dimanche 30 décembre 2012

2012, la fin du monde n'a pas eu lieu, Top 5.


L'heure du bilan est arrivée, voici le résumé subjectif de l'année 2012 en 5 albums marquants. Un choix difficile qui ne contentera personne, pas même moi...

En cinquième position, THE DANDY WARHOLS - This Machine. 

L'autre groupe à la banane nous a fait son retour inattendu que personne n'attendait! Plusieurs années après le médiocre "Earth To The Dandy Warhols", le monde entier semblait avoir rangé le groupe au rayon des souvenirs sympas. Certes, "This Machine" n'est pas un grand disque, mais on se surprend à le remettre sur la platine, encore et encore.
Chanson marquante: "SETI V.S The WOW! Signal", les amateurs d'astronomie sauront apprécier le titre.

En quatrième position, GREAT LAKE SWIMMERS - New Wild Everywere.

Pour leur cinquième album, les canadiens s'offrent enfin le confort d'un vrai studio d'enregistrement, eux qui avaient pour habitude d'enregistrer dans des lieux insolites comme un ancien silo à grains ou encore un vieux manoir. Les compositions sont merveilleuses, le son est à tomber, mais il manque le côté rugueux qui était jadis la marque de fabrique du groupe. Avec un supplément d'âme, ce disque se hisserait sans souci sur la première marche du podium.
Chanson marquante: "On The Water", un titre que n’aurait pas renié Neil Young.

En troisième position, TOM JONES - Spirit In The Room. 

Attention chef-d'oeuvre, Tom Jones nous fait son American Recordings, le parallèle est inévitable. Has-been jusqu'au bout des ongles, chanteur pour vieilles dames en fourrure venant dépenser les pétro-dollars de leurs maris dans les casinos de Las-Vegas. Tom Jones avait tout de l'ambulance sur laquelle il est facile de tirer. Mais "Spirit In The Room" le replace sur la carte des artistes qui comptent.
Chanson marquante: "Tower Of Song", intense.

En deuxième position, TENACIOUS D - Rize Of The Fenix. 

Un putain d'album de hard-rock! Ce n'est pas de la parodie, j'insiste sur ce point, c'est juste du hard bien fendard. L'humour est aussi gras que les guitares, un peu comme si Black Sabbath croisait le fer avec les petits gars de South Park. Jack Black et Kyle Grass sont autant musiciens qu'acteurs, ce n'est pas un caprice de stars voulant sortir son petit album de merde. Les Tenacious D, c'est un pur groupe de rock!
Chanson marquante: il y a que ça sur ce disque, mais puisqu'il faut faire un choix, disons "Throw Down".

En première position, NEIL YOUNG - Psychedelic Pill.

Je ne voulais pas offrir la première place à un ancien, mais ce disque est tellement bon. C'est le jeune frère excessif de "Ragged Glory", rugueux jusqu'aux os. Le Crazy Horse est enfin de retour et il cavale dru. "Psychedelic Pill" est un disque pour grands espaces et substances hallucinogènes. Le Loner ne fait pas de concessions et c'est pour ça qu'on l'aime.
Chansons marquantes: "Ramada Inn" et "Driftin' Back". Impossible à départager.

En espérant que 2013 soit une année tout aussi riche, chose dont je ne doute pas. Avec un nouvel album d' I am Kloot prévu pour janvier, celle-ci démarre fort. Sont aussi attendus les nouveaux disques foncés des Black Keys, Black Angels et Black Rebel Motorcycle Club, hum!

Bonne année à tous.

N'hésitez pas à donner votre palmarès via les commentaires. 

Jeu sans frontières saison 5


Oyé Oyé, sonnez trompettes, le désormais cultissime Grand jeu sans frontières des blogueurs mangeurs de disques revient pour une cinquième édition. La première depuis la fin du monde, heureusement, la plupart des participants historiques ont survécu à l'apocalypse. Cette fois-ci, c'est l'ami Charlu qui nous a concocté les thèmes, et je peux vous dire que c'est du lourd, du très lourd. Alors rendez-vous le lundi 21 janvier 2013 pour le début des festivités. L'enjeu sera de taille, le gagnant recevra un bunker flambant neuf ainsi que son poids en boites de haricots Heinz!

