dimanche 30 décembre 2012

2012, la fin du monde n'a pas eu lieu, Top 5.


L'heure du bilan est arrivée, voici le résumé subjectif de l'année 2012 en 5 albums marquants. Un choix difficile qui ne contentera personne, pas même moi...

En cinquième position, THE DANDY WARHOLS - This Machine. 

L'autre groupe à la banane nous a fait son retour inattendu que personne n'attendait! Plusieurs années après le médiocre "Earth To The Dandy Warhols", le monde entier semblait avoir rangé le groupe au rayon des souvenirs sympas. Certes, "This Machine" n'est pas un grand disque, mais on se surprend à le remettre sur la platine, encore et encore.
Chanson marquante: "SETI V.S The WOW! Signal", les amateurs d'astronomie sauront apprécier le titre.

En quatrième position, GREAT LAKE SWIMMERS - New Wild Everywere.

Pour leur cinquième album, les canadiens s'offrent enfin le confort d'un vrai studio d'enregistrement, eux qui avaient pour habitude d'enregistrer dans des lieux insolites comme un ancien silo à grains ou encore un vieux manoir. Les compositions sont merveilleuses, le son est à tomber, mais il manque le côté rugueux qui était jadis la marque de fabrique du groupe. Avec un supplément d'âme, ce disque se hisserait sans souci sur la première marche du podium.
Chanson marquante: "On The Water", un titre que n’aurait pas renié Neil Young.

En troisième position, TOM JONES - Spirit In The Room. 

Attention chef-d'oeuvre, Tom Jones nous fait son American Recordings, le parallèle est inévitable. Has-been jusqu'au bout des ongles, chanteur pour vieilles dames en fourrure venant dépenser les pétro-dollars de leurs maris dans les casinos de Las-Vegas. Tom Jones avait tout de l'ambulance sur laquelle il est facile de tirer. Mais "Spirit In The Room" le replace sur la carte des artistes qui comptent.
Chanson marquante: "Tower Of Song", intense.

En deuxième position, TENACIOUS D - Rize Of The Fenix. 

Un putain d'album de hard-rock! Ce n'est pas de la parodie, j'insiste sur ce point, c'est juste du hard bien fendard. L'humour est aussi gras que les guitares, un peu comme si Black Sabbath croisait le fer avec les petits gars de South Park. Jack Black et Kyle Grass sont autant musiciens qu'acteurs, ce n'est pas un caprice de stars voulant sortir son petit album de merde. Les Tenacious D, c'est un pur groupe de rock!
Chanson marquante: il y a que ça sur ce disque, mais puisqu'il faut faire un choix, disons "Throw Down".

En première position, NEIL YOUNG - Psychedelic Pill.

Je ne voulais pas offrir la première place à un ancien, mais ce disque est tellement bon. C'est le jeune frère excessif de "Ragged Glory", rugueux jusqu'aux os. Le Crazy Horse est enfin de retour et il cavale dru. "Psychedelic Pill" est un disque pour grands espaces et substances hallucinogènes. Le Loner ne fait pas de concessions et c'est pour ça qu'on l'aime.
Chansons marquantes: "Ramada Inn" et "Driftin' Back". Impossible à départager.

En espérant que 2013 soit une année tout aussi riche, chose dont je ne doute pas. Avec un nouvel album d' I am Kloot prévu pour janvier, celle-ci démarre fort. Sont aussi attendus les nouveaux disques foncés des Black Keys, Black Angels et Black Rebel Motorcycle Club, hum!

Bonne année à tous.

N'hésitez pas à donner votre palmarès via les commentaires. 

Jeu sans frontières saison 5


Oyé Oyé, sonnez trompettes, le désormais cultissime Grand jeu sans frontières des blogueurs mangeurs de disques revient pour une cinquième édition. La première depuis la fin du monde, heureusement, la plupart des participants historiques ont survécu à l'apocalypse. Cette fois-ci, c'est l'ami Charlu qui nous a concocté les thèmes, et je peux vous dire que c'est du lourd, du très lourd. Alors rendez-vous le lundi 21 janvier 2013 pour le début des festivités. L'enjeu sera de taille, le gagnant recevra un bunker flambant neuf ainsi que son poids en boites de haricots Heinz!

La liste des participants sera révélée très bientôt.

samedi 29 décembre 2012

N°85 THE LEOPARD LOUNGE - Original Album Series - compilation


Voici une petite pépite qui se trouvait cachée sous le sapin de Noël entre d'autres présents tous plus magnifiques les uns que les autres. The Leopard Lounge est une série de compilations publiées par Rhino (un gage de qualité); c'est simplement le summum de la musique pour cocktail. Oscillant entre Jazz vocal de qualité et instrumentaux exotiques, Leopard Lounge pimentera vos sordides réceptions, les transformant en soirées mémorables réputées pour la finesse et le bon goût de leur hôte. Alors que les autres, les ignares, en sont encore à se biturer la tronche en écoutant Psy hurler au travers des enceintes d'un ordinateur portable. Ils ne comprendront jamais rien à rien...

Vous trouverez ici quelques cadors du Jazz vocal (mais pas uniquement), tels que Ray Charles, Duke Ellington ou Ella Fitzgerald, mais aussi des choses divinement rococo comme ce "Jumpin' Jack Flash" ultra psyché interprété par Ananda Shankar. Près de 90 morceaux en tout répartis sur 5 cds, que du bonheur puisé dans les coffres de la Warner et Atlantic Records. Le coffret contient aussi quelques reprises de classiques pop bien senties. Pour preuve, cette admirable version de "Sound Of Silence" de Simon & Garfunkel transcendée par Carmen MacRae. Les français sont également à l'honneur avec quelques jolies adaptations. On oublierait presque qu'à une certaine époque, les américains adaptaient des standards gaulois dans la langue de Bill Murray. Exemple, "Beyond The Sea" adapté d'une célèbre chanson de Charles Trenet, et littéralement sublimé par Bobby Darin.

Vous reprendrez bien un verre mon cher? Avec plaisir gentleman!

dimanche 23 décembre 2012

CEELO GREEN - CeeLo's Magic Moment


Tout le monde y va de son album de Noël, même les rappeurs. Ce n'est pas nouveau, souvenez-vous de l’inénarrable et fendard "Christmas In The Hollies" de RUN D.M.C! Bien sûr, CeeLo n'a plus grand chose à faire avec le milieu du rap. Aujourd'hui, la moitié de Gnarls Barkley fabrique de la Soul 2.0 tout à fait extraordinaire, sorte de version moderne d'Otis Redding. Mais là où beaucoup de ses contemporains donnent dans le revival, lui ne regarde pas dans le rétroviseur (même si c'est un peu le cas sur ce disque...). On lui pardonnera aussi de faire partie du jury de The Voice version U.S, ce qui l'amène à livrer un pathétique duo avec Christina Aguilera, sa collègue, que l'on passera sous silence par charité chrétienne.

"CeeLo's Magic Moment" oscille entre soul, rock et traditionnel, n'offrant que des reprises, la plupart du temps de bonne qualité. "What Christmas Means To Me" ouvre le bal, un morceau que Stevie Wonder avait interprété en son temps. C'est très soul, bardé de cuivres et bourré d'énergie. Dans le même genre les amateurs du son Stax seront aux anges avec "This Christmas" et "The Christmas Song". Plus loin, CeeLo nous offre une version "Hollywoodienne" de "White Christmas", c'est très ample, un peu trop sucré, mais bon, c'est Noël, la saison des excès. La version vocale de "You're A Mean One Mr Grinch" en duo avec Straight No Chaser est un vrai régal. Ambiance. L'inévitable "Run Rodolph Run" retrouve ici une seconde jeunesse via un spectre soul rock du plus bel effet. Mais CeeLo Green c'est avant tout une voix exceptionnelle, qui s'exprime pleinement sur les ballades, pour preuve cette bouleversante version de "River" de Joni Mitchell, belle à pleurer. Rod Stewart et Trombone Shorty s'invitent à la fête le temps d'un duo franchement génial. Encore une fois les cuivres sont à tomber. De "Silent Night" on retiendra le début a cappella, par la suite l'orchestration lourde vient plomber le morceau, vraiment dommage.

Pour résumer, le disque est à l'image de son (épique) pochette, carrément excessif, mais diablement sympathique!

Joyeux Noël à tous.

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samedi 22 décembre 2012

MOON DUO - Circles


Un duo de pharmaciens lunaires débarquent sur Terre pour distribuer des petites pilules psychédéliques... Molécules de synthèse, Moon Duo est le savant mélange entre le rock répétitif de NEU! et le psyché du 13th Floor Elevators, le tout fortement mélangé à du Spacemen 3. Que de bons ingrédients pour un trip de folie.

