samedi 28 décembre 2013

BILAN 2013 - Bonus: une paire d'inclassables

Pour faire suite au Top 10, paru il y a peu et qui établissait le classement des dix meilleurs albums de l'année selon Les Chroniques de Toorsch'. Voici un petit supplément, qui contient deux disques inclassables, un live et une compilation qui ne démérite pas (loin de là) face aux créations originales (albums studios) d'une année désormais moribonde. 


Peut-être l'album que j'ai le plus écouté cette année. En tout point parfait, ce live vous colle du frisson par cargaisons entières. Ryland Cooder est sans doute le musicien le plus mésestimé par le grand public de l'histoire du rock. Guitariste slide admirable, musicien du monde, génial créateur de bandes-originales, l'homme n'est pas des plus faciles à suivre, mais c'est toujours un bonheur. Un peu comme si l'on trouvait le Graal plusieurs fois d'affilée. Alors quand le type décide de publier un nouvel album live près de trente ans après Showtime, son précédent enregistrement en public, il y a de quoi se réjouir. 

Live In San Francisco est un chef-d'oeuvre du genre, en toute objectivité, nous sommes ici en présence de l'un des meilleurs albums live jamais gravés. Le son est dément, la prestation grandiose, le choix des morceaux frise la perfection, le seul défaut de ce disque est de ne pas être double. Pour tout dire, avant de l'écarter du Top 10, j'ai longtemps songé à lui offrir la première marche du podium...


Pour des raisons évidentes de temporalité, je ne pouvais décemment pas inclure cette compilation pourtant parue durant l'année dans le précédent palmarès. 

Cosmic Machine est un voyage temporel vers une époque où la science-fiction faisait partie intégrante d'un certain type de musique électronique. Cela peut paraître désuet ou cheap pour une paire d'oreilles du nouveau millénaire, mais c'est un régal de tous les instants, qui se savoure comme on parcourt une bonne vieille bande-dessinée de science-fiction naïve. D'ailleurs l'illustrateur de la couverture n'est autre que Philippe Druillet, dessinateur ayant œuvré pour Métal Hurlant, la boucle est bouclée.

Si les spécialistes ou les puristes ne trouveront rien de bien original à se mettre sous la dent, les autres se délecteront de ces pièces synthétiques presque toutes extraordinaires. De plus que ce soit en vinyle ou compact-disc, l'objet est carrément beau, ce qui ne gâche rien...

Voilà, c'est tout pour cette année, je vous donne rendez-vous en l'an 14 pour de nouvelles aventures...

lundi 23 décembre 2013

WILD COVER Christmas Special: LEMMY KILMISTER, BILLY GIBBONS & DAVE GROHL - Run Rudolph Run - 2008


Un petit Wild Cover hors-série spécialement pour le réveillon... avec un jour d'avance.

"Run Rudolph Run" est sans doute LE morceau-rock de Noël. Popularisé par Chuck Berry, il a depuis jouit d'un grand nombre d'interprétations diverses et variées. De Keith Richards à CeeLo Green en passant par Brian Setzer (formidable version live!!!), tout le monde a glissé ce rock n' roll survitaminé dans la hotte du Hotrod de (Sugar)Daddy Christmas.

Mais il existe une version qui dynamite toutes les autres, une version de bâtards barbus qui vous souhaitent un Joyeux Noël comme un bon gros Motherfucker! Réunis autour du feu à l'occasion de la compilation We Wish You A Metal Xmas, Lemmy, Billy et Dave s'éclatent comme des fous sur ce bon vieux rock bien rétro (enfin de là d'où je viens, c'est un bon vieux rock bien rétro). Violent, gras, un brin vulgaire, on en attendait pas moins de ces trois pirates, désolé Keith, tu peux bien parader dans les Caraïbes, mais les vrais flibustiers sont ici!

jeudi 19 décembre 2013

N°131 - CHRISTMAS RULES - Various Artists - 2012


Dans la veine de la série d'albums A Very Special Christmas qui voyait défiler en son sein pléthore d'artistes plus ou moins talentueux de la scène internationale, voici Christmas Rules qui lorgne du côté de l'alternatif. Aux grands noms de la pop moderne, The Shins ou Calexico, s'ajoutent quelques signatures moins réputées mais non moins intéressantes telle que la grande Holly Golightly ou encore un petit jeune nommé Paul McCartney, qui semble promis à un brillant avenir. 

Avec "Wonderful Christmastime" les Shins frappent très fort, nous offrant une relecture joyeusement pop de ce morceau de Paul McCartney (il est partout lui...), on y retrouve la même énergie naïve qui éclaboussait les enregistrements hivernaux de Phil Spector. Au rayon des belles choses citons également "Green Grows The Holly", splendide sous les mains expertes de Calexico, ou encore le langoureux "Baby It's Cold Outside" divinement troussé par le duo formé de Rufus Wainwright et Sharon Van Etten. Escale celtique avec Sallie Ford et Black Prairie via un "(Everybody's Waitin' For) The Man With The Bag" digne des Pogues de la grande époque, frisson garanti. En toute logique, le disque se termine avec le traditionnel "Auld Lang Syne", cette fois-ci, c'est Andrew Bird qui s'y colle transformant cet hymne du Nouvel An en un morceau country que n'aurait pas renié Hank Williams.

Comme toujours avec ce genre d’exercice, il y a du bon et du moins bon. Fun. pour ne citer que les pires, assassinent littéralement "Sleigh Ride" au travers d'une version synthétique à la laideur peu commune, de plus, au chant l'atroce Nate Ruess en fait des caisses comme d'habitude. Mais globalement, l'album est franchement réjouissant et mérite largement de figurer sur votre playlist de Noël.

mardi 17 décembre 2013

N°130 - WILD BILLY CHILDISH & THE MUSICIANS OF THE BRITISH EMPIRE - Christmas 1979 - 2007


1979, le Père Noël est un punk, il pisse dans les souliers, vomit son vin chaud sur la dinde aux marrons et fout le feu au conifère exhibant fièrement ses décorations dans le séjour. Les gosses vivent un vibrant traumatisme, quand soudain le son saturé de la guitare électrique résonne contre les murs, c'est ce bon vieux Billy Childish qui débarque accompagné de ses musiciens de l'empire britannique. En dignes héritiers des Sonics, notre trio défouraille un rock brut de décoffrage, mal dégrossi, mais diablement jouissif. De quoi faire vaciller les plus étincelantes des guirlandes.

D'entrée, on en prend plein la gueule avec une relecture très crado du déjà bien poisseux "Santa Claus" de ces vieux roublards de Sonics. Ambiance garantie. S'en suit un "Christmas Lights" en mode rock garage millésimé qui envoie du bois de traîneau, le son est toujours aussi dégueulasse, il porte la patte graisseuse du sauvage Billy. "Father Christmas Is Dressed In Green", "A Poundland Christmas" ou "Merry Christmas Fritz", tout cela sent bon la bière tiède et le Fish & Chips froid, un bon gros réveillon de Lads en somme. Assurément dépaysant pour le pékin moyen. Wild Billy et ses sbires convoquent également les fantômes des Ramones le temps d'un morceau génialement pop intitulé "Mistletoe". On plonge finalement dans le chaos avec "Christmas Hell", une intense scène de ménage sur fond de blues anglais incandescent. Guitare saturée, rythmique lourde et harmonica omniprésent, on se croirait carrément sur le premier album des Pretty Things. L'affaire se termine avec le morceau-titre, punk British typique, tant par le ton que par l'humour. "Merry Fuckin' Christmas To You All..."