La liste des participants sera révélée très bientôt.

samedi 29 décembre 2012

N°85 THE LEOPARD LOUNGE - Original Album Series - compilation


Voici une petite pépite qui se trouvait cachée sous le sapin de Noël entre d'autres présents tous plus magnifiques les uns que les autres. The Leopard Lounge est une série de compilations publiées par Rhino (un gage de qualité); c'est simplement le summum de la musique pour cocktail. Oscillant entre Jazz vocal de qualité et instrumentaux exotiques, Leopard Lounge pimentera vos sordides réceptions, les transformant en soirées mémorables réputées pour la finesse et le bon goût de leur hôte. Alors que les autres, les ignares, en sont encore à se biturer la tronche en écoutant Psy hurler au travers des enceintes d'un ordinateur portable. Ils ne comprendront jamais rien à rien...

Vous trouverez ici quelques cadors du Jazz vocal (mais pas uniquement), tels que Ray Charles, Duke Ellington ou Ella Fitzgerald, mais aussi des choses divinement rococo comme ce "Jumpin' Jack Flash" ultra psyché interprété par Ananda Shankar. Près de 90 morceaux en tout répartis sur 5 cds, que du bonheur puisé dans les coffres de la Warner et Atlantic Records. Le coffret contient aussi quelques reprises de classiques pop bien senties. Pour preuve, cette admirable version de "Sound Of Silence" de Simon & Garfunkel transcendée par Carmen MacRae. Les français sont également à l'honneur avec quelques jolies adaptations. On oublierait presque qu'à une certaine époque, les américains adaptaient des standards gaulois dans la langue de Bill Murray. Exemple, "Beyond The Sea" adapté d'une célèbre chanson de Charles Trenet, et littéralement sublimé par Bobby Darin.

Vous reprendrez bien un verre mon cher? Avec plaisir gentleman!

dimanche 23 décembre 2012

CEELO GREEN - CeeLo's Magic Moment


Tout le monde y va de son album de Noël, même les rappeurs. Ce n'est pas nouveau, souvenez-vous de l’inénarrable et fendard "Christmas In The Hollies" de RUN D.M.C! Bien sûr, CeeLo n'a plus grand chose à faire avec le milieu du rap. Aujourd'hui, la moitié de Gnarls Barkley fabrique de la Soul 2.0 tout à fait extraordinaire, sorte de version moderne d'Otis Redding. Mais là où beaucoup de ses contemporains donnent dans le revival, lui ne regarde pas dans le rétroviseur (même si c'est un peu le cas sur ce disque...). On lui pardonnera aussi de faire partie du jury de The Voice version U.S, ce qui l'amène à livrer un pathétique duo avec Christina Aguilera, sa collègue, que l'on passera sous silence par charité chrétienne.

"CeeLo's Magic Moment" oscille entre soul, rock et traditionnel, n'offrant que des reprises, la plupart du temps de bonne qualité. "What Christmas Means To Me" ouvre le bal, un morceau que Stevie Wonder avait interprété en son temps. C'est très soul, bardé de cuivres et bourré d'énergie. Dans le même genre les amateurs du son Stax seront aux anges avec "This Christmas" et "The Christmas Song". Plus loin, CeeLo nous offre une version "Hollywoodienne" de "White Christmas", c'est très ample, un peu trop sucré, mais bon, c'est Noël, la saison des excès. La version vocale de "You're A Mean One Mr Grinch" en duo avec Straight No Chaser est un vrai régal. Ambiance. L'inévitable "Run Rodolph Run" retrouve ici une seconde jeunesse via un spectre soul rock du plus bel effet. Mais CeeLo Green c'est avant tout une voix exceptionnelle, qui s'exprime pleinement sur les ballades, pour preuve cette bouleversante version de "River" de Joni Mitchell, belle à pleurer. Rod Stewart et Trombone Shorty s'invitent à la fête le temps d'un duo franchement génial. Encore une fois les cuivres sont à tomber. De "Silent Night" on retiendra le début a cappella, par la suite l'orchestration lourde vient plomber le morceau, vraiment dommage.

