du groupe dignement réédité à ce jour.

MUSCLE OF LOVE - 1973


Après quatre années toujours sur la corde raide, à forcer sur la gnôle et d'autres paradis artificiels, il fallait bien que tôt ou tard, les choses partent en sucette. La dégringolade se nommera Muscle Of Love, un retour sur terre, tant pour les membres du groupe que pour les fans. L'absence de Bob Ezrin à la production se fait durement sentir, les arrangements ne sont pas toujours heureux, et du coup les chansons perdent pas mal de leur mordant. Une fois cela pris en compte, il est toutefois clair que l'album ne mérite absolument pas la mauvaise réputation qu'il se traîne depuis près de quarante ans. Loin d'être aussi raté qu'on le dit, son seul défaut est de ne pas être au niveau de ses illustres aînés. Car les bons morceaux ne manquent pas, tel que le folkeux "Teenage Lament '74" ou encore le jazzy "Crazy Little Child", ce n'est clairement pas de la piquette. Pour la petite anecdote, "The Man With The Golden Gun" se nomme ainsi en rapport avec le James Bond du même nom. A l'époque, en fin de générique de chacun des films mettant en scène l'agent 007, on pouvait lire le titre du prochain opus. Alice étant un grand fan de la saga, et voyant que le prochain long métrage se nommerait "The Man With The Golden Gun", il se mit en tête d'en écrire le générique, pensant naïvement que les producteurs de la série se jetteraient dessus. Mais il n'en sera rien, car ceux-ci ne voulant pas voir leur franchise associée à Alice Cooper, déclineront l'offre. La chanson fut tout de même conservée et incluse à Muscle Of Love.

Après ce semi-échec, les compagnons décideront de faire une petite pause. Un break qui mutera en trahison et verra Alice Cooper le groupe se transformer en Alice Cooper l'homme. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.

vendredi 23 août 2013

N°119 - THE POGUES - If I Should Fall From Grace With God - 1988


L'autre chef-d'oeuvre des Pogues, paru deux ans et demi après le légendaire "Rum, Sodomy & The Lash", le coup d'éclat du groupe, sorti en 1985. Entre les deux, la bande a publié un E.P nommé "Poguetry In Motion" qui contenait le splendide "Rainy Night In Soho", l'une des plus belles ballades jamais écrites. Mais tout cela n'est que le préambule à cet album extraordinaire, "If I Sould Fall From Grace With God" est le sommet incontestable du groupe. Tout est au diapason, la qualité des compostions, les interprétations ainsi que la production (Steve Lillywhite), ce sont des Pogues en pleine possession de leur art qui livrent en ce froid mois de janvier 1988, un album qui restera gravé dans le marbre. Sur ce disque Shane McGowan est encore très présent à l'écriture, ce qui n'empêche pas Philip Chevron d'offrir ce pur moment de bravoure qu'est "Thousands Are Sailing". 

L'album débute avec la chanson-titre, un morceau de celtic-punk balancé avec la vélocité habituelle du groupe. On est en terrain connu, si ce n'est que la production semble plus ample. Sans baisse de rythme, les Pogues enchaînent avec un "Turkish Song Of The Damned" orientalisant et apte à réveiller les morts. Après plusieurs décharges d’adrénaline, le groupe baisse enfin la cadence le temps d'un "Fairytale Of New-York" magique, chanté en duo avec Kristy McColl, la fille d'Ewan McColl, le créateur de "Dirty Old Town". Sans aucun doute possible la plus belle chanson de Noël jamais pondue, d'une intensité rare. Plus loin, "Fiesta" déboule en mode polka-punk-ultra-speedé, un morceau qui sent la bière chaude, la tequila, le soleil et le vomi. C'est également un véritable bordel bardé de cuivres sauvages et autres effets en tous genres. Par charité, on omettra de citer le sacrilège qu'en fera Patrick Sébastien. S'en suit un Medley de chansons traditionnelles passé à la moulinette Pogue Mahone, le résultat est un magma celtico-punk chauffé à blanc, du genre à vous déchausser les dents. "Lullaby Of London" prouve si besoin en était encore, que Shane McGowan est un des plus grands Songwriters du vingtième siècle, cela rappelle aussi à quel point il est dommage qu'il se soit noyé dans les limbes sordides de l'alcool.