Christmas 1979 est un album concis qui ne faiblit jamais, toujours sur la corde raide, collé à la ligne blanche.

lundi 16 décembre 2013

TOP TEN : Bilan 2013

Quand arrive l'heure du bilan, il est bien difficile de trancher, de savoir quel disque est plus valable qu'un autre pour figurer dans son petit palmarès personnel. Les magazines spécialisés ont déjà tous dégainé leurs top machin via les réseaux sociaux, avec des choix qui n'appartiennent qu'à eux, mais qui tendent tout de même vers une certaine uniformité. Un consensus faisant la part belle à Kanye West et autre Daft Punk, en passant même par une certaine Miley Cirus (n'est-ce pas Rolling Stone U.S?), c'est pas la joie... Donc, sans plus attendre voici le top dix des Chroniques de Toorsch', un bref bilan de l'année passée.


10 - JACQUES HIGELIN - Beau repaire

L'autre grand Jacques nous est revenu cette année avec un album plus nuancé, plus acoustique et très beau. Dans la veine de son "classique" Tombé du ciel. Un bon cru.

09 - AGNES OBEL - Aventine

Un second album sans prise de risque, mais toujours magnifique. Peut-être moins immédiat que le premier opus, mais la magie opère toujours. Agnes poursuit sa route de bien jolie façon.



08 - THE WARLOCKS - Skull Worship

Près de cinq années de silence séparent Skull Worship de son prédécesseur, mais le résultat est là. Nous sommes en présence d'un album de psychédélisme noir absolument divin.


07 - UNCLE ACID & THE DEADBEATS - Mind Control

Avec ce troisième disque, les anglais passent à la vitesse supérieure, peaufinant et affûtant leur art. Ils se posent désormais en dignes héritiers de Black Sabbath.



06 - I AM KLOOT - Let It All In

Certes Let It All In n'est pas le meilleur album du groupe, mais il possède tout de même cette petite touche magique qu’insuffle I am Kloot dans chacune de ses oeuvres. Il mérite amplement sa place dans le top.


05 - PSYCHIC ILLS - One Track Mind

Voici un disque redoutable, à la fois doux et féroce. De la grande musique psychédélique en tout point parfaite. Good trip assuré!



04 - BOMBINO - Nomad

Pour l'enregistrement de son deuxième album à l'internationale, Bombino s'est envolé pour les Etats-Unis, et avec Dan Auerbach aux manettes, le résultat ne pouvait qu'être grand. Et il l'est.


03 - THE BLACK ANGELS - Indigo Meadow

Quatrième long-jeu pour les anges noirs texans et c'est un sans-faute. Indigo Meadow est sans aucun doute l'oeuvre la plus éclectique du groupe à ce jour. Il est désormais loin le temps de la lourdeur et des drones, la pop a désormais droit de cité chez les Black Angels, et c'est tant mieux.



02 - RACHID TAHA - Zoom

Pas loin d'être le meilleur album du mec. Zoom est riche de nuances et de cultures. Un métissage de chaque instant pour une musique à la beauté sans égale. Il aurait pu se hisser sur la première marche du podium si...


01 - BLACK JOE LEWIS - Electric Slave

...si Black Joe Lewis n'avait pas sorti ça! Electric Slave ou le disque qui tabasse au delà de l’imaginable. D'album en album Black Joe ne fait que s'améliorer, s'en est même effrayant. Bref, le disque de l'année des Chroniques de Toorsch'.
(pour toute réclamation, passez par la case commentaires)

samedi 14 décembre 2013

N° 129 - GURU - Jazzmatazz Volume 1 - 1993


Pour son premier album "solo" le rappeur Guru choisit de créér un manifeste qui tienne autant du hip-hop que du jazz. Mais attention, il est nullement question d'uniquement sampler des morceaux de jazz, non ici il y a aussi de la musique vivante, avec pléthore d'invités des deux bords. Entre autres, Roy Ayers, Donald Byrd et même le tout jeune MC Solaar, bref, du beau monde. Jazzmatazz est un exemple de plus prouvant que la musique se nourrit des ponts et du métissage. Quand la fusion se fait totale, le résultat est souvent grandiose, ici le Gumbo est relevé juste ce qu'il faut et la sauce prend bien, même très bien.

Après une courte introduction durant laquelle notre hôte nous accueille chaleureusement dans le club enfumé tout en nous présentant les invités du soir, les choses sérieuses commencent avec le bouillant "Loungin'". D'entrée de jeu ce qui frappe c'est le moelleux du son, de la pure chaleur de musique noire, ce truc si particulier qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. La trompette de Donald Byrd virevolte sur le groove gras de la section rythmique tandis que Guru pose un rap soutenu mais définitivement cool. "When You're Near" quant à lui, tire plus vers un G-Funk organique mais débarrassé de l’esthétique gangster parfois pesante. Plus loin "No Time To Play" semble tout droit échappé d'une bande-originale d'un vieux film policier de la grande époque, le modernisme en plus; un peu comme si Lalo Schifrin rencontrait le jeune Snoop Dogg. Sur "Take A Look (At Yourself)" Roy Ayers tisse un tapis de good vibes qui s'imbrique à la perfection dans un rap lourd, mais au groove toujours aussi imparable. Mc Solaar vient tranquillement poser sur le colossal "Le bien, le mal", sans doute le meilleur titre de l'ex-petit prodige du rap d'ici.

Au final, entre le jazz et le hip-hop, il n'y a pas de si grandes différences, les deux genres ont mis beaucoup de temps à se faire admettre par les tenants du bon goût et de la morale. Deux musiques respectables pas toujours respectées, la rencontre est évidente et pour tout dire, pertinente.

jeudi 12 décembre 2013

BEN HARPER with CHARLIE MUSSELWHITE - Get up!


Encore une belle rencontre, placée sous le signe du blues cette fois. Du vrai blues sans fioritures, du gras, du vivant, de l’authentique, et non cette mélasse insipide qu'on nous sert trop souvent en essayant de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Pas de ça ici mon gars. Quand Ben Harper accompagné de ses désormais fidèles Relentless 7 rencontre le célèbre harmoniciste Charlie Musselwhite, le résultat botte des culs dans la boue du bayou. 

"Don't Look Twice", riff classique à la guitare acoustique, voix haut perchée, un soupçon de slide, un harmonica lorgnant vers la sonorité du loup et l'affaire est pliée. Aucune tricherie sur la marchandise, c'est qu'il faut faire honneur à l'insigne Stax mise bien en évidence sur la pochette. On passe à l'électrique avec le lourd "I'm In I'm Out And I'm Gone", une touche Hendrixienne noyée dans la pureté du blues, un régal. La ballade "You Found Another Lover (I Lost Another Friend)" renvoie aux grandes heures de Taj Mahal, rien de très original, mais quel pied. Avec l'inquiétant "Ride At Dawn" le groupe passe à la vitesse supérieure, ce chant de soldat possède une touche chamanique qui n'est pas pour déplaire. "Blood Side Out", c'est Johnny Winter en colère, du blues qui cogne dru et file à 200 mph, du tonitruant solo de Charlie, à la rythmique qui bastonne, tout ici n'est que pure énergie. L'aventure se termine avec "All That Matters Now" qui sonne comme ce vieux folk de Louisiane, une musique de porche pour soleil couchant.