Pour résumer, le disque est à l'image de son (épique) pochette, carrément excessif, mais diablement sympathique!

Joyeux Noël à tous.

Lien Spotify

samedi 22 décembre 2012

MOON DUO - Circles


Un duo de pharmaciens lunaires débarquent sur Terre pour distribuer des petites pilules psychédéliques... Molécules de synthèse, Moon Duo est le savant mélange entre le rock répétitif de NEU! et le psyché du 13th Floor Elevators, le tout fortement mélangé à du Spacemen 3. Que de bons ingrédients pour un trip de folie.

Depuis Suicide, on sait qu'il est possible de faire du vrai rock avec des synthétiseurs. Certes ici, le renfort d'instruments organiques ajoute de l'épaisseur, sans pour autant trop entraver l'originalité de la démarche. Décollage immédiat avec "Sleepwalker", sonorité psyché, rythmique Krautrock et acide lysergique. Le vaisseau monolithique franchit la stratosphère, vers un ailleurs encore inconnu. Parfois une chose s'échappe de la matrice, un détail se détache de ce mur de son, une petite guitare slide, une autre acoustique ou encore une nappe de clavier sur une fréquence inconnue. Un remake de "Cow-boys et envahisseurs" musical et sous acide. "Sparks" est une rengaine pop qui, une fois passée dans le laboratoire des chimistes lunaires, se retrouve transformée en buvard sonore. Plus loin, "Easy Action" pousse la formule dans ses derniers retranchements, ultra répétitif, son corrosif et haute énergie rock'n'roll, dosage parfait. Le voyage s'achève en douceur avec "Rolling Out", atterrissage climatisé, long coda d'un psychédélisme noir que n'auraient pas renié les Black Angels.

Même dans ses moments les plus calmes, le disque n'est jamais vraiment reposant, ne déviant pour ainsi dire jamais de sa trajectoire. Certains pourront reprocher ce côté monolithique, mais c'est ce qui fait la force de l'oeuvre. "Circles" est un disque qu'il faut laisser agir pour en saisir tout le sel.

mercredi 19 décembre 2012

IN THE CANOPY - Never Return - EP


Internet réserve parfois bien des surprises, en faisant un petit tour sur la page Facebook du blog, j'ai eu le bonheur de trouver un message d'un membre de In The Canopy. Un groupe qui vient tout juste de publier son premier E.P. Inutile de vous dire que je ne connaissais absolument pas cette jeune formation parisienne. Un clic sur le lien accompagnant le mail, pas plus impatient que cela, à vrai dire je n'attendais pas grand chose, et surtout pas de me prendre une telle baffe dans la gueule. C'est bien simple: "Never Return", le morceau titre, se place directement dans le peloton de tête de mes découvertes de l'année. Véritable songe éveillé d'océan et de forêt tropicale; l'espace de cinq minutes j'ai quitté mon bureau et ce froid après-midi d'hiver pour une plage de sable chaud. Un Voyage astral, un trip en toute sobriété. Les trois autres titres de cet Extended Play oscillent entre le très bon et l'excellent. Variations d'ambiance et de couleurs. "New 6" sonne étrangement jazz, sans pour autant l'être vraiment, la voix et la musique dansent littéralement ensemble, nous livrant un ballet insensé. "No Room For You" convoque le fantôme de Divine Comedy de Neil Hannon, la même classe dandy mais en plus électrique. Le meilleur reste à venir, il se nomme "Underway", un vrai miracle. Imaginez un peu les géniaux Fleet Foxes quittant leur forêt brumeuse pour aller voir la lumière du jour et vous aurez une vague idée de ce qu'est ce morceau.