L'édition remasterisée et augmentée parue en 2005 est celle qu'il faut avoir. Le son est dément, les bonus sont géniaux. Un must. Les albums des Pogues ont cela de particulier que rien dans leurs productions ne laisse entendre qu'ils ont été enregistrés dans les années 80. Ils sont intemporels. 

jeudi 22 août 2013

N°118 - THOMAS FERSEN - Le pavillon des fous - 2005


Avec ce "Pavillon des fous", Thomas Fersen ajoute encore quelques animaux exotiques à son bestiaire pourtant déjà bien garni. Jadis une chauve-souris aimait un parapluie, maintenant, un iguanodon dandy-charmeur de femmes ou un moustique accro à la lumière d'un lampadaire. Avec ce sixième album, le chanteur lâche un peu les ornements très "chansons françaises" pour filer en douce vers quelque chose de plus pop et accessible, une tendance déjà palpable sur son précédent opus. Toujours aussi surréalistes et poétiques, les chansons de Fersen fusent d'images à la fois belles et bancales. Des fables animalières bizarres, des portraits de fous ou de simples divagations, tout ici n'est que plaisir.

Premier portrait, premier émoi, "Hyacinthe", un prénom de fleur pour un homme dangereux, un fou à l'air benoît. A la fois drôle et gênante, la description faite de ce personnage haut en couleur est pleine d'humour noire, un délice. Et "Pegase" qui se meurt à la lumière artificielle comme un junkie dans sa came. Un oiseau de nuit taillé pour les éclairages pâles des étoiles. Une mort mise en musique sans une once de mélancolie, la beauté surgit parfois là où on ne l'attend pas. "Mon Iguanodon", ballade dandy, pour un charmeur en écaille; de la poésie animale très tendre, mais possédant un sous-texte sexuel, le tout ayant des allures de cantique. Conte pour enfants sauvages, "Je n'ai pas la gale" joue avec les codes et la morale des récits pour gosse. Sur un air presque folklorique, Fersen dresse une fois de plus un portrait déviant du plus bel effet. Catherine Ringer irradie "Maudie" de sa présence, parfaite en folle se prenant pour la reine d'Angleterre. Cette chanson pose, l'air de rien, un regard juste sur la folie vue par les gens soit-disant saints d’esprit. "Cosmos" possède le lyrisme beau et grotesque des premières oeuvres de Thiefaine. Encore une fois le chanteur y détourne les codes de l'enfance, le texte est semblable à celui d'une berceuse, une grande quiétude émane du morceau et ce malgré la mort de l'animal!

"Le pavillon des fous" est un très grand disque de pop française, chose trop rare. Une oeuvre entière. Peut-être le sommet de monsieur.

Lien Spotify

mardi 20 août 2013

ALICE COOPER - Le temps des métamorphoses - 2000-2011

Rappel de l'épisode précédent. Nous avions laissé Alice Cooper en 1994 au moment de la parution de The Last Temptation, un album génial. Avec cet opus, le prince du shock-rock abandonnait enfin son hard de pacotille trop typé 80's pour voguer vers des océans plus noirs. Un véritable électrochoc bourré de bonnes compositions, un retour salvateur au concept album avec un nouveau tueur et même un comic book. Bref, cela laissait entrevoir une gigantesque tournée ainsi qu'une relance artistique de la carrière du monsieur. Mais il n'en sera rien. Pas de gros show à l'horizon et la relance attendra, puisqu'il faudra patienter six longues années pour enfin voir débarquer le successeur de The Last Temptation, six rotations autour du soleil et une métamorphose. Brutal Planet sera sombre, industriel et dépourvu d'horreur grand-guignol. 