Get Up! est un putain d'album, un compagnon de route à la simplicité très agréable. Le meilleur de Monsieur Harper depuis bien longtemps.

mercredi 11 décembre 2013

BILLIE JOE + NORAH - Foreverly


Que se passe-t-il lorsque deux artistes très différents s'associent pour rendre hommage à un groupe culte, et qu'en plus ils se focalisent sur un seul album du dit-groupe, qui à la base est lui-même constitué de reprises du répertoire classique de la musique américaine? C'est à cette question alambiquée que répond ce disque.

Quand Billie Joe Armstrong et Norah Jones unissent leurs voix pour un vibrant tribute à l'album Songs Our Daddy Taught Us des Everly Brothers, le résultat est simplement splendide. Du miel pour les oreilles, du nectar pour les enceintes ou du baume pour le cœur et l'âme. Oh, rien de spécial ici, non, juste de la belle musique traditionnelle américaine interprétée avec simplicité et sans la moindre fioriture, à l'ancienne. Le duo de voix fonctionne à merveille, si Norah Jones est en terrain connu, Billie Joe lui surprend déjà plus, son chant n'est que douceur et volupté; on savait l'homme bon chanteur, mais pas à ce point. Les Everly Brothers étaient les rois de l'harmonie à deux voix, marcher dans leur sentier n'est donc pas une chose aisée, et pourtant notre improbable binôme relève le défi haut la main.

Que ce soit sur les morceaux purement country tels que "Roving Gambler", "Long Time Gone", "Silver Haired Daddy Of Mine" ou les ballades épurées "Kentucky", "Down In The Willow Garden", la magie est au rendez-vous. Mieux encore, "Put My Little Soes Away" qui referme la galette se paye même le luxe d'être supérieure à la version des frangins, pourtant magnifique. Tout du long, l'orchestration est impeccable, seules quelques zébrures de guitares électriques apportent par endroit de subtiles touches de modernité. 

Foreverly est un heureux incident, un mariage réussi, une vraie belle rencontre. Voici un disque fort simple qui fait le plus grand bien.  

mardi 10 décembre 2013

THE BLACK WAVES - Thousands Of Visions


Décidément cette année fut placée sous le signe du psychédélisme noir, les groupes du genre ont attaqué sur tous les fronts, peu importe les nations. Des chiliens de Föllakzoid, aux anglais d'Uncle Acid en passant par ces texans de Black Angels, tous ont dégainé en même temps pour le plus grand plaisir des cramés en manque de trip. C'est maintenant au tour de la France d'envoyer une fusée sonique dans l'hyper-espace avec un jeune groupe lillois fort prometteur, les Black Waves. Même son lourd et vrillé que les cousins texans, même esthétique millésimé et surtout même parfum vénéneux. Clairement les vagues noires caressent les anges à l’identique couleur, avec un premier album en tout point efficace.

"The Shepherd", "Full-Time Dreamers" ou "1000 Miles Away" vous entraîneront dans un vortex acide dont il sera bien difficile de sortir. Ce qui frappe d'entrée de jeu c'est la rigueur avec laquelle le groupe étire les sons sans jamais perdre la maîtrise des morceaux. Alors certes cela manque un peu d'originalité, mais qu'importe, le plaisir est bien là. La vraie différence viendra avec "Levitation", le genre de titre qui fait toute la différence, entre une introduction renvoyant directement à ce que faisaient les Goblin pour habiller les films de Dario Argento, et une seconde partie toute aussi suffocante, c'est un sans faute. Plus loin, "A Last Kick In The Head" défonce les portes tant traversées de la perception avec une jouissance non feinte, un grand moment.

Sans révolutionner le genre, The Black Waves nous offre un premier album franchement réussi et dense. Pour amateurs de la chose psyché.

Lien Soundcloud

Site du groupe

vendredi 6 décembre 2013

N°128 - NINO FERRER - Concert chez Harry - 1995


Voici probablement l'un des albums live les plus émouvants jamais gravés. Concert chez Harry est d'une rare intensité, il réussit le tour de force d'être à la fois intimiste et énergique. Nino y est grand, magistral, il survole l'orchestre avec une telle grâce que cela en devient surnaturel. Et puis techniquement, la prise de son est parfaite, si ronde, si chaude, les basses vous réchauffent le cœur tandis que les aigus vous chatouillent les tympans sans jamais les agresser.

Après une courte plage d'introduction et avant d'entamer une superbe version de "La maison près de la fontaine", Nino Ferrer lâche avec tendresse ces quelques mots si simples: "Vous allez bien?" suivi d'un timide "Moi Aussi", qui marque profondément lorsque l'on connait la suite. "La rua Medureida" résonne comme une comptine dans la chaleur de juillet, la présente version est d'une indescriptible beauté. "Notre chère Russie" une fois débarrassée dans sa production studio un peu trop marquée, dévoile enfin toute sa richesse et sa puissance. Après un "Trapèze volant" à l'interprétation proche du cœur et à l'os, Nino se lance dans un diptyque plus léger comme pour évacuer cette ambiance trop lourde qui plane. "Le Telefon" en version guitare-voix s'offre une seconde jeunesse tandis que "Mirza" se fait coiffer d’oripeaux gospels du plus bel effet. Plus loin c'est "Le Sud" que Nino nous livre sur un plateau. "Le Sud" est sans conteste l'une des plus belles chansons jamais composées, elle prouve que l'homme est capable, parfois, d'offrir de la beauté; elle rassure autant qu'elle désarme. La présente version est d'une intensité troublante, belle à faire pleurer. L'album se referme avec un inédit tout à fait délicieux écrit en partenariat avec William Shakespeare lui-même, "Homlet" pose encore et toujours cet éternel dilemme "Etre ou ne pas être? Telle est toujours la question, et il y a toujours jamais person qui y répond!"

Dernier témoignage de Nino Ferrer, ce Concert chez Harry est le plus beau des testaments. Un au-revoir plus qu'un adieu, mais Nino manque...

jeudi 5 décembre 2013

THE WARLOCKS - Skull Worship


Fin de cinq années d'un silence pesant, les sorciers psychédéliques sont enfin de retour... Après un début de carrière plutôt prometteur (Ah Phoenix, ce putain d'album rétro-psyché de folie...), le groupe a explosé en plein vol avant de se métamorphoser (à la suite d'une perte de personnel drastique), en un diamant noir distillant un rock psychédélisme obscur totalement dénués de la moindre lueur d’espoir. Skull Worship vient donc, d'après les dires de son créateur, clore la trilogie entamée en 2007 avec le sublime Heavy Deavy Skull Lover.

L'album débute brutalement avec l'oppressant et martial "Dead Generation", les Warlocks nous envoient une armée de zombies affamés en guise de politesse. Le morceau est puissant, l'apocalypse guette et c'est, comme toujours, un véritable plaisir. Le deuxième titre "Chameleon" se veut plus planant, mais non moins noir, sur ce morceau le groupe creuse le sillon entamé il y a près de sept longues années déjà, un locked groove visiblement vampirique et insatiable. Sur "He Looks Good In Space" ce sont les synthétiseurs qui prennent le pouvoir, leurs ondulations vintages sont autant de plaintes électroniques qui se perdent dans l'espace et le temps. Du rock-drone d'une étrange beauté. "You've Changed" s'élève un peu plus vers un semblant de lumière, cette même lueur noire qui éclairait déjà difficilement The Mirror Explodes, le précédent opus du groupe paru en 2009. Pour finir les Warlocks nous gratifient d'un étrange instrumental passé à l'envers, "Eyes Jam" résonne comme une incantation, comme un chant de sorcier moderne et lysergique.