Depuis Suicide, on sait qu'il est possible de faire du vrai rock avec des synthétiseurs. Certes ici, le renfort d'instruments organiques ajoute de l'épaisseur, sans pour autant trop entraver l'originalité de la démarche. Décollage immédiat avec "Sleepwalker", sonorité psyché, rythmique Krautrock et acide lysergique. Le vaisseau monolithique franchit la stratosphère, vers un ailleurs encore inconnu. Parfois une chose s'échappe de la matrice, un détail se détache de ce mur de son, une petite guitare slide, une autre acoustique ou encore une nappe de clavier sur une fréquence inconnue. Un remake de "Cow-boys et envahisseurs" musical et sous acide. "Sparks" est une rengaine pop qui, une fois passée dans le laboratoire des chimistes lunaires, se retrouve transformée en buvard sonore. Plus loin, "Easy Action" pousse la formule dans ses derniers retranchements, ultra répétitif, son corrosif et haute énergie rock'n'roll, dosage parfait. Le voyage s'achève en douceur avec "Rolling Out", atterrissage climatisé, long coda d'un psychédélisme noir que n'auraient pas renié les Black Angels.

Même dans ses moments les plus calmes, le disque n'est jamais vraiment reposant, ne déviant pour ainsi dire jamais de sa trajectoire. Certains pourront reprocher ce côté monolithique, mais c'est ce qui fait la force de l'oeuvre. "Circles" est un disque qu'il faut laisser agir pour en saisir tout le sel.

mercredi 19 décembre 2012

IN THE CANOPY - Never Return - EP


Internet réserve parfois bien des surprises, en faisant un petit tour sur la page Facebook du blog, j'ai eu le bonheur de trouver un message d'un membre de In The Canopy. Un groupe qui vient tout juste de publier son premier E.P. Inutile de vous dire que je ne connaissais absolument pas cette jeune formation parisienne. Un clic sur le lien accompagnant le mail, pas plus impatient que cela, à vrai dire je n'attendais pas grand chose, et surtout pas de me prendre une telle baffe dans la gueule. C'est bien simple: "Never Return", le morceau titre, se place directement dans le peloton de tête de mes découvertes de l'année. Véritable songe éveillé d'océan et de forêt tropicale; l'espace de cinq minutes j'ai quitté mon bureau et ce froid après-midi d'hiver pour une plage de sable chaud. Un Voyage astral, un trip en toute sobriété. Les trois autres titres de cet Extended Play oscillent entre le très bon et l'excellent. Variations d'ambiance et de couleurs. "New 6" sonne étrangement jazz, sans pour autant l'être vraiment, la voix et la musique dansent littéralement ensemble, nous livrant un ballet insensé. "No Room For You" convoque le fantôme de Divine Comedy de Neil Hannon, la même classe dandy mais en plus électrique. Le meilleur reste à venir, il se nomme "Underway", un vrai miracle. Imaginez un peu les géniaux Fleet Foxes quittant leur forêt brumeuse pour aller voir la lumière du jour et vous aurez une vague idée de ce qu'est ce morceau.

J'ai parfois l'impression qu'avec le temps, les découvertes n'ont plus la saveur qu'avaient mes premiers émois musicaux. En ce temps-là, j'allais de traumatisme en traumatisme, mais peu à peu, le goût de la nouveauté devient plus fade et terne. On a beau accumuler les piles de cd et autres vinyles d'oeuvres juvéniles, combien comptent vraiment? Combien passeront le cap de la seconde écoute? Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Alors quand un truc vous fout le cul par terre, putain ça redonne la foi!

L'album est dispo en digital un peu partout, comme sur Itunes, mais également en cd.


Pour plus d'infos: Site internet du groupe

dimanche 16 décembre 2012

THE POGUES - 30th Anniversary Concert At The Olympia


Les Pogues en concert c'est franchement épique, ne serait-ce que par la présence de Shane MacGowan, l’éthylique leader. Alors pour le trentième anniversaire du groupe, les Irlando-anglais ont fait les choses en grand, ils ont visé l'Olympia. Une certaine presse spécialisée nous a vendu ça comme un come-back majestueux  mais c'est totalement faux. C'est effectivement majestueux, mais ce n'est pas le moins du monde un come-back  ça fait près d'une décennie que les Pogues tournent à nouveau avec Shane. Pour l'heure, il n'est pourtant pas question d'un retour discographique, sont-ils encore capable d'écrire des standards comme à la grande époque? J'ai un doute. Mais pour ce qui est de les interpréter sur scène, les Pogues ont toujours la flamme, voire le feu. Le répertoire est composé uniquement de classiques, pas de grosse surprise de ce côté-là. Mais peu de groupes peuvent se vanter d'aligner vingt-quatre pépites en concert sans sourciller! Bien entendu, Shane MacGowan est fait comme un Mickey, et pour les avoir vus sur scène, je peux vous dire que c'est très impressionnant, cela ne l'empêche pas de débiter les paroles comme si de rien n'était.

Certaines versions délivrées ici sont sidérantes, "Thousands Are Sailing" transpire d'intensité comme jamais; ce grand morceau fut écrit par Phil Chevron, guitariste du groupe. L’éternel "Dirty Old Town" d' Ewan MacColl a aussi droit à un traitement de luxe, le groupe soutenu ici par une section de cuivres met littéralement l'Olympia sur orbite. Plus loin, les Pogues nous offrent ni plus ni moins que la meilleure version de leur plus belle chanson, "Rainy Night In Soho". C'est beau à pleurer, quelle intensité, l’espace de cinq minutes Shane est un dieu, un feu follet d’absinthe traînant sa misère comme un bagnard traîne sa chaîne... C'est Ella Finer (la fille de Jem) qui remplace la regrettée Kirsty MacColl sur "Fairytale Of New-York", et elle se débrouille franchement bien, ce qui n'est pas une chose évidente tant l'aura de la version d'origine est dévorante. Pour finir en beauté, le groupe clôt avec un "Fiesta" proprement apocalyptique, preuve que malgré un âge moyen relativement avancé, cette bande d'Irish Men reste Punk!

mercredi 12 décembre 2012

LEAF DOG - From A Scarecrow's Perspective


Certes ce disque n'est pas tout jeune, il est sorti il y a plus d'un an. Mais je ne l'ai découvert que récemment, quasiment en même temps que le projet Four Owls. Et pour cause, Leaf Dog fait partie de ce "supergroupe" de rap réunissant la fine fleur du label indépendant briton High Focus Records. Une petite maison bien sympathique, véritable vivier de talents. Ici, on pratique un hip hop old school sans concessions trouvant sa source dans de vieux vinyles poussiéreux. Véritable hommage aux pionniers tel que Public Enemy ou les Beastie Boys, mais point de mimétisme, que de l'original.

Le premier morceau donne le ton, le flow est morveux bien comme il faut et l'instru est à tomber. "Some People Say" est simplement un des meilleurs raps que j'ai entendu, miraculeux. Enchaîner après cela n'est pas une mince affaire, et pourtant, "It's All Me" relève le défi haut la main. Plus loin, c'est Fliptrix, un autre artiste du label qui s'invite à la fête pour nous délivrer un "All Alone" de tous les diables. Le ton monte de plusieurs tons avec le tonitruant "Jump Jump", Leaf Dog sait parfois se montrer d'une efficacité féroce. L’assemblage musical est souvent très surprenant, l'indescriptible "Sweet Thing" en est un bon exemple; un mélange incongru de musique d'ornement et de rap musclé qui offre au final une liqueur délicieuse. Ce qui marque surtout, c'est le son du disque, tout est "piqué" sur de vieux vinyles qui grattent, témoignage d'un gros travail de fouille et d'archivage. Le mélange des cépages est presque toujours parfait, "From A Scarecrow's Perspective" possède son lot de grands crus. Assurément un excellent disque.

Lien Spotify 

samedi 8 décembre 2012

N°84 PUBLIC ENEMY - Fear Of A Black Planet - 1990



Public Enemy avait tout pour devenir le plus gros groupe de sa génération, et pas seulement à l’intérieur des frontières limitées de la planète rap (pas forcément noire). Des textes (ou lyrics) dignes des plus grands, des instrus qui encore aujourd'hui renvoient un paquet de groupe de rap à leurs bacs à sable. Terminator X, le DJ, a simplement élevé le sampling au rang d'art. Ratissant large, de la soul au métal en passant par le funk voir le rap(!), afin de créer une musique totalement nouvelle et novatrice. Certes, aujourd'hui ce genre de chose ne serait plus faisable, les maisons de disques étant bien plus regardantes sur les droits d'auteurs. Il parait que James Brown intentait un procès à chaque sampling d'une de ses oeuvres, c'est dire à quel point le Godfather était largué à cette époque. Car si sampling il y a, c'est bien souvent pour appuyer le propos, tout en lui rendant un vibrant hommage. Pas de pillage! La force de frappe du groupe doit aussi beaucoup au charisme de Chuck D, l'un des meilleurs rappeurs et auteurs de tous les temps; sans oublier Flavor Flav qui est là pour détendre l’atmosphère chargée à grand renfort de phrases qui tuent. Déjà en 1988, Public Enemy avait fait trembler la planète avec un monument, le grandiose "It Take A Nation Of Millions To Hold Us Back", mais "Fear Of The Black Planet" va encore plus loin, toujours aussi engagé, mais musicalement encore meilleur.