BRUTAL PLANET - 2000 et DRAGONTOWN - 2001 - Le diptyque noir 


La chose remarquable depuis le début du nouveau millénaire, c'est que les disques du Coop' semblent fonctionner par paires. Une nouvelle mutation tous les deux albums, j'ajoute que cela est vérifiable jusqu'au tout dernier: Welcome 2 My Nightmare. A chaque fois, le modèle est le même, le second opus de chaque diptyque est plus ouvert, plus varié, il nous prépare à la métamorphose à venir. Pour l'heure, Brutal Planet et Dragontown lorgnent vers le metal industriel, Alice semble à son tour s'inspirer de Marylin Manson (un juste retour des choses). Car en six ans, les goûts du public ont changé, et l'indu est très à la mode en ce début de décennie. On aurait pu craindre le pire, car le Coop' semble vouloir surfer sur la vague, comme jadis avec le Hard FM de Constrictor et compagnie. Mais il n'en est rien, car la qualité est bel et bien au rendez-vous. Sans être un chef-d'oeuvre, Brutal Planet demeure un album de haute tenue. Bien sûr, le son monolithique et massif typique de l'époque a déjà beaucoup vieilli, mais les nouvelles chansons sont diablement bien écrites. Les textes sont d'une noirceur abyssale et jamais Alice n'aura été aussi sarcastique. Il nous offre une vision finalement assez juste de ce que seront les glorieuses années zéro. En dehors du fait de dépeindre un monde quasi post-apocalyptique, Brutal Planet délivre aussi quelques portraits pour le moins glauques. De la femme battue de "Take It Like A Woman" au freak néo-nazi de "Wicked Young Man", tout ici est puissant. De plus, l'emploi régulier du JE ajoute beaucoup au côté dérangeant de l'affaire.

Dragontown est le jumeau de son prédécesseur, creusant le même sillon, mais jouissant d'une plus grande variété et d'une production plus claire. Même si au final, celui-ci s'avère être un cran en-dessous. La faute à quelques compositions un peu trop banales et manquant grandement de rythme et d'inspiration. Mais dans sa majeure partie, Dragontown se tient plutôt bien. La filiation entre les deux albums s'explique également par le fait qu'ils se situent dans le même monde. D'après son créateur, Dragontown est la ville la plus violente de Brutal Planet, un concept fort, encore une fois. Alice est un grand portraitiste macabre, "Fantasy Man" et "Sister Sara" en témoignent. Le premier est une réminiscence white trash de "Wicked Young Man" tandis que le second se pose en remake glauque de "Nurse Rozetta", une figure marquante de l'album From The Inside datant de 1978. Mais déjà le croque-mitaine s'apprête à changer de forme.

THE EYES OF ALICE COOPER - 2003 et DIRTY DIAMONDS - 2005 - Retour aux sources


Virage à 180° avec The Eyes Of Alice Cooper, fini le metal industriel et retour aux fondamentaux du rock basique et pas prise de tête. La noirceur qui hantait les précédentes livraisons disparaît elle aussi au profit de purs moments de rigolade et d'horreur décomplexé et fun. C'est un fait, Alice regarde dans le rétroviseur, mais c'est un coup d’œil salvateur. On retiendra surtout "What Do You Want From Me", "Novocaine" ou encore "Detroit City", un vibrant hommage à cette ville si particulière qui aura vu naître le MC5 et les Stooges (entre autres). The Eyes Of Alice Cooper, tout comme Dirty Diamonds, est un album immédiat, enregistré quasiment live in studio dans l'urgence et l'énergie du moment.

Dirty Diamonds justement, est un des meilleurs disques du Coop'. Plus ouvert et mieux fichu que le précédent, celui-ci renferme des compositions d'une qualité redoutable. Du rock simple et efficace avec "Woman Of Mass Destruction" ou "Perfect", de la ballade vaudou grâce à l’inénarrable "Zombie Dance" et aussi un hommage à peine dissimulé aux Black Sabbath période Paranoid, via le vibrant morceau-titre. De plus, l'album contient "The Saga Of Jesse Jane", une ballade country & western travelo absolument incroyable. Alice Cooper y chante comme jamais, à la manière du Iggy Pop crooner de ces dernières années, mais en bien. Dirty Diamonds est l'aboutissement du trip rétro d'Alice et encore une fois, il annonce une nouvelle mutation.

