samedi 30 juin 2012

SANTIGOLD - Master Of My Make-Believe


Santigold est enfin de retour (quatre ans d'attente, c'est long) avec un deuxième album bouillant. Bien plus minimaliste que "Santogold", "Master Of My Make-Believe" est également plus electro. Le contenu oscille entre ragga dérangé et rap survitaminé; bien calibré sans être commercial ou fade. La chanteuse jongle avec les frontières du bon goût. Un véritable leçon d'écriture pour toute cette génération de divas dénuées de talent, mais acclamées par le public.  

Départ canon avec "Go!" en duo avec Karen O, le genre de sucrerie addictive qui vous enflamme dès la première écoute. Et dans le style enflammé, "Freak Like Me" et "Fame" ne sont pas en reste. Nous voilà en présence de deux hymnes tout en tension, toujours sur la corde raide. A ce stade de l'écoute, impossible de ne pas être pris de convulsion et de danser comme un dératé. Par la suite, l'album semble s'apaisé doucement, une sorte de doux flottement assez paradoxal s'installe progressivement. Le calme avant la tempête! Et celle-ci se nomme "Big Mouth", juste un bon gros défouloir electro bourrin, hyper jouissif.

Entre gros son et raffinement, "Master Of My Make-Believe" est une totale réussite. De la grandiloquence de la pochette à l'arrogance dans le ton, Santigold a tout bon. Un disque certes taillé pour le dancfloor mais qui n'en demeure pas moins très classe. Un deuxième opus qui affirme un peu plus le talent de la dame.

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lundi 25 juin 2012

GREAT LAKE SWIMMERS - New Wild Everywhere


Pour la première fois dans sa carrière, Great Lake Swimmers s'offre le confort d'un vrai studio d’enregistrement. Les précédents albums ont toujours été enregistrés dans des lieux insolites: un silo à grains désaffecté ou encore un vieux manoir... Du coup le groupe sonne beaucoup plus propre et massif. Mais ce que l'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre. La fragilité qui faisait l'âme de "Lost Channels", le précédent opus, s'en retrouve diluée et c'est bien dommage. Je ne remets nullement en cause la qualité des compositions; sur ce point, "New Wild Everywhere" est peut-être le meilleur album du groupe.

"Think That You Might Be Wrong", le morceau d'ouverture, est dédié à la Nouvelle-Orléans et il est splendide. Une entrée en matière mélancolique qui rappelle fortement I am kloot. Mais la grande nouveauté, c'est l'arrivée de l’électricité sur certains titres, comme sur l'enjoué premier single "Easy Come, Easy Go". La bande de Tony Dekker se lâche avec plusieurs morceaux up-tempo, enfin. En guise de conclusion, on peut dire que le groupe nous offre avec "On The Water" un véritable chef-d'oeuvre. Avec sa structure monotone (mais pas ennuyeuse), ce titre renvoie à "Thrasher" de Neil Young, avec un soupçon de Springsteen période "Nebraska", du haut de gamme. On ne pouvait rêver meilleure fin d'album.

Le virage mainstream amorcé par le groupe lui permettra sans doute d'élargir son audience, car "New Wild Everywhere" est avant tout un album truffé du bonnes chansons. Ce qui n'est pas sans rappeler les grandes heures des Jayhawks.

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samedi 16 juin 2012

Jeu sans frontière # 7: SPECTRUM MEETS CAPTAIN MEMPHIS - Indian Giver - 2008

Thème du jour: Barré grave

Que se passe-t'il lorsqu'un ancien membre des Spacemen 3 rencontre un génial producteur de musique qui officie parfois sous le pseudonyme de Captain Memphis? Cette association improbable entre le rock noisy et  une country cradingue offre une liqueur frelatée de tous les diables. Une musique freak que n'aurait pas renié Phineas Taylor Barnum s'il avait été producteur.

Si Sonic Boom recycle certains de ses vieux plans foireux, le plaisir reste intact. Mais l'album prend réellement son envol sur les titres plus country, comme avec l'onirique "The Lonesome Death Of Johnny Ace". Honte à toi Johnny, fallait pas jouer à la roulette russe! Ici la country est brinquebalante et le theremin    de Sonic Boom lui donne un côté surréaliste. De plus cette joyeuse bande de dégénérés s'offre le luxe de plagier "I Wanna Be Your Dog" des Stooges pour nous offrir un morceau poisseux et vicié jusqu'à la moelle; son nom: "When Tomorrow Hits". Le reste est tiré du même baril de Jack Daniel's.