Basses profondes, scratching omniprésent, nul doute, nous avons bien affaire à un album de hip hop old school, et autant le dire tout de suite, on n'a pas fait mieux depuis. "Brothers Gonna Work It Out" mettra tout le monde d'accord, Public Enemy est une machine redoutable, à faire capituler un amateur de rock. L'album regorge d'hymnes surréalistes, comme ce démentiel "Burn Hollywood Burn", en collaboration avec Ice Cube et Big Daddy Kane, un rap rouleau compresseur qui à défaut de mettre le feu à Hollywood, embrasera au moins votre salon. S'en suit un "Power To The People" viscéral, le genre d'hymne slogan à vous soulever une foule, un véritable générateur d'émeutes! Encore une fois le rythme est hallucinant, très loin du pseudo gangsta-rap mainstream d'aujourd'hui. "Fear Of A Black Planet", la chanson, est un manifeste, mais comme toujours musicalement c'est très dansant! La révolte ou révolution en musique voilà ce que laisse entrevoir un skeud de Public Enemy, tout un art. L'album se termine avec "Fight The Power", sorte de rap ultime, une photographie d'une époque aujourd'hui bien révolue. On dit souvent que le rock est mort, mais qu'en est-il du rap? Tout aussi raide, sinon plus. Bien sûr, dans le milieu underground, il y a des choses sublimes, mais c'est également valable pour le rock indé.

Gardez votre esprit vif, "Don't Believe The Hype"!

Lien Grooveshark

mercredi 5 décembre 2012

N°83 HUBERT FELIX THIEFAINE - La tentation du bonheur et Le Bonheur de la tentation - 1996/98

C'est au travers de ce diptyque que je suis entré dans l'univers pour le moins mystérieux du grizzli des montagnes Jurassiennes. Le choc fut tel, qu'il remit en cause une bonne partie de ma perception musicale. "C'est quoi ces textes, cette poésie bizarre? Ça vous déglingue un ado." Et encore, ce ne sont pas les albums les plus fous du monsieur, quand je suis remonté jusqu'à la source, j'ai eu l'impression de franchir plusieurs paliers dans la folie. Je n'en suis pas ressorti indemne, les séquelles sont toujours présentes.

La tentation du bonheur -face blanche-

Départ éclair, direction l'étage 24 via l’ascenseur de 22h43, pour y rencontrer un chanteur un peu fou. Celui-ci nous fait le compte-rendu des ses dernières 24 heures dans la nuit d'un faune. Ou comment écrire une satire sociale sur fond de musique rock sans avoir l'air d'y toucher. S'en suit une plongée vers les abîmes avec "Critique du Chapitre 3", une affaire de contraste. Comme d'habitude la religion et sa fausse morale apparaissent en filigrane. Avec "La nostalgie des dieux", il n'est pas question de prendre des pincettes. Il est vrai que l'homme nourrit une certaine animosité envers tout ce qui se rapproche de près ou de loin à toutes formes de culte. En associant God et gode, l'homme fait fi du pêché originel et se libère par la même occasion de son plus gros fardeau! "Sentiments Numériques Revisités" est un long poème halluciné et amoureux, le genre d'oeuvre qui vous entraîne en son sein comme un typhon emporte un navire. La beauté dans sa forme la plus pure. Il est bien entendu plus souvent question de tentation que de bonheur sur cet album, le contraire eut été décevant.

Le bonheur de la tentation -face noire- 

Noires percussions, vieil écho de "Sympathy For Devil", l'heure du sabbat est enfin arrivée, sacrifions les blaireaux! Une fois achevé le culte rendu à la lune noire, nous pouvons nous tourner vers l'humanité et sa grande mixité. "La ballade d'Abdallah Géronimo Cohen" ou comment prôner la tolérance sans tomber dans des lieux communs. "27ème heure: suite faunesque" est une longue hallucination bluesy émanant des vapeurs de l'alcool. Ici, on baise avec les saints et les vierges deviennent des putes. Le diable et la tentation ne sont pas bien loin et le fantôme de Robert Johnson rôde dans le coin tel un voyeur. Le gros morceau, tant par la forme que par le fond, se nomme "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable", un long spoken word tout bonnement démentiel. Pourquoi se sentir coupable d'être différent quand nous ne recevons des autres que le mépris? Vaste question.

S'il y a une morale à retenir de ce diptyque, c'est que même si nous sommes tentés par le bonheur, celui-ci nous renverra irrémédiablement vers les affres de la tentation.

Lien Spotify Tentation / Lien Spotify: Bonheur

dimanche 2 décembre 2012

Jingle Bells Rocks!!!!


Ça y est, nous y voilà, le mois de décembre est là, et avec lui, la neige et les fêtes Saturnales. D'après les mayas, ou ceux qui interprètent leur primitive érudition, cette année nous ne devrions pas fêter la naissance du Christ. Too bad! Est-ce une raison pour faire l'impasse sur les chants de Noël? Et là, je ne parle pas de Tino Rossi, soyons clair. Non, je vous parle de Christmas rock, punk, blues, métal, bref je vous cause d'un Santa Claus qui vous livrera vos cadeaux au volant d'un rutilant Hotrod, une pin-up à ses côtés tout un dégustant un bon steak de renne! Si de notre côté de l'Atlantique, l'album de Noël reste un exercice plutôt marginal, chez nos amis ricains, c'est presque un passage obligé. Certains enregistrements sont même devenus des classiques à part entière, dépassant largement le petit cercle des "albums pour les fêtes". Je pense notamment au Christmas album de Phil Spector (chroniqué ici!), ou certains enregistrements de crooners ou même du King himself! Encore une fois, il ne sera nullement question de dresser une liste complète, là aussi, un blog dédié ne serait pas de trop. Non, je vais juste piocher dans ma collection pour en sortir un nectar des plus délectables.

Commençons par quelques cas isolés sur des albums qui ne sont pas spécialement de Noël, nous allons voir que bien souvent, on frise l'insolite. Sur "Brain Drain" des Ramones, le dernier morceau s'appelle "Marry Christmas (I Don't Want To Fight Tonight)", c'est très drôle, les faux frères New-Yorkais possédaient un humour corrosif; je vous conseille fortement la vision du clip, un grand moment. Plus surprenant encore, sur "The Razors Edge" d'AC/DC, au beau milieu de l'album, on trouve un titre qui se nomme "Mistress For Christmas", inutile de préciser que c'est du Young Bros pur jus, donc un vrai instant de bonheur familial! Sur le troisième L.P des Pogues se trouve ce qui demeure comme étant la plus belle chanson de Noël de tous les temps, la superbe "Fairytale Of New-York". Un chef-d'oeuvre qui nous rappelle si besoin est, que Shane MacGowan est un grand songwriter, malheureusement perdu dans les limbes de l'alcool.

Continuons avec de l'insolite, du bien gras, du surprenant avec quelques exemples carrément freaks. Démarrons avec du lourd, quand Run D.M.C se met à la chanson de Noyel, le résultat est une hallucination portant le nom de "Christmas In The Hollis". Un truc de dingue qui mixe une tripotée de Christmas Carol en guise de pont. Father Christmas se fringue en Adidas maintenant.... Récemment; c'est le rappeur/chanteur CeeLo Green qui nous a gratifié d'un skeud de Christmas ("CeeLo's Magic Moment"), globalement l’exercice est une réussite, mais on frise la science-fiction sur ce coup! La pochette est aussi un grand moment, les rennes deviennent des chevaux blanc et le traîneau une Rolls Phantom! Dans un autre registre, la reprise incendiaire de "Run Rodolph Run" par Lemmy Kilmister, Dave Grohl et Billy Gibbons, ferait presque passer les autres versions enregistrées jusqu'ici pour de mignons cantiques. Et pourtant, il y a du monde qui s'est frotté au morceau, Chuck Berry bien sûr, mais aussi Brian Setzer, Keith Richards ou encore le Reverend Horton Heat, pas des manchots! Alice Cooper nous a aussi offert sa vision de Noël, forcement horrifique avec le diabolique mais fendard "Santa Claws Is Coming To Town".