J'ai parfois l'impression qu'avec le temps, les découvertes n'ont plus la saveur qu'avaient mes premiers émois musicaux. En ce temps-là, j'allais de traumatisme en traumatisme, mais peu à peu, le goût de la nouveauté devient plus fade et terne. On a beau accumuler les piles de cd et autres vinyles d'oeuvres juvéniles, combien comptent vraiment? Combien passeront le cap de la seconde écoute? Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Alors quand un truc vous fout le cul par terre, putain ça redonne la foi!

L'album est dispo en digital un peu partout, comme sur Itunes, mais également en cd.


Pour plus d'infos: Site internet du groupe

dimanche 16 décembre 2012

THE POGUES - 30th Anniversary Concert At The Olympia


Les Pogues en concert c'est franchement épique, ne serait-ce que par la présence de Shane MacGowan, l’éthylique leader. Alors pour le trentième anniversaire du groupe, les Irlando-anglais ont fait les choses en grand, ils ont visé l'Olympia. Une certaine presse spécialisée nous a vendu ça comme un come-back majestueux  mais c'est totalement faux. C'est effectivement majestueux, mais ce n'est pas le moins du monde un come-back  ça fait près d'une décennie que les Pogues tournent à nouveau avec Shane. Pour l'heure, il n'est pourtant pas question d'un retour discographique, sont-ils encore capable d'écrire des standards comme à la grande époque? J'ai un doute. Mais pour ce qui est de les interpréter sur scène, les Pogues ont toujours la flamme, voire le feu. Le répertoire est composé uniquement de classiques, pas de grosse surprise de ce côté-là. Mais peu de groupes peuvent se vanter d'aligner vingt-quatre pépites en concert sans sourciller! Bien entendu, Shane MacGowan est fait comme un Mickey, et pour les avoir vus sur scène, je peux vous dire que c'est très impressionnant, cela ne l'empêche pas de débiter les paroles comme si de rien n'était.

Certaines versions délivrées ici sont sidérantes, "Thousands Are Sailing" transpire d'intensité comme jamais; ce grand morceau fut écrit par Phil Chevron, guitariste du groupe. L’éternel "Dirty Old Town" d' Ewan MacColl a aussi droit à un traitement de luxe, le groupe soutenu ici par une section de cuivres met littéralement l'Olympia sur orbite. Plus loin, les Pogues nous offrent ni plus ni moins que la meilleure version de leur plus belle chanson, "Rainy Night In Soho". C'est beau à pleurer, quelle intensité, l’espace de cinq minutes Shane est un dieu, un feu follet d’absinthe traînant sa misère comme un bagnard traîne sa chaîne... C'est Ella Finer (la fille de Jem) qui remplace la regrettée Kirsty MacColl sur "Fairytale Of New-York", et elle se débrouille franchement bien, ce qui n'est pas une chose évidente tant l'aura de la version d'origine est dévorante. Pour finir en beauté, le groupe clôt avec un "Fiesta" proprement apocalyptique, preuve que malgré un âge moyen relativement avancé, cette bande d'Irish Men reste Punk!

mercredi 12 décembre 2012

LEAF DOG - From A Scarecrow's Perspective


Certes ce disque n'est pas tout jeune, il est sorti il y a plus d'un an. Mais je ne l'ai découvert que récemment, quasiment en même temps que le projet Four Owls. Et pour cause, Leaf Dog fait partie de ce "supergroupe" de rap réunissant la fine fleur du label indépendant briton High Focus Records. Une petite maison bien sympathique, véritable vivier de talents. Ici, on pratique un hip hop old school sans concessions trouvant sa source dans de vieux vinyles poussiéreux. Véritable hommage aux pionniers tel que Public Enemy ou les Beastie Boys, mais point de mimétisme, que de l'original.