ALONG CAME A SPIDER - 2008 et WELCOME 2 MY NIGHTMARE - 2011 - Concept(s)


La grande passion du Coop' a toujours été les albums concept, souvent horrifiques, bardés d'épouvante pulp dans la plus grande tradition américaine. Along Came A Spider signe le grand retour de la chose dans la discographie du maître. Encore une histoire complètement barrée, celle d'un serial killer qui découpe des corps de femmes pour créer une araignée géante, rien que ça! Mais qui est ce tueur, Steven? Certains détails laissent imaginer que le petit garçon de Welcome To My Nightmare a mal tourné. Musicalement, le projet sonne très hard rock typé 80's, mais étrangement, c'est une franche réussite. Les onze titres sont plutôt efficaces, ça déboulonne comme une bonne série B, l'équivalent sonique d'un Slasher à l'ancienne. Un bon cru.

Le voici enfin, le projet tant attendu, dans les cartons depuis plus de vingt ans. La suite du blockbuster d'Alice, son premier album en solo, son plus légendaire, le bien nommé Welcome To My Nightmare. Cette séquelle est le disque de tous les excès, multitude d’invités et de styles, production Bigger Than Life et gros marketing. Autant le dire tout de suite, Welcome 2 My Nightmare déçoit autant qu'il enchante. Déception car l'attente fut trop forte, générant ainsi des exigences impossibles, et enchantement car c'est tout de même un putain de bon disque. Steven fait toujours des cauchemars (ce qui ne remet nullement en cause l'hypothèse selon laquelle il serait le tueur de Along Came A Spider), et ce pour notre plus grand plaisir. Et puis réentendre le Alice Cooper Group réuni le temps d'un "Runaway Train" absolument dévastateur, ça fait un bien fou. Welcome 2 My Nightmare n'est certes pas du niveau de son illustre aîné, mais qu'importe il envoie du lourd et c'est tout ce qui compte.  

Un nouvel album est prévu pour l'année prochaine, constitué uniquement de reprises, une autre mutation en somme. Bob Ezrin, son producteur fétiche, serait à nouveau aux manettes. Quoi qu'il en soit, gageons que le vieux croque-mitaine nous régalera encore grandement à l'avenir.

lundi 19 août 2013

N°117 - JOHNNY CASH & WILLIE NELSON - VH1 Storytellers - 1998


Ce live-là est souvent oublié lorsque l'on parle de la grande période "American" de Johnny Cash, et pourtant, bien qu'issu de l'émission Storytellers de VH1, celui-ci est bel et bien produit par Rick Rubin pour American Recordings. Deux légendes sur scène, la moitié des Highwaymen, deux amis décontractés qui s'échangent leurs morceaux, qui en parlent beaucoup; en gros, deux potes qui jament tranquillement pour le plus grand bonheur des personnes présentes, et plus tard les auditeurs de l'album. Nous avons droit à un concert intimiste, juste deux voix et deux guitares, de la musique vivante, de la musique qui respire, de la musique vraie. Très loin de l’artificialité du studio ou du Barnum que devient parfois un show rock. Ici tout n'est qu'émotion.

Hello, I'm Johhny Cash... And I'm Willie Nelson, rien que ça, fichtre, il y a de quoi être intimidé. Le concert débute ensuite avec le classique "Ghost Riders In The Sky", interprété en un duo à la fois vocal et musical. Cash pose sa voix grave et sa guitare rythmique si reconnaissable tandis que Willie chante divinement tout en nous offrant des solos de guitare très jazz, magnifique. Et que dire de "Worried Man", qui n'a jamais sonné de manière aussi intense? C'est à la fois triste et beau, et les zébrures reggae que nous balance Willie Nelson à la six cordes ne sont pas étrangères à cette sensation de bien être. Les deux légendes s'enchaînent ensuite avec des titres issus du même baril, parfois à deux voix, parfois en solitaire, mais la fusion demeure totale. "Night Life", "Flesh And Blood" ou "Don't Take Your Guns To Town", tout cela n'est que du nectar single malt. En fin de concert Willie, le vieil outlaw, nous offre une bouleversante interprétation de "Always On My Mind", surpassant en émotion toutes les versions existantes de ce monument. Pas le temps de s'en remettre, que déjà Johnny Cash entonne "Folsom Prison Blues", sans doute son morceau le plus emblématique. Willie prend les solos façon Django, tandis que l'homme en noir s'éclate comme rarement. Good Mood. Les deux compères terminent le show avec un "On The Road Again" tronqué en guise de générique de fin. Un morceau qui résume plutôt bien l'ambiance de ce concert si particulier.