Dans un registre plus mainstream, je ne saurai que trop vous conseiller les albums de Johnny Cash, toujours classes, ceux d'Elvis Presley, des classiques, celui des Beach Boys, forcement sympathique. Il y a aussi les traditionnels crooners, Bing Crosby and Co, toujours efficaces, avec des morceaux qui ont tant servis de bandes originales, qu'ils semblent appartenir à la mémoire collective. Certains artistes souls ont également rendu de bien jolies copies, "White Christmas" par Otis Redding, c'est beau à pleurer. Sinon, plus récemment, les albums du Brian Setzer Orchestra (chronique juste là) sont d'incontestables réussites, ou encore avec plus d'indulgence celui de Bob Dylan. Bref, ce n'est pas la quantité qui manque pour passer un réveillon en musique...

jeudi 29 novembre 2012

GOOD COVER VERSION II


Un peu de rab' pour un vaste sujet... Commençons par des reprises qui n'en sont pas vraiment, les adaptations françaises de standards américains. Le résultat de ce petit exercice si cher aux yéyés est souvent assez traumatisant. Cependant, il existe quelques belles choses qui n'ont pas à rougir de leurs homologues anglo-saxonnes. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est "Salut les amoureux" de Joe Dassin, une adaptation de "City Of New Orleans", un classique de la musique country. Et dieu sait que Dassin l'aimait la musique country. Mais là où cette adaptation est brillante, c'est qu'elle s'éloigne du sujet d'origine, une chanson sur le voyage, pour devenir une chanson d'amour. Rien d'original dit comme ça, Joe Dassin étant un chanteur de charme. Mais le texte est sublime, vraiment bien écrit; de la variété de qualité en somme. Tout le contraire du récent "Cabrel assassine Dylan", là c'est le degré zéro de la musique, honteux! Les textes sont ridicules, le vocabulaire Dylanien étant bien particulier, il aurait fallu une sacrée dose de talent pour l'adapter à la langue de Molière. Francis Cabrel ne l'a visiblement pas, quand "Baby Blue" devient "Bébé Bleu", y a comme un problème, non? Ça ne sonne pas! Je n'étais déjà absolument pas fan des adaptations d'Hugues Aufray, mais à côté, c'est du génie! Le pire, c'est que je n'ai rien contre Cabrel, "Samedi soir sur le terre" est même un très bon disque.

Pour en finir avec la France, deux petits exemples de reprises réussies, mais chantées en anglais cette fois. La première, "Cirrus Minor" par Etienne Daho. Il fallait oser s'attaquer à ce vieux titre méconnu du Floyd. Au final, c'est merveilleux, d'une douceur inouïe, classe comme de la pop anglaise tout en gardant le côté psychédélique de l'oeuvre de base. C'est tellement beau que l'on pardonne volontiers l'accent frenchy du chanteur. Deuxième exemple, et non des moindres, "Polk Salad Annie" par Joe Dassin (encore lui!). Une tuerie! Même si elle est très proche de l'originale, le résultat reste surprenant, presque aussi bon que du Tony Joe White. Certaines versions live d'Elvis Presley ne lui arrivent pas à la cheville, c'est dire.

Certaines chansons ont été reprises tant de fois, qu'il est difficile de savoir quelles furent leur versions d'origine. Pour beaucoup, "I Heard It Through The Grapevine" est de Marvin Gaye, mais c'est faux. A la base, ce morceau écrit par Norman Whitfield et Barrett Strong fut enregistré par Smokey Robinson & The Miracles en 1966, mais c'est la version de Marvin parue deux ans plus tard qui passera à la postérité. Ma préférence va aux Creedence Clearwater Revival qui en livreront une interprétation démoniaque de onze minutes sur leur fabuleux "Cosmos Factory", ce qui nous laisse largement le temps de décoller... Des reprises plus célèbres que les originaux, ce n'est pas ce qui manque. Si je vous dis "Dirty Old Town", vous pensez tout de suite aux Pogues et non pas à Ewan MacColl. Pareil pour "Without You", ce n'est pas Mariah Carey, non non, c'est Badfinger, un groupe un peu oublié aujourd'hui. Et ce malgré de bonnes chansons et des producteurs célèbres, les Beatles.

Finissons par quelques petites covers bien sympas, sans thèmes particuliers. Avez-vous déjà entendu la version slide de "Ace Of Spades" de Motörhead par Bjorn Berge, c'est du pur délire. Ce mec tout seul fait du boucan pour dix, une telle énergie c'est proprement inhumain. Sur la version "deluxe" de l'album "Sound Affects" des Jam, il y a une démo hallucinante de "Waterloo Sunset", ce chef-d'oeuvre des Kinks, qui à elle seule justifie l'achat de cette version augmentée. Dans le genre folie furieuse, n'oublions pas l’inénarrable lecture qu'a fait Rachid Taha de "Rock The Casbah" du Clash. Malgré ma passion pour le groupe de Joe Strummer, je trouve la reprise largement supérieure.

C'est tout pour aujourd'hui, même si ce sujet est sacrément inspirant...

mardi 27 novembre 2012

GOOD COVER VERSION


Aujourd'hui nous allons aborder un sujet souvent méprisé ou moqué, l'art (car s'en est un) de la reprise. Pour beaucoup de monde (ne connaissant pas grand chose à la musique), faire une reprise est le dramatique aveu d'une perte d'inspiration ou simplement d'une fainéantise aiguë! Certes, les reprises commerciales que nous balance la télé-poubelle abondent dans ce sens, mais ce genre de productions ne mérite aucune considération, ne nous y attardons pas. Parlons plutôt de reprises pleines d'âmes, surprenantes ou audacieuses, voire meilleures que les originaux (c'est plus rare), celles qui portent l'hommage au rang d'art majeur! Je ne vais pas dresser une liste exhaustive, le travail serait titanesque et mériterait sans problème un blog dédié, mais juste évoquer quelques belles choses qui m'ont marquées.

Commençons par un sommet du genre, "With A Little Help From My Friends" par Joe Cocker, ou comment sublimer un morceau plutôt faible d'un grand groupe. Ici, tout est parfait, chant habité, choeurs Gospel, un orgue beau à pleurer et surtout la guitare de Jimmy Page, frisson garanti. A côté la joyeuse petite chansonnette des Beatles fait peine à entendre. Pour "All Along The Watchtower", c'est un peu la même chose, l'original a beau être sublime, c'est la version de Jimi Hendrix qui passera à la postérité, c'est ainsi! Certains artistes se sont fait une spécialité de la reprise qui tue, l'exemple qui me vient en premier à l'esprit c'est Johnny Cash et sa série des "American Recording". Comment ne pas pleurer en écoutant SA version de "Hurt", Johnny Cash ne reprend pas la chanson, il la fait sienne, c'est là toute la différence. De même que sa déchirante adaptation de "Redemption Song" de Bob Marley, chantée en duo avec le regretté Joe Strummer. Pour le coup, je serai bien incapable de choisir entre les deux, malgré l'aura entourant l'originale. Plus récemment Tom Jones a bluffé son monde avec "Spirit In The Room", son sublime dernier album. Celui-ci débute avec une relecture incroyable de "Tower Of Song", une chanson assez méconnue de Leonard Cohen. Encore une fois, la reprise enterre l'oeuvre de base. Et puis, tant que nous sommes chez mister Cohen, impossible de ne pas évoquer le cas "Hallelujah" par Jeff Buckley, tout le monde connait la reprise sans savoir que s'en est une. Maintenant on fait même des covers de la cover, etc.... dans quel monde vit-on?

Une reprise n'a d'intérêt que si elle diffère assez de l'originale, un bête copier-coller n'a aucun sens. Ceci est d'autant plus vrai dans le cas d'une reprise contemporaine à l'originale. Quand Otis Redding sort son "Satisfaction" quasiment en même temps que les Stones, certains auront des doutes quant à la paternité du titre. Faut dire que Otis maîtrise la chose d'une manière incroyable, il transforme le rock Stonien en grosse dynamite Soul! Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Stones ne rendront pas la pareille en reprenant "I've Been Loving You Too Long"...

L'idéal pour qu'une reprise fonctionne, c'est qu'elle soit surprenante. Ainsi, personne ne pouvait prévoir que les Foo Fighters allaient reprendre "Baker Street" de Gerry Rafferty. Et pourtant le résultat est heureux, quel plaisir d'entendre rugir une guitare en lieu et place du Saxophone. Un pari osé, mais gagné haut la main. Autre délire un peu fou, reprendre du Kraftwerk! C'est d'autant plus bizarre quand c'est un groupe Klezmer qui s'y colle. La version rock-rap-klezmer de "Die Roboter" par Rotfront feat. L.Soybelman est une merveille. Une incontestable réussite, pas seulement un exercice de style.

Je vais m'arrêter ici pour aujourd'hui, mais j'aborderai à nouveau le sujet quand l'envie me reprendra.

Ps: La photo est une cover de couverture (!), celui qui trouve "koicé" gagnera ma reconnaissance mensuelle (l'éternité c'est trop long), alors tous à vos comm'!

vendredi 23 novembre 2012

N°82 THE SPECIALS - More Specials - 1980


Les Specials, c'est cette bête animée par une grosse envie d'en découdre. Un groupe politisé, ne serait-ce que par sa composition mixte, noire et blanche. Un bon coup de pied au cul du National Front. Jerry Dammers et Terry Hall sont les deux compositeurs principaux du groupe, mais celui-ci reste très collectif, une utopie. Dammers va également créer un label (2 Tone Records) pour publier les disques des Specials, mais aussi ceux de Madness et des Selecter, soit la crème du ska Briton de l'époque. Le premier L.P. du groupe sera produit par Elvis Costello, c'est une oeuvre gigantesque, mais finale. Tout est dit, en un seul disque, c'est l'étendard du ska anglais. Impossible à reproduire, insurpassable. C'est typiquement le genre de premier album qui offre une super carte de visite, mais qui se révèle vite handicapant pour la suite. On parle souvent du "difficile second album", "More Specials" en est l'exemple parfait, c'est l'un des seconds albums les plus audacieux de tous les temps! Il est préférable d'écouter "More Specials" en vinyle pour en saisir tout le concept. Une face A dans l'esprit ska du premier disque et une face B qui part dans tous les sens. World music, electro ou encore easy-listening, bref un bon gros melting-pot bien barré!