Le premier morceau donne le ton, le flow est morveux bien comme il faut et l'instru est à tomber. "Some People Say" est simplement un des meilleurs raps que j'ai entendu, miraculeux. Enchaîner après cela n'est pas une mince affaire, et pourtant, "It's All Me" relève le défi haut la main. Plus loin, c'est Fliptrix, un autre artiste du label qui s'invite à la fête pour nous délivrer un "All Alone" de tous les diables. Le ton monte de plusieurs tons avec le tonitruant "Jump Jump", Leaf Dog sait parfois se montrer d'une efficacité féroce. L’assemblage musical est souvent très surprenant, l'indescriptible "Sweet Thing" en est un bon exemple; un mélange incongru de musique d'ornement et de rap musclé qui offre au final une liqueur délicieuse. Ce qui marque surtout, c'est le son du disque, tout est "piqué" sur de vieux vinyles qui grattent, témoignage d'un gros travail de fouille et d'archivage. Le mélange des cépages est presque toujours parfait, "From A Scarecrow's Perspective" possède son lot de grands crus. Assurément un excellent disque.

Lien Spotify 

samedi 8 décembre 2012

N°84 PUBLIC ENEMY - Fear Of A Black Planet - 1990



Public Enemy avait tout pour devenir le plus gros groupe de sa génération, et pas seulement à l’intérieur des frontières limitées de la planète rap (pas forcément noire). Des textes (ou lyrics) dignes des plus grands, des instrus qui encore aujourd'hui renvoient un paquet de groupe de rap à leurs bacs à sable. Terminator X, le DJ, a simplement élevé le sampling au rang d'art. Ratissant large, de la soul au métal en passant par le funk voir le rap(!), afin de créer une musique totalement nouvelle et novatrice. Certes, aujourd'hui ce genre de chose ne serait plus faisable, les maisons de disques étant bien plus regardantes sur les droits d'auteurs. Il parait que James Brown intentait un procès à chaque sampling d'une de ses oeuvres, c'est dire à quel point le Godfather était largué à cette époque. Car si sampling il y a, c'est bien souvent pour appuyer le propos, tout en lui rendant un vibrant hommage. Pas de pillage! La force de frappe du groupe doit aussi beaucoup au charisme de Chuck D, l'un des meilleurs rappeurs et auteurs de tous les temps; sans oublier Flavor Flav qui est là pour détendre l’atmosphère chargée à grand renfort de phrases qui tuent. Déjà en 1988, Public Enemy avait fait trembler la planète avec un monument, le grandiose "It Take A Nation Of Millions To Hold Us Back", mais "Fear Of The Black Planet" va encore plus loin, toujours aussi engagé, mais musicalement encore meilleur.

Basses profondes, scratching omniprésent, nul doute, nous avons bien affaire à un album de hip hop old school, et autant le dire tout de suite, on n'a pas fait mieux depuis. "Brothers Gonna Work It Out" mettra tout le monde d'accord, Public Enemy est une machine redoutable, à faire capituler un amateur de rock. L'album regorge d'hymnes surréalistes, comme ce démentiel "Burn Hollywood Burn", en collaboration avec Ice Cube et Big Daddy Kane, un rap rouleau compresseur qui à défaut de mettre le feu à Hollywood, embrasera au moins votre salon. S'en suit un "Power To The People" viscéral, le genre d'hymne slogan à vous soulever une foule, un véritable générateur d'émeutes! Encore une fois le rythme est hallucinant, très loin du pseudo gangsta-rap mainstream d'aujourd'hui. "Fear Of A Black Planet", la chanson, est un manifeste, mais comme toujours musicalement c'est très dansant! La révolte ou révolution en musique voilà ce que laisse entrevoir un skeud de Public Enemy, tout un art. L'album se termine avec "Fight The Power", sorte de rap ultime, une photographie d'une époque aujourd'hui bien révolue. On dit souvent que le rock est mort, mais qu'en est-il du rap? Tout aussi raide, sinon plus. Bien sûr, dans le milieu underground, il y a des choses sublimes, mais c'est également valable pour le rock indé.