Skull Worship est vénéneux, il suit la même route chaoteuse que ses glorieux aînés. Voici un groupe qui a définitivement réussi sa mutation.

Lien Youtube - Dead Generation

samedi 30 novembre 2013

JSF#7: HOLLY GOLIGHTLY AND THE BROKEOFFS - Medicine County - 2010


FASTER PUSSYCAT KILL KILL! Des filles qui en ont...

La petite protégée de Wild Billy Childish a parcouru bien du chemin depuis ses débuts punk au sein des Headcoatees, le versant féminin et sexy des Headcoats du moustachu Billy. Elle a sauté d'un style à un autre avec grâce et enchantement, maniant le blues avec la ferveur du delta ou la soul avec un son que l'on jurerait échappé de chez Stax, si Stax avait été anglais, cela va de soi. Car oui, l’Angleterre lui colle à la peau, et ce même quand la belle fait de la country comme ici. Depuis un certain temps déjà, cette hyperactive a trouvé au sein des Brokeoffs une sorte de sérénité western. Mais attention, n'y voyez aucune vulgarité de cow-boys, ici ce genre souvent bouseux prend son petit déjeuner au Tiffany's.  

Dès les premières notes de "Forget It" on sent l'étau se resserrer lentement mais inéluctablement, le chant de la dame nous piège, nous faibles hommes, car il se drape dans des dessous chics en dentelle noire. Heureusement que "Two Left Feet" désamorce un peu la chose avec son blues hasardeux et bancal, ça cogne, ça brinquebale, mais dieu que c'est bon. "Medicine County" donne dans le traditionnel western, harmonie à deux voix, rythmique en béton et solo de guitare millésimé. Dans un genre similaire quoique plus électrique, "Escalator" décorne les beaufs-rednecks traînant leurs éperons dans les rades miteux; doux Jésus que cette fille a des couilles... "Dearly Departed" flirte avec la quintessence de la ballade country, de celle qui vous colle le frisson et vous mouille les yeux, sublime. En guise de final, Holly et son groupe nous gratifient d'un "Jack O'Diamonds" redoutable, un blues blanc des frontières, la bande-originale d'un western imaginaire.

Voilà, cette septième édition du grand jeu s'achève ici, elle fut dense, riche et pleine de musique (c'est la base), j'en suis d'autant plus heureux car cette fois, les thèmes étaient les miens. Dans les commentaires, l'ambiance fut très (trop?) souvent électrique, mais comme le rappelle si bien ce vieil adage: "Les coups et les douleurs tout ça! Tavu cousin?!"... Le désaccord est source de dialogues. Ceci étant dit, j'ai découvert de très bonnes choses, entre les disques jusqu'alors inconnus et les nouveaux blogs et blogueurs (je pense notamment au duo juvénile de la pop, merci pour votre bonne humeur les gars!), ce fut une sacrée aventure.

See You Soon les ami(e)s. 

jeudi 28 novembre 2013

JSF#6: ALICE COOPER - Pretties For You - 1969


ENCORE UN PEU VERT! Une première oeuvre pas tout à fait mûre.

Il est des premières oeuvres qui disent absolument tout, des premières oeuvres fécondes, insurpassables et insurpassées, des premières oeuvres si viscéralement parfaites, qu'elles en deviennent des fardeaux pour leurs créateurs. Celles-ci sont de la race des légendes. Mais il y a aussi des premiers jets bancals, mal dégrossis, vulgaires ou simplement mauvais. Pretties For You de l'Alice Cooper Band appartient indéniablement à la seconde catégorie. Non pas que tout soit à jeter sur cet album, mais force est de constater qu'il ne brille ni par sa production, ni par sa composition. Le fait que Frank Zappa ait signé le groupe n'y change rien, celui-ci semble d'ailleurs totalement désintéressé du sort de ses jeunes poulains. 

Les carences de Pretties For You sont d'autant plus visibles/audibles que par la suite, le groupe fera preuve d'une maîtrise furieuse et d'une ambition sans limites. Dès l'arrivée de Bob Ezrin aux manettes sur l'album Love It To Death, Alice Cooper le groupe deviendra l'une des plus redoutables machines de guerre des années soixante dix. Le Coop' et sa bande publieront un chapelet de chef-d’œuvres qui fera très vite oublier ces débuts laborieux. 

Prenons pour exemple concret "Reflected" qui deviendra plus tard "Elected" sur Billion Dollars Babies. Dans sa forme initiale, c'est à dire sur Pretties For You, ce morceau est brouillon, pas désagréable, mais inutilement foutraque. Et pourtant, derrière l'amateurisme ambiant, on décèle du génie... et "Elected", la version remaniée de 1973, confirmera ces soupçons. Le fossé entre les deux est énorme, d'un côté nous avons un sympathique mais banal morceau garage et de l'autre un mastodonte glam-hard flirtant avec la perfection. 

Un faux-départ que ce Pretties For You, mais qui a le mérite d'exister et de prouver que le travail paie toujours.

mardi 26 novembre 2013

JSF#5: DR DRE - 2001 - 1999


SUGAR SUGAR Une oeuvre narcotique, le type de drogue n'a pas d’importance.


La drogue, quoi qu'on en dise, est l'un des plus importants moteurs de l'histoire de la musique; les disques marqués de son sceau sont légion. Il est même possible à l'écoute de certains albums de définir avec quasi-exactitude le type de narcotique utilisé lors de son enregistrement. Ce JSF ne serait pas complet sans rendre un petit hommage à cette dangereuse muse souvent fatale. De l'absinthe au Crystal Meth, cette hydre aux multiples têtes fît jaillir bon nombre de chef-d’œuvres légendaires, mais aussi en cas de Bad Trip, d'infâmes bouses. 

Ne sentez-vous pas cet ample parfum de Weed escalader doucement vos sinus? Le poison vert vous enivre avant même que l'album n'ait débuté, des kilos, que dis-je, des tonnes d'herbe bien verte furent cramées pour sa création; et cela se ressent dans sa sonorité à la cool, ample, ronde, vaporeuse, jamais agressive qui donne envie de se griller un bon gros splif en se laissant engloutir par le fauteuil. 

"The Watcher", gros beat ample, G-Funk 2.0, le son West-Cost dans toute sa splendeur, le refrain entêtant est parasité par la paranoïa verte. D'entrée, on retrouve ce qui faisait le charme de la trilogie formée par The Chronic, Doggystyle et Regulate G Funk Era. Plus loin, "Still Dre" fête les retrouvailles des deux parrains de la West-Coast, Snoop Doog et Dr Dre; ce morceau fut un hit mondial à l'aube du nouveau millénaire, il est d'une efficacité redoutable avec sa rythmique en béton armé, ses samples intelligents et ses flows élastiques; autant d'ingrédients imparables qui une fois assemblés offrent du lourd, du très lourd. Flat beat et cuivres gras, "What's The Difference" est un rouleau compresseur moelleux qui noie l'auditeur dans un macadam fait d'herbe pure toujours apte à vous décrasser les voies respiratoires. Xzibit pas encore pimpé vient poser son flow sur ce titre, secondé par un jeune Eminem aux portes de la gloire. Retour de l’embrumé Snoop (plus tout à fait Doggy) Dogg via l'immense et démentiel "The Next Episode", une tuerie rap comme on en fait plus ou trop peu; encore un tube interstellaire. On frôle le mauvais trip avec le flippant "Murder Ink" qui sample le thème du film Halloween de John Carpenter, heureusement que "Pose 4 Porno" déboule rapidement pour nous "fourrer" d'autres visions moins glauques dans le crâne. Enfin, l'album se referme avec la soul moderne de Mary J.Blige, qui auréole "The Message" de sa présence.