L'album démarre très fort avec une version speedée de "Enjoy Yourself", on retrouve ce qui faisait le charme du premier album, peut-être un poil plus produit. Suivi de près par l'apocalyptique "Man At C&A", le cousin dub de "London Calling". Le groupe excelle toujours dans l'art de nous pondre des reggaes d'une absolue coolitude, "Do Nothing" sonne sévèrement bien, ça joue! Ecoutez-moi cette petite envolée de cuivre décontractée du slip... "Pearl's Café" est la géniale fusion entre une sorte de reggae caribéen et la pop "So British" des Kinks. La face A se termine sur un double hommage à James Brown et James Bond, un truc bien furieux! Nous voici arrivé à mi-parcours, finie la promenade de santé, c'est ici que les choses vont prendre une tournure plus qu'étrange. "Stereotype/Stereotypes Pt.2" démarre façon mariachi quasi-robotique avant de virer dub dans une seconde partie simplement hallucinante, d'une modernité sidérante. Damon Albarn saura s'en souvenir lors de la création de Gorillaz. On progresse encore d'un pas vers la quatrième dimension avec "Holiday Fortnight", un titre world un rien rococo, dépaysement assuré! "International Jet Set" préfigure ni plus ni moins que la french touch de Air. Dammers est un garçon malin, capable d'amener son groupe sur des terrains inattendus, l'apogée sera le magnifique "Ghost Town" qui paraîtra en single l'année suivante. "Enjoy Yourself (reprise)" referme la face B et par la même occasion l'album, l'ambiance n'est plus à la fête, le groupe explosera peu après. Jerry Dammers sortia en 1984 "In The Studio" sous le nom de Specials A.K.A, mais peut-on encore considérer cela comme un disque des Specials?

mercredi 21 novembre 2012

BREAKBOT - By Your Side


"Don't Believe The Hype" est habituellement mon adage, mais parfois une exception vient confirmer la règle. Exception toute relative, dans la mesure où la hype n'est pas si grande que ça, finalement... La musique de Breakbot est un savant mélange de Sebastien Tellier et Michael Jackson, le barbu pour le look, et le défunt roi de la pop pour la musique (l'inverse serait plus fâcheux, encore que j'ai tendance à préférer la musique de Tellier, cette longue remarque n'a donc aucun sens). En fait c'est surtout le titre "Why" qui nous amène vers ce que faisait Jackson période "Bad", la voix de Ruckazoid n'est pas étrangère à ce phénomène. Tout ça pour dire que le morceau est grandiose, délicieusement 80's, alors même que la musique populaire de cette décennie était horrible. Le single "Baby I'm Tours" feat Ifrane, a été utilisé dans une pub ou une émission t.v, mais je ne sais plus pourquoi, de toute manière cela n'a pas la moindre importance. Encore une fois, la chanson est diablement efficace, et ceci est valable pour la quasi-totalité de l'album. Les titres aux tempos moins élevés sont tout aussi bons, "One Out Of Two" possède une sonorité génialement kitsch qui vous propulsera directement vers un monde alternatif bloqué dans les années 80. Même le solo de guitare semble millésimé! Quelques instrumentaux disco-chics viennent ici et là donner du volume au disque, on peut lorgner vers le dancefloor tout en restant distingué!

J'ai failli oublier de vous dire que ce nouveau prodige barbu est français et qu'il est produit par Ed Banger, le label créé par Pedro Winter, découvreur entre autres de Justice. Les plus gourmands apprécieront également la superbe pochette qui rend un vibrant hommage au chocolat Milka.

mardi 20 novembre 2012

N°81 THE WARLOCKS - The Mirror Explodes - 2009


Il arrive parfois qu'un groupe change radicalement de style au cours de sa carrière, c'est exactement ce qu'ont fait les Warlocks. Ce gros changement est survenu, comme souvent, lors d'un bouleversement conséquent dans le line-up. Auparavant les Warlocks étaient d'honorables seconds couteaux issus de la scène "revival" du début des glorieuses années 2000. Des outsiders hautement plus recommandables que les très surfaits New-Yorkais des Strokes. Car plus psyché, plus heavy et avec une petite particularité: deux batteurs! Leur démentiel deuxième album, "Phoenix", a d'ailleurs connu un joli petit succès, grâce en partie au single "Hurricane Heart Attack". Un magma psychédélique de très haute tenue. Mais vers le milieu de la décennie, ce fut la débandade, le groupe explosa plus ou moins, avant de renaître de ses cendres, mais sous une autre forme, resserrée autour de son leader Bobby Hecksher. Exit le gros son typé 70's, place à la noirceur Noisy. Le premier disque des Warlocks 2.0 sera "Heavy Deavy Skull Lover", un monolithe noir, une oeuvre abyssale, toujours à la frontière du Post-rock. Cet album délabré désappointera bon nombre de fans, mais force est de constater qu'avec ce dernier, les Warlocks passent dans une toute autre dimension. La chose est grandiose, elle vous happe vers la nuit tel le Kraken vers le fond de l'océan. Ce qui nous amène enfin à "The Mirror Explodes", dans la même veine que son illustre aîné, mais nettement plus accessible et mieux produit, bien qu'un peu moins dense.

"Red Camera", obsession psyché noir, jumeau glauque d'une composition des Black Angels. Une ouverture oppressante, qui fera déjà le tri parmi les auditeurs, on n'est pas là pour se marrer, c'est sûr. Et ce n'est pas "The Midnight Sun" qui amènera de la légèreté, car le groupe prend un malin plaisir à alourdir toujours plus l'ambiance. Après un début de chanson laissant entrevoir un peu de lumière, les choses s'assombrissent rapidement sous une tempête de guitares saturées. Le rythme quasi méditatif de "Slowly Disappearing" nous ferait presque planer sans substances, alors avec, c'est le (bad) trip assuré... Enfin un peu de douceur, si je puis dire, avec "There Is A Formula To Your Dispair", un morceau d'une beauté miraculeuse. Tout en retenue, d'une telle simplicité mais d'une intensité folle! Pour tout dire, c'est l'une de mes chansons préférées. Placé juste après, "Standing Between The Lovers Of Hell" c'est l'opposé, tout en muscles; allant crescendo jusqu'à l'apocalypse finale, du grand art!  "You Make Me Wait" nous replonge dans un climat psychédélique assez chargé et sombre, mais paradoxalement plutôt léger. Comme quoi, il n'est pas impossible de faire voler un Zeppelin de plomb. L'instrumental "Frequency Meltdown" renvoie directement aux grandes heures de Neu!, le même aspect répétitif doublé d'une absence totale de compromis. L’album finit sa course folle avec un dernier titre plus paisible et lumineux, "Static Eyes" ou comment finir sur un coup de génie!

Globalement, la deuxième monture des Warlocks n'a pas eu de critiques franchement positives, ce qui est simplement hallucinant (ou une preuve de mauvais goût)!

vendredi 16 novembre 2012

N°80 BRIAN SETZER - Nitro Burnin' Funny Daddy - 2003


Le chat de gouttière en chef est un homme très productif. Entre les reformations  scéniques des Stray Cats, ses albums solo et ceux avec son Big Band, il y a de quoi faire. Si on ajoute à cela la tripotée de lives (son domaine de prédilection), il faudra être sacrément doué en (After)mathématiques pour tenir les comptes. La discographie de Brian Setzer est donc plus que conséquente, et d'une qualité franchement bonne dans l’ensemble. Mais s'il ne devait en rester qu'un, ce serait "Nitro Burnin' Funny Daddy", déjà le blase du disque me plait bien... L'homme à la Gretsch nous livre ici son album le mieux produit et le plus varié, blues, Rockhab' ou encore Doo-Wop, tout y passe et avec brio.