Lien Spotify

mardi 13 août 2013

Break Syndical

Après le post d'hier, que j'ai viré, dans lequel je me suis emporté et disais vouloir tout arrêter, j'ai finalement, après réflexion, opté pour la pause obligatoire. Un break d'une semaine ou deux. Histoire de recharger les batteries, chasser le "Summertime Blues" et revenir plus en forme que jamais. J'aime trop ça pour y renoncer. Merci pour vos soutiens et patiences.

See You Soon.

dimanche 11 août 2013

N°116 - BIG SOUL - Love Crazy - 1997


Il y a des disques plus autobiographiques que d'autres, des disques vous transportant instantanément vers une autre époque, des disques qui rendent heureux et nostalgique à la fois. Et bien pour moi, "Love Crazy" appartient tout entier à cette catégorie. Bande-son de mon adolescence, fin des années 90, beaucoup de glande, des heures de jeux-vidéo, de découvertes musicales et de découvertes tout court. Des étés sans fin, bercé par le son ensoleillé de Big Soul, de Green Day ou des Pixies. Cet album est arrivé pile au bon moment au bon endroit. Tout est une question de timing, et la variable autobiographique d'un disque n'est absolument pas en relation avec sa qualité. "Love Crazy" n'est certes pas un chef-d'oeuvre, comme peuvent l'être les classiques des années 60, mais au moment où il est entré dans nos vies, il n'était pas loin d'être le meilleur album du monde. Avec son énergie non contrôlée et sa furie toute adolescente, pas prise de tête pour un sou, le meilleur album du monde je vous dis. Du punk californien teinté de soul et de vieux rock.

Déjà le nom du groupe provient d'une chanson de John Lee Hooker, pas la pire des références, presque un gage de qualité. Après un premier album au succès retentissant, en France du moins, le trio californien sort "Love Crazy". Avec ce deuxième opus, le groupe se canalise un peu, moins brouillon, plus travaillé, mais toujours aussi cinglé. Il explore de nouveaux terrains, le rap s'incruste dans plusieurs morceaux, offrant un mélange des genres divin. 'The Soulin'" et "The Brothers" lorgnent du côté des Beastie Boys, période "Ill Communication". Tandis que "Julene", "Marylou" ou "Breakerbox" envoient un punk léger mâtiné de surf rock, tel un prolongement de l'oeuvre des Ramones, "Thread" rejoint le style parfois excessif des premiers Pixies, une composition élastique qui se mue en Jam furieux proche de l'auto-combustion.

Après "Love Crazy", le groupe mettra près de cinq années avant de publier un nouvel album, le très différent "Funky Beats". Plus orienté hip-hop, celui-ci, malgré ses qualités, ne connaîtra pas le succès de ses aînés. Depuis, c'est le silence radio.


jeudi 8 août 2013

Les faces cachées de GORILLAZ

Gorillaz, le projet farfelu de Damon Albarn et Jamie Hewlett, est un véritable laboratoire, un groupe inventif et aventurier. L'une des meilleures surprises de ces quinze dernières années. Quatre fabuleux albums au compteur, mais également une quantité astronomique de faces-B de grande tenue. Et c'est précisément celles-ci qui nous intéressent aujourd'hui. On peut mesurer la richesse d'un groupe au travers de ses faces-B; parfois elles ne sont que remplissage ou piètre redite, parfois elle explorent d'autres horizons et deviennent le prolongement quasi-obligatoire de l'oeuvre officielle.