Gardez votre esprit vif, "Don't Believe The Hype"!

Lien Grooveshark

mercredi 5 décembre 2012

N°83 HUBERT FELIX THIEFAINE - La tentation du bonheur et Le Bonheur de la tentation - 1996/98

C'est au travers de ce diptyque que je suis entré dans l'univers pour le moins mystérieux du grizzli des montagnes Jurassiennes. Le choc fut tel, qu'il remit en cause une bonne partie de ma perception musicale. "C'est quoi ces textes, cette poésie bizarre? Ça vous déglingue un ado." Et encore, ce ne sont pas les albums les plus fous du monsieur, quand je suis remonté jusqu'à la source, j'ai eu l'impression de franchir plusieurs paliers dans la folie. Je n'en suis pas ressorti indemne, les séquelles sont toujours présentes.

La tentation du bonheur -face blanche-

Départ éclair, direction l'étage 24 via l’ascenseur de 22h43, pour y rencontrer un chanteur un peu fou. Celui-ci nous fait le compte-rendu des ses dernières 24 heures dans la nuit d'un faune. Ou comment écrire une satire sociale sur fond de musique rock sans avoir l'air d'y toucher. S'en suit une plongée vers les abîmes avec "Critique du Chapitre 3", une affaire de contraste. Comme d'habitude la religion et sa fausse morale apparaissent en filigrane. Avec "La nostalgie des dieux", il n'est pas question de prendre des pincettes. Il est vrai que l'homme nourrit une certaine animosité envers tout ce qui se rapproche de près ou de loin à toutes formes de culte. En associant God et gode, l'homme fait fi du pêché originel et se libère par la même occasion de son plus gros fardeau! "Sentiments Numériques Revisités" est un long poème halluciné et amoureux, le genre d'oeuvre qui vous entraîne en son sein comme un typhon emporte un navire. La beauté dans sa forme la plus pure. Il est bien entendu plus souvent question de tentation que de bonheur sur cet album, le contraire eut été décevant.

Le bonheur de la tentation -face noire- 

Noires percussions, vieil écho de "Sympathy For Devil", l'heure du sabbat est enfin arrivée, sacrifions les blaireaux! Une fois achevé le culte rendu à la lune noire, nous pouvons nous tourner vers l'humanité et sa grande mixité. "La ballade d'Abdallah Géronimo Cohen" ou comment prôner la tolérance sans tomber dans des lieux communs. "27ème heure: suite faunesque" est une longue hallucination bluesy émanant des vapeurs de l'alcool. Ici, on baise avec les saints et les vierges deviennent des putes. Le diable et la tentation ne sont pas bien loin et le fantôme de Robert Johnson rôde dans le coin tel un voyeur. Le gros morceau, tant par la forme que par le fond, se nomme "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable", un long spoken word tout bonnement démentiel. Pourquoi se sentir coupable d'être différent quand nous ne recevons des autres que le mépris? Vaste question.

S'il y a une morale à retenir de ce diptyque, c'est que même si nous sommes tentés par le bonheur, celui-ci nous renverra irrémédiablement vers les affres de la tentation.

Lien Spotify Tentation / Lien Spotify: Bonheur

dimanche 2 décembre 2012

Jingle Bells Rocks!!!!