"On a que soixante ans sur la planète, alors autant en profiter"... Voilà en substance ce que nous raconte le morceau d'ouverture, le tonitruant "Sixty Years". D'entrée de jeu, ça cogne comme rarement, la batterie tabasse, la contre-basse claque et la Gretsch crache tripes et boyaux. La production est au top, le groupe semble jouer live dans votre salon, incroyable! "Don't Trust A Woman (In A Black Cadillac)" est plus hard rock, nul doute que la fameuse Cadillac noire carbure à la Nitro! On a tendance à oublier que Brian Setzer est aussi capable de douceur, et quand celui-ci se lance dans la ballade-soul, ça donne "That Someone Just Ain't You"; une merveille. Plus loin, un "Ring, Ring, Ring" totalement Rock' n' Roll ajoutera encore de l'huile sur un feu qui avait pourtant déjà bien pris. High Voltage Rock And Roll!!!! Suivi de près par l'hilarant "Drink Whiskey And Shut Up", un Rockhab' qui doit bien titrer 40°! Après plusieurs rasades de ce tord-boyaux fait maison, pas étonnant de finir dans le désert pourchassé par les coyotes, convoité par les vautours et menacé par un rattlesnake! "Wild Wind" soulève des nuées de sable rouge; idéal pour un duel au soleil. Une dernière pépite pour la route, "To Be Loved" n'est pas simplement un joli doo-wop, c'est une véritable machine à remonter le temps. Direct dans les 50's! J'allais oublier de vous causer de "Smokin' N' Burnin'", le morceau le plus incendiaire du skeud, un rock si véloce qu'il frise la démence; Setzer est au sommet de son art et enchaîne les solos qui tuent!

Alors "Nitro Burnin' Funny Daddy", meilleur qu'un album des légendaires Stray Cats? Putain que oui!

lundi 12 novembre 2012

THE TING TINGS - Sounds From Nowheresville


Certes cette chronique arrive avec quelques mois de retard, l'album étant sorti à la fin du mois de février. Du coup mon libellé "Actu ou presque" n'a jamais été aussi vrai. Pour tout dire, j'avais entendu trop de critiques négatives sur ce disque, alors j'ai passé mon chemin sans trop chercher à comprendre. Mais voilà que le hasard l'a remis sur ma route au détour du bac à soldes (déjà!). J'avais beaucoup aimé le premier opus du groupe "We Started Nothing", paru en 2008. Un album de dancefloor, mais classe; un peu comme si les Kills avaient viré disco! Maintenant, toute la question reste de savoir si les Ting Tings se sont vraiment vautrés avec ce "Sounds From Nowheresville".

D'entrée ça cogne, "Silence" porte assez mal son nom, c'est de l'electro-pop plutôt bruyante. Un bon morceau d'introduction en somme. Le deuxième titre, "Hit Me Down Sonny" laisse plus dubitatif. C'est certes efficace, plutôt bien foutu, mais le refrain a un arrière goût de soupe R'n'B, qui vient franchement gâcher la fête. Heureusement que "Hang It Up" débarque pour sauver l'affaire. Putain, on dirait les Beastie Boys de "Check Your Head", mazette quelle tuerie! L’enchaînement avec le très rock "Give It Back" frise la perfection. Encore un titre redoutable! "Guggenheim" convoque à nouveau les spectres des sales gosses de Brooklyn. Les Ting Tings ne sont jamais aussi brillants que lorsqu'ils pillent les BBoys! "Soul Killing" et son ska dansant fait penser à Santigold, encore une fois ce n'est pas très inventif, mais il y a pire comme référence! Après un très dispensable "One By One", le groupe prend le risque de clore l'album avec trois ballades. Un choix audacieux mais payant, le duo négocie habillement ce virage dangereux. Le cotonneux "In Your Life" nous conduit vers la sortie tout en douceur; merci pour cette charmante intention.

Si "Sounds From Nowheresville" est plus ouvertement commercial que son prédécesseur, il est aussi un cran en-dessous. Un petit disque sympathique, mais qui ne va pas au-delà!

jeudi 8 novembre 2012

N°79 THE MONKEES - The Monkees - 1966


L'affaire est entendue, les Monkees sont un gros coup commercial, la réponse américaine préfabriquée à la déferlante Beatles. Les membres du groupe ont été recrutés via une petite annonce par les producteurs Bob Rafelson et Bert Schneider. L'idée c'est de faire "Hard Day's Night" en série télé! Et pour tout dire le résultat n'est pas meilleur ou pire que le film de Richard Lester avec les Fab Four. Mais attention, les quatre jeunes gens des Monkees ne sont pas des bleus non plus, chacun possède déjà sa petite expérience dans le métier. Ils sont aussi pour la plupart des musiciens accomplis, bien qu'ils se contenteront du chant sur les premiers albums. C'est Ed Kirchner qui gérera le "Pôle-musique", avec des chansons écrites sur-mesure, jouées par la crème des musiciens professionnels d'alors. Une méthode qui annonce des décennies de musique insipide et préfabriquée, à une différence près, celle proposée ici est exceptionnelle. Au risque de faire grincer quelques dents, j’affirme que cela vaut bien du Small Faces ou du Yardbirds! Très vite, les quatre garçons tout autant dans le vent opéreront une véritable mutinerie. Ils veulent le contrôle total de la musique, cela aboutira à la mise au placard du producteur Ed Kirchner, mais surtout à l'album "Headquarters". Et aussi fatalement à l'explosion du groupe à l'orée des cérébrales 70's.

L'album démarre avec le générique du feuilleton, évidemment. C'est un morceau pop forcément marqué du sceau des Beatles, mais cela reste joliment exécuté. Les choses sérieuses débutent avec "Saturday's Child", du Easybeat pur jus, la suite logique de "Friday On My Mind". Mais le tube c'est "The Last Train To Clarksville", de la pop haut de gamme, un truc vraiment énorme. Le genre de titre indémodable, combien de jeunes groupes vendraient leurs mères pour qu'on leur écrive une chanson de ce calibre? "Let's Dance On", c'est du proto-punk digne d'une compilation "Nuggets", d'une violence inouïe pour l'époque. La batterie cavale à cent à l'heure et la guitare rachitique et saccadée annonce ni plus ni moins Richard Hell. Mais pour plaire au filles, il faut une ballade et "I Wanna Be Free" tient son rôle à merveille, tous les ingrédients sont présents et dans les bonnes proportions.

Ce premier album des Monkees contient douze vignettes en forme de photographies d'une époque révolue; et malgré son côté mercantile, il demeure un indispensable.


mercredi 7 novembre 2012

NEIL YOUNG & CRAZY HORSE - Psychedelic Pill


"Premier rapport après ingestion de la pilule psychédélique du bon Dr Young".

C'est peu dire que l'homme reste productif, un disque de reprise en juin et un nouvel album de compositions inédites en octobre, le tout avec le Crazy Horse. De quoi affoler le fan! Certes "Americana" était sympathique, mais pas de quoi casser trois pattes... bref! Reste à espérer que le Loner sorte enfin l’artillerie lourde et qu'il fasse cravacher son Crazy Horse...

Lentement, le cheval engourdi sort de son box. Remisé depuis trop longtemps, épris de liberté. Les membres lourds, celui-ci s'élance au travers de la plaine infinie. De plus en plus rapide, de plus en plus fou. Ce vieux cheval fatigué redevient un pur-sang, un mustang indomptable, sauvage! Voilà ce qu'est "Driftin' Back", la folle cavale du Crazy Horse qui s’étend sur près d'une demi-heure. Ça commence folk puis très vite ça vire électrique, la rythmique est fiévreuse et les guitares sont plus lourdes que jamais. Faut-il être à la fois fou et salement talentueux pour pondre un tel machin en début de galette?  Juste après, "Psychedelic Pill" incite fortement à la consommation d'acides. Mais cette chanson n'est qu'une trêve, car ce qui suit est démentiel. "Ramada Inn" est une merveille, assurément l'un des tous meilleurs titres de Neil Young; oui Monsieur, parfaitement! Une invitation au voyage à la fois solaire et mélancolique. Le Crazy Horse est en totale liberté, laissant la mélodie se déployer d'elle-même, à son rythme. "Born In Ontario" sonne la fin du premier acte, c'est folk et craspouille, forcément sympa!

Les vieux amis, les souvenirs, la musique, tout ça se mélange. La nostalgie, forcément. "Twisted Road" convoque Dylan, Hank Williams et le Dead, c'est un morceau hommage; très dans l'ère du temps. Débarque ensuite l'étrangement pop "She's Always Dancing". Au départ rien ne semble s'imbriquer, puis à partir du deuxième couplet tout devient limpide; évident. Ce n'est certes pas le meilleur titre de l'album, mais il se défend bien. "For The Love Of Man" est un doux Gospel qui relâche enfin un peu la tension. C'est joliment troussé, avec de très beaux choeurs et une mélodie à toutes épreuves. Mais pour terminer en apothéose, le vieux Neil et sa bande se fendent d'un "Walk Like A Giant" juste démentiel. Les guitares sont rauques et la rythmique est d'une lourdeur à faire pâlir bon nombre de groupes de métal... Les géants arrivent et ils vont tout raser, pour mieux reconstruire évidemment.

"Psychedelic Pill" est un album sans concessions, hors formats, hors normes, gigantesque. C'est le disque que je n'attendais plus de la part de Neil Young. Son meilleur depuis "Ragged Glory"... je dirais même qu'il le dépasse d'une tête.

samedi 3 novembre 2012

N°78 VIC CHESNUTT- North Star Deserter - 2007


Vic Chesnutt, c'était de l'émotion pure, autant faite de chair que d'acier. De la musique si chargée que son écoute peut se révéler fatale, un tel tourbillon de sentiments ne doit pas être pris à la légère. Vic Chesnutt personnifie à lui seul la face sombre du système américain, l'un des plus moisis du monde. Pas d'accès au soin, rien, nada! Être artiste et handicapé demande une vraie dose de courage dans un pays où la sécurité sociale est quasiment inexistante. Mais voilà, le courage nous lâche tous un jour, pour Vic Chesnutt, ce sera un sordide matin de Noël. Suicidé. Laissant derrière lui une oeuvre imposante et séminale.