G-SIDES - 2002 - Lien Spotify

Premier recueil de faces cachées, "G-Sides" est un parfait complément de l'album éponyme. Incluant des remixes ainsi que des morceaux inédits, cette compilation possède la même fraîcheur que le disque paru un an plus tôt. Le dub gothique de "Dracula" s'inscrit dans la grande tradition du dub anglais, très proche du Clash, période "Sandinista", une goutte de sang en plus. "The Sounder" quant à lui fait très rap U.S, la touche Gorillaz en plus. C'est précisément ce mélange des genres qui a toujours fait la force du groupe, véritable centrifugeuse d'influences diverses. Certes, l'industrie musicale n'a pas attendu le groupe virtuel de Damon Albarn pour créer des ponts entre le rap et le rock. En ce début de nouveau millénaire, la chose était même plutôt courante, avec la vague Nu-métal et ses légions de Limp Bizkit et autre Linkin Park de bien sinistre mémoire. Dans ce marasme, Gorillaz avait quand même une autre gueule; pas pour les beauf' en somme. "Ghost Train" est un étrange gospel électronique, un chant de bagnards intergalactiques qui prouve une fois de plus toute la maestria de Damon Albarn peu importe le style exploré.

D-SIDES - 2007 - Lien Spotify

Plus dense encore que le précédent volume, "D-Sides" tient sur deux cd, le premier contenant des inédits et le second les remixes. Les 13 morceaux originaux forment un album digne de ce nom, l'un des plus étranges et des moins probants commercialement parlant avec "The Fall", le dernier opus en date. De l’exploration pure aux doux parfums de Krautrock. La froideur science-fictionnelle de "68 State", l'électronique épurée de "Highway (under construction)", tout ici frise le génie. L’Asie est toujours au cœur du projet avec les voyageurs "Hong Kong" et "Hongkongaton", le premier semble émaner d'une rêverie en encre de chine tandis que le second se pare d'un costume electro comme pour mieux souligner une soudaine modernité. Gorillaz n'en oublie pas pour autant les ambiances bariolées qui ont fait sa gloire, "We Are Happy Landfill" par exemple est un joyeux bordel bien brouillon, de la pop bruitiste magistralement maîtrisée. Ce chapelet d’inédits est peut-être encore plus passionnant que "Demon Days", le pourtant splendide disque dont il est le prolongement.

Les remixes valent eux aussi leur pesant de peanuts, quelques grands noms (Hot Chip, Soulwax, Metronomy et d'autres) qui nous offrent un résultat presque toujours réussi. Une fois passé à la moulinette DFA, le tubesque "DARE" devient un monument discoïde de près de 12 minutes, alors que dans les mains de Junior Sanchez ce même titre se mue en rageur rock à forte tendance électronique. Plusieurs visions pour un même titre, multitude de points de vue augmentant encore un peu plus la richesse originelle.

Basse manœuvre commerciale ou pas, les compilations de faces-B permettent d'avoir un regard autre ou complet sur l'oeuvre d'un groupe. Sans pour autant se ruiner en 45 tours hors de prix et trop rares.

mardi 6 août 2013

Machine qui rêve


Quand la machine s'endort et que le rêveur s'active. Un crépitement, un vinyle qui tourne à une vitesse donnée sur un vieil électrophone. Des sons de nature artificielle, des recréations par et pour les machines. Une nature clinique nettoyée de tout parasite. Des fausses respirations, simple émulation d'une forme de vie devenue obsolète. Banale extravagance d'un quelconque logiciel. Quand la machine se réveille, elle se brouille dans un fracas mécanique, un tonnerre de métal hurlant. Soudaine agitation dans la ville vidée de présence organique mais certainement pas de vie. L'homme n'a pas perdu la guerre contre les machines, puisqu'il n' y a pas eu de guerre. Seulement un constat d'échec.

Inspiré par le morceau Tricky Two de Röyksopp.  

lundi 5 août 2013

N°115 - THE WHITE BUFFALO - Once Upon A Time In The West - 2012


Bruit de Harley Davidson déchirant la nuit, volée de poussière rouge aux abords de l'Interstate, la voiture du shérif s'élance tout gyrophare en action. La gomme se désagrège sur le bitume, l'odeur est forte et le crissement des pneus vrille les tympans. A l'horizon la moto crache du feu, des restes de super ayant échappé à la combustion. Déjà le motard est loin, il sort de la juridiction, le shérif se retrouve seul dans l'obscurité, perdu face à son impuissance. L'ange de la mort chevauchant sa machine bardée de chrome semble n'être plus qu'un lointain fantôme, une vision de l’esprit. Cet enfant de l'anarchie est bien trop libre pour être enfermé. A quoi bon se battre encore? La vieille Ford Crown Victoria noire et blanche s'immobilise sur le bas côté de la route, balbutiant mollement une parodie d'alarme. C'est la ballade d'un homme mort qui échappe aux lois des vivants. 