2001 est un classique du Hip-Hop, vous savez ce genre de disque qui marque l'histoire d'un genre pour les dix années à venir. 2001 est ce type de chef-d'oeuvre instantané. 

dimanche 24 novembre 2013

JSF#4: M83 - Digital Shades [volume 1] - 2007


LIFE ON MARS? Une musique d'une autre planète ou presque.


Ce thème je le voulais très libre, aussi libre que l'espace puisse l'être, offrant une palette d'interprétation assez large. Mais comme tous les thèmes peu contraignants, il s'avère finalement assez pointu... J'ai d'abord songé à exhumer un obscur groupe pratiquant une musique tout aussi obscure, avant de finalement me raviser et partir vers le vide même... Si le son pouvait se propager dans l'espace, nul doute qu'il prendrait la forme de ce disque. Ces nuances digitales si belles, si calmes et violentes à la fois. Le son de l’expansion continue.

Digital Shades est le dernier album de M83 évoluant sans aucune contrainte pop ni concessions commerciales. Non pas que la nouvelle musique du groupe soit déplaisante, bien au contraire, M83 a même plutôt bien négocié son virage pop, en témoigne le grandiose Hurry Up, We're Dreaming. Mais Digital Shades est plus profond, plus trouble, plus viscéral, il serpente en état de grâce dans les tumultueuses vibrations des enceintes. Quelques vagues réelles et synthétiques se propagent comme au sortir d'un songe et se répètent à l'infini. "Waves, Waves, Waves", la courte plage d’introduction est douce comme du coton, hésitant constamment entre le bruit et le silence. "Coloring The Void" quant à elle est tout en intensité retenue et en émotion brute; quelques voix résonnent avant de s'éteindre brusquement pour finalement rejoindre le néant. Puis, semblant sortir d'un monde fantastique, "My Own Strange Path" déploie ses longues voiles blanches comme pour mieux recouvrir l'imaginaire corrompu du voyageur immobile. Ce morceau rappelle fortement le travail effectué par G.Moroder sur la bande-originale du film L'histoire sans fin. "The Highest Journey" conclue le trip dans un fracas clinique et beau, comme si la machine se mettait soudain à ressentir des émotions. M83 atteint ici le climax de sa formule tout en se préparant pour les mutations à venir. Digital Shades demeurera tel un fragment dénué de toute corruption.

PS: M83 est avant tout le nom d'une galaxie se trouvant dans la constellation de l'Hydre femelle.

vendredi 22 novembre 2013

JSF#3: RÖYKSOPP - Senior - 2010


MUSIC FROM THE NORTH COUNTRY Un seul mot d'ordre: Nordique!


Avec Senior, Röyksopp renoue enfin avec l'electro planante et hivernale des débuts, Melody A.M; le premier album est clairement dans la ligne de mire de ce quatrième opus intégralement instrumental. Un an après avoir publié un Junior plein de fougue, le duo norvégien pousse plus loin son concept avec un épisode plus doux, plus calme, plus mûr et pour tout dire meilleur. Là où Junior misait sur le battement rapide et efficace, Senior se veut plus éthéré et puise sa force dans la beauté pure. 

Pluie artificielle ou acide, chants d'oiseaux robotiques, le matin se lève sur la post-humanité, des réminiscences obscures et des semblants de vies, "...And The Forest Began To Sing" ouvre divinement. La machine s'éveille enfin, le cœur branché sur le secteur, elle s'anime dans un fracas mécanique qui trouble la lourdeur clinique environnante, les capteurs encore pleins de rêves pré-programmés. Puis elle se lance, servile, dans la folle course de la productivité. La cadence est infernale et "Tricky Two' dérape, comme du Kraftwerk fou, des robots de nouvelle génération. "The Alcoholic", la tristesse de la machine qui consomme de l'huile poisseuse comme jadis l'humain de l'alcool, juste pour oublier que quelque part dans ses circuits, un jour, un homme a programmé la tristesse comme état permanent. Dans la blancheur stérile de son box, la machine s'endort à nouveau, elle choisit un thème pour la nuit, un simulacre de rêverie qui cache une banale recharge de batterie, "Senior Living" résonne comme une berceuse. "The Fear", vieil écho cinématographique d'une mafia binaire dealant des zéros et des uns à des junkies magnétiques branchés sur le network. Surdose de données et la machine rend l'âme dans une ultime simulation de paradis, de japonisants paysages ondulent comme dans un film d'animation; "Coming Home" ou la grande demeure du néant. 

Senior plus qu'un disque est un voyage onirique au cœur de l'automate, à la manière des anciens Tangerine Dream, il est un condensateur de visions. 

mercredi 20 novembre 2013

JSF#2: GREEN DAY - Warning - 2000


TEEN TITAN Un disque usé jusqu'à la corde étant ado!

J'ai dix-sept ans, l'adolescence déjà bien entamée, et l'automne commence à s'installer sur le nouveau millénaire. Une autre année scolaire débute et je n'aime toujours pas ça, ma flemme se heurte aux trop denses et nombreux cours, il va me falloir un peu de carburant positif pour endurer la chose. Des bonnes ondes qui se matérialiseront sous la forme d'un album de douze titres durant à peine plus de quarante minutes. 

Warning est probablement le meilleur disque de Green Day, le plus varié et inspiré, mais aussi celui qui eut le moins de succès. L'album s'ouvre avec l'efficace morceau éponyme, une sorte d'hommage au "Picture Book" des Kinks. Bon, en réalité et pour être tout à fait honnête, "Warning" se dispute le titre du plus gros plagiat de l'histoire du rock avec "My Sweet Lord" de George Harrison. Une entrée en matière certes bordeline niveau éthique, mais tout de même agréable. Le groupe enchaîne ensuite avec un chapelet de titres plus basiquement punk, "Blood, Sex and Booze", "Fashion Victim" ou encore "Church On Sunday", un trio convenu mais diablement entraînant. Rien que des bonnes vibrations. Puis sans aucun signe avant coureur, voici que débarque "Misery", une longue fresque dépeignant les destins croisés de plusieurs personnages, jouissant d'une écriture absolument parfaite, ce morceau est le climax du bousin (comme on dit au Groland). La face B, quant à elle, oscille entre punk rock pur jus ("Deadbeat Holiday" et "Jackass") et folk survitaminé ("Hold On" et "Minority"), le tout joué à l'os et sans la moindre fioriture de production, nous sommes ici encore très loin du son chromé et calibré F.M du futur bestseller qu'est American Idiot

Il y a peu d'albums de cette époque de ma vie que j'écoute encore régulièrement, mais Warning retrouve toujours le chemin de la platine avec le plaisir des premiers jours. Ce disque ne vieillit pas, c'est aussi simple que cela.

mardi 19 novembre 2013

Les corbeaux

Chacune de mes peines est un corbeau accroché à ma veste,
Chaque corbeau se débat pour être libéré,
Chaque libération est une nouvelle énigme,
Chaque résolution me soulage d'un poids,
Mais un nouveau corbeau s'accroche à ma veste,
Et pour être libéré, il se débat.

lundi 18 novembre 2013

JSF#1: JOE DASSIN - Le jardin du Luxembourg - 1976


THE WEAR DON'T MAKE THE MONK! Pochette hideuse mais disque génial.