Ça y est, nous y voilà, le mois de décembre est là, et avec lui, la neige et les fêtes Saturnales. D'après les mayas, ou ceux qui interprètent leur primitive érudition, cette année nous ne devrions pas fêter la naissance du Christ. Too bad! Est-ce une raison pour faire l'impasse sur les chants de Noël? Et là, je ne parle pas de Tino Rossi, soyons clair. Non, je vous parle de Christmas rock, punk, blues, métal, bref je vous cause d'un Santa Claus qui vous livrera vos cadeaux au volant d'un rutilant Hotrod, une pin-up à ses côtés tout un dégustant un bon steak de renne! Si de notre côté de l'Atlantique, l'album de Noël reste un exercice plutôt marginal, chez nos amis ricains, c'est presque un passage obligé. Certains enregistrements sont même devenus des classiques à part entière, dépassant largement le petit cercle des "albums pour les fêtes". Je pense notamment au Christmas album de Phil Spector (chroniqué ici!), ou certains enregistrements de crooners ou même du King himself! Encore une fois, il ne sera nullement question de dresser une liste complète, là aussi, un blog dédié ne serait pas de trop. Non, je vais juste piocher dans ma collection pour en sortir un nectar des plus délectables.

Commençons par quelques cas isolés sur des albums qui ne sont pas spécialement de Noël, nous allons voir que bien souvent, on frise l'insolite. Sur "Brain Drain" des Ramones, le dernier morceau s'appelle "Marry Christmas (I Don't Want To Fight Tonight)", c'est très drôle, les faux frères New-Yorkais possédaient un humour corrosif; je vous conseille fortement la vision du clip, un grand moment. Plus surprenant encore, sur "The Razors Edge" d'AC/DC, au beau milieu de l'album, on trouve un titre qui se nomme "Mistress For Christmas", inutile de préciser que c'est du Young Bros pur jus, donc un vrai instant de bonheur familial! Sur le troisième L.P des Pogues se trouve ce qui demeure comme étant la plus belle chanson de Noël de tous les temps, la superbe "Fairytale Of New-York". Un chef-d'oeuvre qui nous rappelle si besoin est, que Shane MacGowan est un grand songwriter, malheureusement perdu dans les limbes de l'alcool.

Continuons avec de l'insolite, du bien gras, du surprenant avec quelques exemples carrément freaks. Démarrons avec du lourd, quand Run D.M.C se met à la chanson de Noyel, le résultat est une hallucination portant le nom de "Christmas In The Hollis". Un truc de dingue qui mixe une tripotée de Christmas Carol en guise de pont. Father Christmas se fringue en Adidas maintenant.... Récemment; c'est le rappeur/chanteur CeeLo Green qui nous a gratifié d'un skeud de Christmas ("CeeLo's Magic Moment"), globalement l’exercice est une réussite, mais on frise la science-fiction sur ce coup! La pochette est aussi un grand moment, les rennes deviennent des chevaux blanc et le traîneau une Rolls Phantom! Dans un autre registre, la reprise incendiaire de "Run Rodolph Run" par Lemmy Kilmister, Dave Grohl et Billy Gibbons, ferait presque passer les autres versions enregistrées jusqu'ici pour de mignons cantiques. Et pourtant, il y a du monde qui s'est frotté au morceau, Chuck Berry bien sûr, mais aussi Brian Setzer, Keith Richards ou encore le Reverend Horton Heat, pas des manchots! Alice Cooper nous a aussi offert sa vision de Noël, forcement horrifique avec le diabolique mais fendard "Santa Claws Is Coming To Town".

Dans un registre plus mainstream, je ne saurai que trop vous conseiller les albums de Johnny Cash, toujours classes, ceux d'Elvis Presley, des classiques, celui des Beach Boys, forcement sympathique. Il y a aussi les traditionnels crooners, Bing Crosby and Co, toujours efficaces, avec des morceaux qui ont tant servis de bandes originales, qu'ils semblent appartenir à la mémoire collective. Certains artistes souls ont également rendu de bien jolies copies, "White Christmas" par Otis Redding, c'est beau à pleurer. Sinon, plus récemment, les albums du Brian Setzer Orchestra (chronique juste là) sont d'incontestables réussites, ou encore avec plus d'indulgence celui de Bob Dylan. Bref, ce n'est pas la quantité qui manque pour passer un réveillon en musique...