"North Star Deserter" a beau être paru durant l'été 2007, il est froid comme l'acier, froid et brûlant comme le verglas. Ce disque fut distribué par les canadiens de chez Constellation, un label bien connu des amateurs de post-rock. Pour cet album, Vic Chesnutt s'est également offert les services d'un backing band de luxe, puisque ce n'est ni plus ni moins que le Silver Mt Zion, l'une des nombreuses têtes de l'hydre Godspeed You! Black Emperor. Dès les premiers accords de "Warm", l'ambiance s'installe, l'aigrelette guitare danse dans la poussière avec cette voix qui vacille comme la flamme d'une bougie malmenée par un courant d'air. Derrière, l'orchestre tient son rôle avec sobriété et discrétion, agissant par touches éparses, comme un peintre économe. "Glossolalia" est semblable au dernier envol de l'oiseau, gracile et beau, qui l'instant d'après retombe comme une pierre, si lourde qu'elle creuse le sol. Et la chorale chante. Noirceur encore, "Everything I Say" est rude, violente, tendue à l'extrême; toujours au bord de la rupture. Et l'orchestre joue, il joue avec nos nerfs, nous malmène. Parfois, l’espoir renaît le temps d'un instant; le temps d'un rapport protégé. Mais la mélancolie, cette implacable maîtresse, nous retrouve inlassablement  Et la chorale chante comme une seule voix, elle me dit que je ne serai jamais seul ("You Are Never Alone"), mais ce n'est pas vrai. Elle-même n'y croit pas! Déjà les ténèbres nous renvoient à notre solitude. Mais toujours cette musique qui nous guide, belle parfois, comme les rayons éblouissants du soleil. "Splendid" nous porte à bout de bras, dieu, que ce voyage est épuisant. "Ce n'est pas fini, tant que ce n'est pas fini", nous chante le barde malade. Bien sûr que si, c'est couru d'avance! Tout finira dans un dernier tremblement...

Ce disque me transporte à chaque fois, c'est un plaisir fin. Un de ceux que je m'offre rarement. Il ne faudrait pas casser la magie, ce serait trop con. "North Star Deserter" n'est pas à mettre entre toutes les mains, il est trop dangereux, sa beauté est un poison.

jeudi 1 novembre 2012

N°77 T.REX - Electric Warrior - 1971


Il y a parfois de grands disques ou artistes qu'on met énormément de temps à aborder. Simplement  car la légende est trop imposante, trop encombrante voire même polluante, comme c'est le cas pour Hendrix ou les Doors par exemple. Mais pour d'autres, c'est juste une affaire de bon moment, il faut attendre pour jouir pleinement de la découverte. Ainsi, arrive enfin l'heure de ma rencontre tardive avec le monolithe noir de T.Rex, découvert dans son entièreté qu'à l'occasion de sa récente réédition. Bien sûr, j'avais déjà entendu "Get It On", impossible de passer à côté de cet énorme tube; ou encore entrevu la pochette, sublime, sorte de quintessence de l'artwork rock, mais le disque dans son intégralité, non! Et très franchement, je ne regrette aucunement ce temps perdu, car les découvertes qui vous vrillent l'épiderme sont plutôt rares, et quand elles passent par là, autant en profiter, et tant pis si c'est avec un truc vieux de quarante ans! Bien sûr, il y a filiation avec le Bowie débutant, "Electric Warrior" est un peu le cousin viscéral de "Ziggy Stardust", il ne vient certes pas de Mars, mais c'est de l’électricité qui court dans ses veines.

Départ stratosphérique vers un autre monde avec "Mambo Sun", et déjà les jeux sont faits. Ce sera grand! Le son est sans fioritures, très roots, mais dans le même temps très classe, c'est bien de glam-rock dont on cause! Le duo Bolan/Visconti accouche d'un pur moment de grâce, moment qui perdure tout au long de l'album. "Cosmic Dancer", "Jeepster" ou "Monolith", tout ça est tellement évident, simple et beau. S'en est presque désarmant. "Lean Woman Bleus" est boueux mais classe, ancien et nouveau; il reste encore aujourd'hui un très bon exemple de ce que doit être le blues de l'an 2000. Débarque ensuite "Get It On", dont il n'y a finalement pas grand chose à dire, c'est parfait, tubesque, archi-connue, mais ça fait toujours son petit effet! Le disque alterne morceaux enlevés et ballades magnifiques dont le sommet est atteint avec la bouillonnante "Life's A Gas". Encore une fois la simplicité est de rigueur, avec juste ce qu'il faut pour transformer une simple chanson en merveille indémodable. "Electric Warrior" est un disque qui vous aspirera dans la nuit... comme l'elfe Marc Bolan envolé trop tôt...

Evidemment le son de la réédition est parfait, les bonus sont toujours très utiles et le packaging vaut le coup. Comme toujours avec la série "Deluxe Edition", un label de qualité!

vendredi 26 octobre 2012

N°76 I AM KLOOT - Gods And Monsters - 2005


Mes compagnons blogueurs ainsi que mes ami(e)s savent à quel point je voue un culte à ce groupe. C'est presque une religion. Et ce n'est pas ce foutu syndrome des "perdants magnifiques" si cher à tout amateur de musique, non, ça va largement au-delà! Il est simplement incompréhensible que ce groupe n'ait toujours pas rencontré le succès, alors même que leur sixième opus studio est prévu pour janvier de l'année 2013. Cela inclut l'idée que la fin du monde n'ait pas lieu le 21 décembre... c'est d'ailleurs la meilleure raison pour qu'elle n'ait pas lieu!

Mais intéressons-nous à "God And Monsters", le troisième album du groupe. Le plus rugueux, absolument parfait dans l'imperfection. Magnifique et viscéral. C'est "No Direction Home" qui ouvre les hostilités, et ça cogne étonnement fort,  le rythme est martial, presque froid. Le danger frappe à la porte, et il n'y aura pas de retour possible. Les dieux et les monstres ne seront guère plus rassurants, il faudra bien que quelqu'un paye le prix fort pour toute cette télévision, n'est-ce pas? Dans cet album qui ressemble parfois à un livre de contes, même les filles ordinaires semblent être sacrément torturées. "An Ordinary Girl" parait tout droit jaillir  d'une froide nuit d'hiver. Une nuit d'hiver ordinaire, dans une ville ordinaire avec des gens ordinaires qui flirtent avec un ennui certain en acceptant leur situation. "Sand And Glue" gratte comme du papier de verre; imaginez qu'on vous badigeonne de colle, puis qu'on vous lâche dans une tempête de sable, voilà qui donne une idée assez précise de comment sonne ce morceau. Déboule ensuite ni plus ni moins qu'une des plus belles chansons du monde (quel objectivité!), j'ai nommé "Avenue Of Hope". Pour tout dire, l’espoir semble s'être évanoui depuis bien longtemps, ne subsistant que cette chanson, ce qui est déjà beaucoup. L'album se referme avec "I Believe", une autre merveille, comme seul John Bramwell sait en pondre.

"Gods And Monsters" n'est pas un album facile d'accès. Pour être franc, à la première écoute, je n'ai pas accroché, mais maintenant, après un nombre non-quantifiable de passage sur la platine, il fait partie de mes disques préférés.

mercredi 24 octobre 2012

N°75 RODRIGUEZ - Cold Fact - 1970


Il arrive parfois que les choses ne se déroulent pas comme elles le devraient. C'est le cas avec la carrière éclair de Sixto Diaz Rodriguez, deux albums studio et puis plus rien, silence total! Et pourtant le mec avait tout pour devenir un grand, des chansons intelligentes et engagées, un parfait mélange de pop, de soul et de folk. Un peu comme si le Dylan de "Freewheelin'" avait lâché Woody Guthrie pour filer chez Stax! Mais revenons à la carrière furtive du monsieur, "Cold fact" en 70 et "Coming From Raeality" en 71, le premier est plus facile d'accès, très concis et pour tout dire parfait. Tandis que le second se savoure réellement sur la durée, après plusieurs écoutes, pour finalement se révéler être encore meilleur que son aîné. Comment ne pas être frustré de ne rien avoir d'autre à se mettre sous la dent après ça? Autre fait marquant, le succès à retardement de Rodriguez en Afrique du sud, durant l’apartheid "Cold Fact" se hissera jusqu'au sommet des charts!!! Mais c'est plus récemment que tout a basculé, avec les rééditions/redécouvertes du (génial) label Light In The Attic, une hype tardive qui poussa Rodriguez à sortir de sa retraite pour aller donner quelques concerts, y compris sur notre vieux continent.