Non, ne fuyez pas! J'en vois déjà qui tirent la gueule derrière leurs écrans d'ordinateurs. J'imagine aussi les commentaires du genre "Il fallait pas que la pochette soit moche mais que le disque soit bon?". Et bien c'est le cas, Le jardin du Luxembourg est grandiose, par contre il souffre d'une très sérieuse tare: son écrin. Hideux comme ce n'est pas permis, un tel niveau de mauvais goût devrait être passible de peine de mort. De plus, je possède ce disque en glorieux 33t d'époque avec couverture dépliante... Une putain de pochette dépliante pour ça?! Ça n'a absolument aucun sens, cela revient à faire un bon gros doigt à la logique la plus élémentaire! Soit un mec de la maison de disque en voulait sévèrement à Joe Dassin, soit tout le monde s'en foutait, ou les deux. La responsable de ce naufrage se nomme Marina Clément, elle a également "ouvrée" pour Gilbert Bécaud. Je n'ai pas trouvé de page Wikipedia mentionnant que la dame est (ou était) tétraplégique, ce qui aurait constitué une circonstance atténuante...

Mais venons-en au fait. Le contenu, lui, est magnifique et je pèse mes mots. Rien que pour son morceau-titre, ce disque mérite de figurer au panthéon de la musique française, et pas seulement dans la section variété. Du haut des ses douze minutes, "Le Jardin Du Luxembourg" est une fresque aux multiples variations, aux multiples humeurs, une des plus belles chansons d'amour de tous les temps. Une adaptation (comme souvent) d'un titre de Vito Pallavicini et Salvatore Cutugno, mais troussée avec brio.  

Les autres morceaux présents sur l'album ne sont pas en reste, sur les sept titres composant cette livraison de 1976, aux moins cinq sont des tubes; un très bon ratio. "Il était une fois nous deux", "A toi", "Le café des trois colombes" ou encore "Que sont devenues mes amours", tout cela n'est que pur nectar. N'en déplaise aux râleurs...

jeudi 14 novembre 2013

AGNES OBEL - Aventine


Agnes Obel, la magicienne aux chansons agissants comme des sorts, revient en même temps que l'automne. Pour son deuxième album, la jeune Danoise peaufine un peu plus son style, mais sans grands bouleversements, la surprise provoquée par Philharmonics n'est plus, mais la magie demeure heureusement intacte. 

Quelques notes de piano s’échappent des enceintes telles des volutes de brume s'évadant d'un sous-bois humide. "Chord Left" nous accueille chaleureusement comme pour mieux nous faire oublier le froid ambiant. Porté par des cordes discrètes mais amples, "Fuel For Fire" est d'une beauté surréaliste; piégé par l’élixir de la belle, il sera bien difficile de résister à son chant de sirène neigeuse. Agnes Obel lâche un peu sa brocéliande nordique pour un paysage urbain prisonnier du froid. "Dorian", "Aventine" ou "Run Cried The Crawling" semblent émaner d'un mal-être de béton, d'un crachat citadin rêvant de verdure, de l'amour triste en exil. L'orchestration à la simplicité surnaturelle respire comme un corps endormi, le battement près du cœur fait craquer le bois des instruments. Une musique pure. "The Curse" rappelle les débuts de Yann Tiersen, la voix envoûtante en plus. Enfin, "Words Are Dead" traîne sa tristesse comme un diamant noir afin de mieux irradier l'espace d'une lumière intense. 

Certes, la chanteuse ne prend aucun risque avec ce nouvel opus, mais qu'importe, l'intense plaisir est toujours présent. Agnes Obel possède un truc en plus, vous savez cette petite chose indescriptible qui fait les grands artistes. Un minuscule rien qui change absolument tout.

mercredi 13 novembre 2013

COSMIC MACHINE - A Voyage Across French Cosmic & Electronic Avantgarde (1970-1980)


Les rétro-fusées brûlent le kérosène, l'astronef tremble avant de s’élancer dans le temps et l’espace, cap sur planète France, cap sur un monde invisible. Un long voyage vers une galaxie oubliée, un univers de notes en suspens et de sons lumineux et saturés. La machine cosmique renferme le meilleur de la bidouille et de l'avant-garde française de la décennie des défricheurs. Rien que de la qualité, des grands noms, d'autres plus obscurs, mais toujours cette folie ambiante dans la chaleur de la machine. Des trésors datant du temps de l'analogie et de la matière. Vulgarisation ou science-fiction cheap, voici une compilation de rêves pour qui fantasme de décors en carton pâte et de martiens hostiles.

Le trip commence doucettement, tel un rêve de velours grâce à un court mais très bon morceau instrumental de Patrick Juvet. On est ici assez loin de "Où sont les femmes?", l’exploration est de rigueur et la folie permanente. Après cette mise-en-bouche de qualité nous passons à la vitesse supérieure avec la version longue du générique de la légendaire émission des frères BogdanovTemps X. Au rayon des curiosités délicieuses, notons la présence d'un Gainsbourg en totale roue libre synthétique, éjaculant vigoureusement son "Le physique et le figuré"; un grand moment de démence electro-pop. Il y a aussi l'isolement moderne "Love Machine" de Space Art, une espèce de Kraftwerk injecté de pop acide et de hip-hop. L'immense François De Roubaix nous gratifie d'un bref mais inquiétant "Survol", une pièce de choix. Jean-Jacques Perrey, l'un des pionniers de l'electro en France est aussi présent via son tube, "E.V.A", une tuerie futuro-pop voisine du "Psyché Rock" de Pierre Henry. Preuve que la French-Touch n'est pas née dans les années 90...

Les illustrations de Philippe Druillet échappé de Métal Hurlant offrent à cette compilation un écrin à la hauteur de ses ambitions. Contenant et contenu de qualité en somme, voici la compilation indispensable de l'automne.

mardi 12 novembre 2013

Renaud, pourquoi d'abord? 75-95


Depuis longtemps Renaud nous a laissé tomber (ou béton, c'est selon), le salaud, il a baissé les bras pour partir se réfugier dans les jupons de la fée anisée, cette salope. Longtemps, je lui en ai voulu, je n'écoutais plus ses disques, trop de mépris et de trahison. Et pourtant, depuis un petit moment déjà, je réhabilite, je redécouvre l'homme et son oeuvre avec le plaisir des premiers jours, le doux parfum des premières fois. C'est que le gars a bercé mon adolescence, ses albums ont rythmé ma vie de jeune homme cherchant des causes à porter avec la démagogie entière et forte de l'ignorant. Bien sûr Renaud est manichéen, mais ce reproche trop souvent entendu n'en est pas un, car il l'est avec la droiture du cœur, l'aplomb du poète et la faiblesse de l'homme. Gavroche, loubard, tendre ou alcoolique, le Renard endosse chaque rôle à l'extrême et jusqu'à l'épuisement. Malheureusement, celui du soiffard a la peau dure, il a eu raison de son inspiration et très probablement de sa vie. Renaud s'est fait dévorer par le Renard, tout comme Gainsbourg par Gainsbarre, cet exemple-étalon tout autant pathétique. Gainsbarre, le monstre de foire ou Renard l'alcoolo solitaire hibernant dans sa tanière, refuge d'un éternel hiver; les deux sont tristes à pleurer. Eh Renaud, pourquoi d'abord tu joues au con? 