"Ballad Of A Deadman", champ de ruine, relent de guerre et de visions atroces qui se transforment en musique, comme pour mieux exorciser le mal. Les sentiments sont à vif. "How The West Was Born" ou comment condenser des décennies d'imagerie Western en un peu moins de quatre minutes. La rythmique speede comme un mustang fou tandis que le banjo se tortille tel un rattlesnake prêt à tuer. Avec "One Lone Night", The White Buffalo prouvent une fois de plus qu'ils sont capables de pondre de la ballade qui tue en un clin d’œil. Une invitation au voyage de nuit. Dans un registre similaire, "Wish It Was True"  pressera le cœur pour mieux laisser rouler des larmes incendiaires le long des enfers. Une rivière de peine en crue. Plus loin, "Good Ol' Day To Die" déferle furieusement comme pour tromper la mort, un rouleau compresseur d'énergie brute. La route toujours, le défi du "Stunt Driver" qui roule de nuit tous feux éteints, à croire que ce disque est un doigt d'honneur permanent dressé à la gueule de la grande faucheuse. Forcément jouissif!  

jeudi 1 août 2013

N°114 - BIG STAR - #1 Record - 1972


Alex Chilton le précoce chanteur des Box Tops n'a que vingt ans lorsque son groupe baisse les bras, après de multiples changements de personnel . Vingt petites années mais déjà quatre albums au compteur, et un succès colossal: "The Letter", le seul vrai carton de sa carrière. Pour son second groupe, Alex Chilton retrouve un ancien compagnon d'école, Chris Bell. Ce qui conduira à la création de l'une des formations les plus injustement bafouées de tous les temps: Big Star. Un combo hors du temps qui livre une musique pop et simple, puisant sa force entre le Liverpool des Beatles et sa terre natale, Memphis. C'est là tout le paradoxe de la chose, alors que les survivants des années soixante passent au hard-rock ou au rock-prog, Big Star semble bloqué dans une époque déjà bien lointaine.  

"#1 Record" forme une collection de douze chansons pop-rock (power pop?) absolument divine et intemporelle. Voilà le vrai secret du disque; si à sa sortie celui-ci semblait "daté", aujourd'hui force est de constater que les errements progressifs de l'époque ont nettement moins bien vieilli. Au même titre que sa sobre pochette, "#1 Record" évolue hors du temps. 

"Feel", le morceau d'ouverture envoie un rock électrique qui n'est pas sans rappeler les moments les plus agités de "l'album blanc" des scarabées. S'en suit le splendide "Ballad Of El Goodo", comme pour souffler le chaud et le froid, cette chanson semble puiser ses racines dans le vieux sud. Toujours ces mêmes visions moites et torrides, le soleil de plomb, la chaleur étouffante et ces climatiseurs presque obligatoires. Dans un monde normalement constitué "In The Street" aurait eu un destin tout autre, tant ce morceau frise la perfection. Cheap Trick en fera d'ailleurs une reprise plus musclée qui servira de générique à la série télé "That 70's Show". Dans le même genre "Don't Lie To Me" déferle au travers des enceintes sous la forme d'un blues-rock des enfers, ça dépote grave, à la manière du "Revolution" des Beatles (encore eux). La face B (pour causer antique) est plus orientée vers la ballade et les guitares acoustiques, ce qui n'empêche pas "My Life Is Right" d'être injecté d'une grande puissance chargée en courant continu. "Watch The Sunrise" possède quant à elle la force naïve des compositions de la décennie passée, une vraie bouffée d'air frais.

Alex Chilton nous a quitté en mars 2010, fin de l'histoire.