Démarrage brumeux avec "Sugar Man", un homme qui vous fera oublier tous vos problèmes, mais à quel prix? Il n'est bien entendu nullement question d'apologie de la drogue, Rodriguez est trop malin pour ça. "Only Good For Conversation" est plus rageur, c'est le morceau le plus nerveux de l'album, arrogant voire méprisant. La rupture est ensuite totale, "Crucify Your Mind" est une chanson de toute beauté, le texte est lui aussi magnifique et je ne vous cause même pas des cuivres discrets et de la basse ronde à souhait... Plus loin "Hate Street Dialogue" sent bon le folk du début des 70's, rien de très novateur, mais c'est une réussite incontestable. Le bluesy "Inner City Blues" aurait du, dans un monde sensé, devenir un énorme "Hit"; mais que fait la police du bon goût, pourquoi ne verbalise t'elle pas les radios responsables d'un tel gâchis? Rodriguez bifurque pas mal sur ce "Cold Fact", tout en possédant une griffe bien à lui, ce qui est plutôt  rare pour un artiste débutant! Qu'elles soient camouflées façon soul ("I Wonder") ou purement folk ("Rich Folks Hoax"), les chansons de Sixto débordent d'âme, et ça, c'est tout bonnement indispensable...

Inutile de préciser que le travail de réédition de Light In The Attic est parfait. Le son est génial et le livret plus que copieux; seule ombre au tableau, l'absence de bonus...

lundi 22 octobre 2012

N°74 DR JOHN - City Lights - 1978


Finis les rituels vaudou, finis les indiens, le bon docteur lâche un peu ses oripeaux et le folklore de la Nouvelle-Orléans pour partir vers la grande ville. Un vol de nuit vers les lumières attirantes, celles trop nombreuses qui transforment les hommes en moustiques hypnotisés. Trois longues années séparent "Hollywood By The Name" de ce "City Lights". Et presque dix depuis "Gris-gris", que de chemin parcouru pour le jeune Malcolm John Mac Rebennack Jr., pianiste prodige ayant joué sur un nombre incalculable de disques avant de se lancer avec brio dans une carrière solo. Dr John fut un session man au moins aussi important en Amérique que Jimmy Page l'était en Angleterre.

L'ambiance est urbaine, nocturne et enfumée. Un virée en ville, voilà ce que nous offre le bon docteur. "Dance The Night Away With You", c'est de la séduction, un morceau jazzy et cool. Le ton du disque est donné d'emblée, la nuit promet d'être longue. "Street Side" est plus soul et saoule, changement de club, les choses sérieuses commencent. C'est le piano qui mène la danse, ça débute tout doux puis ça monte et monte encore, avant de virer funk pour l'extase finale. Difficile de se remettre d'un tel morceau. Heureusement "Wild Honey" poursuit sur la même voie grâce à un groove imparable. Petite pause, la pluie s'invite à la fête. C'est l'heure du baiser, un baiser de cinéma, romantique et pour tout dire très cliché, mais puisque nous sommes là, autant vivre les choses à fond. Le feu chasse les trombes d'eaux. Avec "Fire Of Love" c'est toute la Nouvelle-Orléans qui déboule sans crier gare! Une chanson pour les déracinés partis goûter un peu du rêve Américain. Mais les bonnes choses ont une fin, et la nuit se termine déjà, les premières lumières du jour nous conduisent vers un matin blême. La gueule de bois menace, la magie s'évapore dans les vapeurs d'alcool. De jour, la grande ville semble grise et triste, il est grand temps d'aller se coucher. "Too many city lights, too many midnight on the wrong side of life.."

samedi 20 octobre 2012

N°73 BLUE ÖYSTER CULT - Agent Of Fortune - 1976


"Qui a peur de la faucheuse?" Certainement pas la confrérie du culte de l'huitre bleue...

"Agent Of Fortune" marque un tournant capital dans l'histoire du groupe, celui du virage pop, voire commercial, qu'empruntent beaucoup de formations de hard rock à un moment ou un autre. "Don't Fear The Reaper" sera le premier véritable hit de Blue Öyster Cult, faut dire que la chanson est superbe, mais globalement ce nouvel album ne soutient pas la comparaison avec la formidable trilogie que forme "Blue Öyster Cult", "Tyranny And Mutation" et "Secret Treaties". Mais il est moins lourd, et verse parfois dans l'horreur de pacotille, ce qui fait toujours rudement plaisir!

Ça démarre fort avec l'efficace "This Ain't The Summer Of Love"; le ton est donné d'entrée de jeu, le temps de l'amour est passé, place à la baston. Ça bastonne d'ailleurs très fort au niveau des guitares, Bloom, Lanier et Buck Dharma se lancent dans une joute de tous les diables. A peine commence t'on à être chaud que le groupe coupe l'herbe sous nos pieds avec "True Confession", un rock bien mainstream. Non pas que le titre soit mauvais, mais il n'est pas du tout à sa place. Pas bien grave, car le titre qui suit est un chef-d'oeuvre, mais oui c'est bien lui, "Don't Fear The Reaper". Superbe de bout en bout avec ses entrelacs de guitare et ses voix multiples semblant sortir d'un rêve étrange. La mort rôde en aiguisant sa faux, mais sa menace n'y fera rien. A noter la présence au chant et à l'écriture de la jeune Patti Smith sur "The Revenge Of Vera Gemini", autre sommet de l'album. Rarement groupe de hard n'aura été aussi inventif. "Sinful Love" est lui aussi très efficace (le refrain qui tue) et son ambiance chargée rappelle ces bonnes vieilles séries B des 80's. La faucheuse cède sa place aux vampires avec "Tattoo Vampire", un morceau qui sonne très Alice Cooper, grand-guignol à souhait, un vrai régal. Le reste est nettement moins intéressant, pas franchement à la hauteur d'un tel groupe.

La récente réédition possède son lot de bonus, dont un très bon premier jet de "Fire Of Unknown Origin", enregistré pour "Agent Of Fortune" mais écarté pour une obscure raison. Il y a aussi une version démo de "Don't Fear The Reaper" qui dépasse l'entendement, supérieure à la version définitive sur tous les points!

vendredi 19 octobre 2012

N°72 THE CRAMPS - Psychedelic Jungle - 1981


"La saison de l'horreur commence, les Zombies sortent de la terre, les lycanthropes hurlent sous la pleine lune et les vampires plantent leurs crocs dans nos cous alléchants. La nuit de la Samain approche, avec ses sacrifices et ses dieux en colère" Bientôt Halloween, quoi!

"Psychedelic Jungle" est le second long-jeu des Cramps. Si, sur la forme, l'album semble décliner la formule initiée avec "Gravest Hits" et "Songs The Lord Taught Us", sur le fond, il est diamétralement opposé. On a souvent tendance à croire que le groupe de Poison Ivy et Lux Interior a toujours refait le même album, un peu à la manière des Ramones, mais dans les deux cas ceci est totalement faux. Les incessants changements de personnel au sein du groupe ont toujours façonné leur son. Ainsi, en claquant la porte, Bryan Gregory, le premier guitariste, emporte avec lui la furia bruitiste des débuts. Du coup, "Psychedelic Jungle" est plus calme, il porte à vrai dire assez bien son titre, sans pour autant partir dans des délires lysergiques. Assez paradoxalement, malgré un petit côté vaguement psyché, sur cet album les Cramps épurent au maximum. L'ossature des morceaux est visible à chaque instant, mais ceux-ci ne sont évidemment jamais rachitiques.

Départ pour la jungle pschédélique avec le bien nommé "Greenfuz", un morceau lourd porté par une rythmique solide et des guitares fuzz noyées sous la voix cinglée de Lux Interior; du Cramps pur jus. Ensuite, "Goo Goo Muck" et "Rockin Bones" poussent la formule psychobilly dans sa forme la plus primaire. Le groupe se dénude, ose la limpidité. Parfois le tempo accélère dangereusement, dans ce cas là, les Cramps semblent être un Hot Rod incontrôlable lancé à vive allure sur une route sinueuse. Frisson garanti, putain de "Crusher", ce morceau rend fou! "Psychedelic Jungle" alterne reprises et compositions personnelles, mais à l'écoute il est bien difficile de savoir qui est qui, tant le disque est homogène. Petit détour africain avec "Jungle Hop", Afrique cannibale, Afrique de tous les fantasmes, celle des vieux comics horrifiques et des nouvelles frissonnantes des 50's. Une dernière question pour la fin: Que se passe t'il derrière la porte verte? La copulation sans doute, enfin un peu de sexe! La tension sexuelle étant toujours à son comble, la faute à Poison Ivy et ses poses de Pin-up diabolique. Toujours est t'il que "Green Door" est une merveille, un sommet assez méconnu des Cramps. L'ultime sucrerie empoisonnée de "Psychedelic Jungle", peut-être le meilleur album du groupe...

En fait, des Cramps, j'aime tout, même le moins bon, et selon les (mes) périodes, le moins bon devient le meilleur et inversement... Ce n'est pas très clair, mais c'est ainsi.