Allez en souvenir du bon vieux temps, et des larmes pleins nos bières, nous allons voyager ensemble de Paname à la Belle de Mai. Un bien joli parcours, une épopée longue de vingt ans et lourde d'une dizaine d'albums studio, tous de qualité.


1975 - "Amoureux de Paname"

Un premier album encore très hésitant, mais qui contient tout de même son lot de titres forts dont le légendaire brûlot "Hexagone". Au rayon des bonnes choses on retiendra également "Société, tu m'auras pas!" ou encore "Amoureux de Paname", une étrange charge anti-écolo à l'opposée des convictions futures du chanteur énervant. Gageons qu'il ne s'agisse que de provocation gratuite et puérile. Sur ce premier disque Renaud joue encore un rôle de composition de chanteur réaliste, "La java sans joie" ou "Le gringalet", tout cela fleure bon les influences mal digérées. Le loubard causant le verlan n'a pas encore fait son apparition, le blouson de cuir non plus. "Amoureux de Paname" n'est pas un indispensable, mais malgré sa production hasardeuse et son écriture manquant encore souvent d'assurance, il mérite qu'on y prête une oreille attentive. 

1977 - "Laisse béton" ou Place de ma mob'

C'est ici que les choses sérieuses commencent, avec ce deuxième album, Renaud trouve enfin le ton qui va faire sa gloire. La mob', le cuir, les Santiags et le verlan, autant d'ingrédients qui s'inscriront durablement dans l'ADN du chanteur. Le disque s'ouvre avec le tube "Laisse béton", une fresque de la loose superbement bien écrite et rondement menée. L'album contient également la très belle "Chanson du loubard" écrite en partenariat avec Muriel Huster ou encore "Les charognards", un morceau d'une noirceur abyssale qui raconte l'histoire vraie d'un braquage qui tourne mal. Dans un autre registre, Renaud nous offre aussi quelques chansons non dénuées d'humour telles que "Germaine" ou "Mélusine". En douze morceaux et quelques trente-cinq minutes Renaud entre avec fracas dans la cours des grands, le succès est enfin au rendez-vous.


1979 - "Ma Gonzesse"

En 1979 Renaud publie un troisième album plus tendre, moins énervé et pour tout dire, un peu en-dessous. Loin d'être mauvais "Ma Gonzesse" pêche tout de même par son manque de titres forts. Il y a bien sûr "Chanson pour Pierrot" ou encore "Ma gonzesse" qui deviendront des classiques du répertoire live du chanteur. Mais à côté de cela, "Chtimi Rock" ou "Sans Dec'" donnent un peu dans le remplissage, ces titres plus faibles demeurent tout de même très agréable, malgré un réel manque d'envergure. L'écriture s’affine encore un peu sur "La tire à Dédé", un portrait à la fois concis et complet, drôle et émouvant, violent et tendre. Du Renaud dans toute sa splendeur. 

1980 - Marche à l'ombre

Renaud entre dans les eighties avec un album teigneux jusqu'au bout des ongles, qui débute avec la chanson-titre, une sorte de remake inversé et énervé de "Laisse béton". Le succès va grandissant; l'expression "Marche à l'ombre" entrera elle aussi dans le langage courant. Autre marlou, autre climat, voici que débarque Gérard Lambert, le Hell's Angel maudit; dans ce morceau, Renaud abat le quatrième mur et s'offre le rôle du petit prince du bitume, hilarant. Nouvelle fresque sociale avec "Dans Mon H.L.M", qui confirme encore un peu plus les talents de portraitiste du chanteur énervant. Au travers de la faune d'une cage de béton, Renaud dresse un joli panorama de la société française d'alors. Avec "Où c'est que j'ai mis mon flingue?" le loubard dézingue tout ce qui bouge: flics, bourgeois, journalistes, politiques et même le show-biz, tout le monde y passe et c'est bien fait pour leurs gueules de cons! Qu'il est bon de tirer à vue parfois. Marche à l'ombre reste encore aujourd'hui l'un des albums les plus aboutis Renaud.


1981 - Le retour de Gérard Lambert

Dans la continuité de Marche à l'ombre, le chanteur énervant publie Le retour de Gérard Lambert en 1981. L'album se veut plus varié que son prédécesseur, la sonorité est également plus marquée par les années 80. "Banlieue Rouge" dépeint le portrait d'une vie ordinaire baignant dans l'ennui banal d'une banlieue terne, grise avant d'être rouge. Le semi-autobiographique "Manu" raconte déjà la peine et la fausse consolation que l'on trouve dans l'alcool, mais toujours avec l’espoir et l'envie de combattre. La résignation n'est pas encore à l'ordre du jour. Le très cinématographique "Retour de Gérard Lambert" apporte un peu de légèreté et d'humour ciselé en guise d'air frais. Entre un hommage à son grand-père du côté maternel ("Oscar"), une chronique anti-dope ("La Blanche"), une autre anti-cons ("Mon beauf'"), Le retour de Gérard Lambert ne manque pas de moments forts ni de variété.  

1983 - Morgane de toi

L'album de la maturité, celui par qui le succès devient réellement colossal, peut-être même trop pour le communiste Renaud. Après avoir pris le large à bord de son propre bateau, le loubard au cœur tendre regagne la terre ferme avec dans sa besace une série de chansons absolument géniales. Avec "Morgane de toi" ou "En Cloque", c'est le Renaud père de famille qui parle, un homme nouveau, un homme plus tendre. "Dès que le vent soufflera" quant à lui, est le récit du fameux périple raté sur les océans du globe; un autre classique immédiat. Toujours engagé, le Séchan ne cesse de prendre partie pour diverses causes telles que l’intégration ("Deuxième génération"), ou l'écologie et le service militaire ("Le déserteur"). "Près des autos-tamponneuses" prouve que que le chanteur n'a rien perdu de son humour si particulier, plus british que franchouillard. Morgane de toi est le premier album de Renaud à dépasser le million d'exemplaires vendus. 


1985 - Mistral gagnant

Le succès toujours grandissant, Renaud publie l'album Mistral gagnant tout en fêtant ses dix ans de carrière, c'est également son premier disque pour la major Virgin. Enregistré en partie aux États-Unis, cet opus se veut plus dans l'air du temps soniquement parlant. Ainsi les rock lourds, tels que "Fatigué" ou "Si t'es mon pote", ont plutôt mal vieilli malgré leurs qualités intrinsèques. L'album est porté aux nues via son morceau-titre, peut-être la chanson la plus connue du chanteur. Une fable empreinte d'une forte nostalgie de l'enfance disparue, doublée d'une déclaration d'amour à sa fille Lolita. Avec "Miss Maggie", c'est le Renaud vachard qui fait son grand retour en fustigeant violemment mais intelligemment Margaret Tatcher. Les anglais ne goûteront que très modérément l'humour acerbe de notre trublion national. Une nouvelle fois, Renaud prendra la défense de l'enfance corrompue par l'adulte au travers de "Morts les enfants", un titre dur et sans concessions. Agitateur de conscience le Renard...

1988 - Putain de camion

Coluche est décédé, les illusions rouges sont mortes de leur belle mort, c'est la fin de la parenthèse enchantée pour Renaud. "Lolita n'a plus de parrain, nous on n'a plus notre meilleur copain...", ces paroles résument assez bien le climat régnant, l'ambiance n'est plus à la fête. Putain de camion, l'album ne rencontra pas la même gloire auprès du public que les deux précédents, la faute sans doute à une production médiocre et des chansons globalement moins bonnes. Hommage en noir et blanc au vieux Paris de Robert Doisneau avec le splendide "Rouge-Gorge"; hommage toujours, mais à Johnny Clegg cette fois, via le très engagé "Jonathan". Sur ce disque Renaud se tourne définitivement vers le monde et plus particulièrement vers l'Afrique, il profite également de son brûlot sombre "Triviale Poursuite", pour rendre à son tour honneur a Nelson Mandela.


1991 - Marchand de cailloux

Sonorités irlandaises ou plus éthérées, c'est un Renaud métamorphosé qui revient en cet automne 1991. Si le chant est plus posé et la musique plus naturelle, le fond lui est toujours aussi engagé. Un engagement qui désormais prend des allures plus poétiques et imagées. "L'aquarium" en est un bel exemple, Renaud y fustige tous les preneurs de têtes, mais avec malice et intelligence. La récurrente nostalgie de l'enfance fait elle aussi son grand retour, "Les dimanches à la con" raconte l'ennui des fins de semaines et l'angoisse des lundi d'école. Basé sur traditionnel irlandais, mais aussi sur une chanson de Bourvil, "La ballade Nord-Irlandaise" traite de l'éternelle guerre religieuse qui gangrène le vert pays de la Guiness. Il y a aussi sur ce disque un vibrant hommage à Mitterand et un autre moins vibrant au Paris-Dakar. Marchand de cailloux est un album finalement assez méconnu, qui mérite pourtant d'être redécouvert.

1994 - A la Belle de Mai

Encore moins réputé que le précédent ("seulement" 600.000 exemplaires vendus, soit l'un des plus mauvais scores de la carrière du chanteur), A la Belle de Mai est à mon sens le meilleur album de Renaud. Musicalement plus abouti, poétiquement plus poétique, cet opus mérite sa place au panthéon de la musique d'ici. "La ballade de Willy Brouillard", "Le sirop de la rue" ou "Son bleu", rien que du sublime, Renaud a pour l'occasion des ses quarante printemps, trempé sa plume dans la plus belle des encres. L'album se clôt sur un pamphlet antimilitariste nommé "La médaille". Cette chanson créa une nouvelle fois la polémique suite à sa diffusion sur France-Inter, l'ASAF (Association de Soutien à l'Armée Française) porta plainte contre la radio jugeant les paroles trop offensantes. Une offense bien méritée et menée sans la moindre vulgarité qui plus est. Du grand art.

Pour "La médaille" et tout le reste, Renaud laisse pas béton...

jeudi 7 novembre 2013

EMINEM - The Marshall Mathers LP2


Voici sans doute la parution Rap de l'année, pensez donc, Eminem revient aux sources de son art. Après un long silence suivi par deux albums plutôt médiocres, il y avait de quoi se questionner sur la santé artistique du bonhomme, mais toutes les craintes semblent s'éteindre ici. The Marshall Mathers LP 2 fait suite au classique paru il y a déjà 13 ans, et s'il n'a pas tout à fait la tenue de ce dernier, il n'en demeure pas moins un disque absolument grandiose. La valse des producteurs pénalise l'album d'une hétérogénéité pas toujours très agréable. En effet, certaines productions ont du mal à soutenir la comparaison, ainsi "The Monster" interprété en duo avec Rihanna, fait assez pâle figure face au très Old School "Berzerk" produit par le légendaire Rick Rubin. Du coup, il manque à ce MMLP2, l'aspect entier et accidentel de son illustre aîné. Un défaut bien vite effacé à l'écoute d'un "Ryhme Or Reason" dynamitant "Time Of The Season", le standard des Zombies, une tuerie sur lequel le flow démentiel d'Eminem fait des merveilles, ou encore "Rap God" auréolé par son record de débit (101 mots en 16 secondes!!!). Slim Shady prouve qu'il n'est pas arrivé là par hasard, une vraie leçon pour toute cette armée de pseudo-rappeurs dont nous abreuvent allègrement les radios et les chaînes de télé. L'album jongle entre du très classique ("Bad Boys" ou "Survival") et du barré bien jouissif, tel que le monstrueux "So Far..." qui tartine la variété la plus crasse de morve et de merde, brillant. "Love Game" est du même tonneau, sublimé par la présence de Kendrick Lamar, ce morceau samplant le "Game Of Love" de Wayne Fontana & The Mindbenders est l'exemple type de ce que le Hip-Hop devrait toujours être... 

Malgré ses deux ou trois fautes de goût MMLP2 est grandiose, c'est l'album que l'on attendait plus de la part d'Eminem. Pas simplement l'album de rap de l'année, mais l'un des albums de l'année, toutes catégories confondues.

lundi 4 novembre 2013

WILD COVER #9: THE DANDY WARHOLS - All I Have To Do Is Dream - 2005


Wild Cover est une rubrique temporaire qui offre chaque lundi une reprise de qualité...


"All I Have To Do Is Dream" est une chanson écrite par Felice et Boudleaux Bryant, dont la version la plus célèbre est sans conteste celle des Everly Brothers enregistrée en 1958. C'est visiblement celle-ci qui inspira les Dandy Warhols pour leur reprise dédiée à la bande-originale du jeu vidéo Stubb The Zombie. Une bande-son constituée uniquement de standards 50's et 60's interprétés par des groupes indépendants actuels, la belle affaire. "All I Have To Do Is Dream" dans sa forme Warholienne possède un fort caractère onirique; vaporeuse et irréelle, elle semble tout droit émaner du pays des songes. Comme une vision trouble, une transition entre le royaume de Morphée et la vie concrète, elle se dandynne à la frontière des deux mondes.

Lien Spotify

mercredi 30 octobre 2013

LR Song


J'entend des sons s'échappant du néant,
Et Lou Reed qui résonne.
Il a traversé le Styx en riant,
Mais du côté sauvage, il n'y a personne.

Et toujours ses variations échappées du néant,
Un son qui s’achète au marché noir.
Comme une drogue issue de la machine à brasser les sentiments,
A broyer du noir.

Sur le mur, des visages-graffitis,
Des héros d'une autre guerre, d'un autre temps.
Un orchestre sans vie,
Dévoré par le vent.

Il a traversé le Styx en riant,
Lui qui ne souriait jamais.
Sur le mur, au soleil levant,
Son visage orné de lunettes noires apparaît.

JSF #7


Le jeu sans frontières revient enfin pour une septième saison que l'on espère riche en folie. Pour cette nouvelle édition, c'est moi-même, personnellement, tout seul et en toute humilité qui ai concocté les thèmes.

RDV du 18 au 30 Novembre 2013, sauf changement.

Pour plus d'infos et/ou pour s’inscrire, c'est ici!

Et pour consulter la longue liste des participants cliquez sur ce lien