Cette troisième édition de notre jeu sans frontière(s) touche à sa fin, les thèmes étaient parfois corsés, mais le plaisir toujours de la partie. A bientôt pour une quatrième édition, je l’espère. Et bravo à tous...

jeudi 14 juin 2012

Jeu sans frontière # 6 : RY COODER & V.M BHATT - A Meeting by the River - 1992


Thème du jour: Invitation au voyage

Ry Cooder est un bien curieux personnage. Véritable prodige de la guitare (surtout slide), il ne se livre pourtant jamais à des solos exubérants et autres joyeusetés pourtant si communes chez les guitar-heroes. Mais le plus important c'est que notre homme voyage beaucoup et multiplie les rencontres. De ces rencontres naissent des collaborations et de ces collaborations naissent des disques souvent splendides (Buena Vista Social Club, Ali Farka Touré). Du coup, quand Mr Cooder part en inde, il en profite pour collaborer avec Vishwa Mohan Bhatt.

"A Meeting by the River" est la parfaite symbiose entre la musique indienne et un blues très sudiste. Cela se ressent particulièrement sur le morceau "Ganges Delta Blues". C'est un peu comme si les eaux du Gange allaient se déverser dans le détroit du Mississippi. Un rendez-vous près de la rivière... La dite-rivière est certes bien polluée, mais tout de même, quel plaisir! L'album est composé de quatre longs morceaux pour un voyage qui dure quarante minutes. Du moins si l'on se tient à la stricte réalité, car le temps semble s’arrêter dès lors que la touche "play" est enfoncée... 

mardi 12 juin 2012

Jeu sans frontière # 5 : WILLIE NELSON - Stardust - 1978


Thème du jour : Nocturne

Que le choix fut rude, il y a tant de disques nocturnes dans ma discothèque que je ne savais plus où donner de la tête! Les premiers Tom Waits, "L.A Woman" des Doors ou encore "The Sky At Night" des injustement méconnus  I am Kloot... J'ai même sérieusement songé à pondre une compilation sur le thème de la nuit, mais pour le coup c'était clairement de la triche. Puis soudain, la révélation : Eh! Pourquoi pas le "Stardust" du vieux Willie, ne serait-ce que pour la pochette?!

"Stardust" fait clairement partie du haut du panier dans la foisonnante discographie du plus emblématique des outlaws. Ici, l'ambiance est jazzy et donc forcément nocturne et enfumée. A dire vrai, "Stardust" est le compagnon idéal pour une petite virée noctambule (en charmante compagnie, c'est préférable) au volant de sa bagnole. Mais surtout, cet album contient "Moonlight In Vermont", le genre de morceau qui rend agréable même la plus froide des nuits d'hiver. A déguster avec un bon verre de vin. Jamais plus Willie Nelson ne tutoiera les étoiles d'aussi près. Je termine sur ce jeu de mot foireux, et vous souhaite une bonne écoute. Au fait, la version de "Georgia On My Mind" disponible sur ce disque est sublime...

dimanche 10 juin 2012

Jeu sans frontière # 4 : ARNO - Covers Cocktail - 2008

Thème du jour : Tribute Album

Quel thème corsé aujourd'hui; n'étant pas très coutumier des albums hommages, j'ai longtemps hésité. De plus, je ne savais pas vraiment comment interpréter le thème. Fallait-il choisir un disque qui rende hommage à un seul artiste, voire à un seul album ou carrément le contraire? C'est-à-dire un seul artiste qui reprend tout un tas de truc? C'est finalement cette option-là que j'ai choisie.

Arno a toujours parsemé ses albums de quelques reprises souvent incongrues. "Covers Cocktail" est une compilation contenant une vingtaine d'entres elles. Certaines sont très convenues, ( "Voir un ami pleurer" et "Elisa") mais d'autres sont démentes, comme cette hallucinante version de "Mirza" de Nino Ferrer. Sur "Covers Cocktail" le spectre est assez large, on y croise aussi bien Abba que Captain Beefheart. Bien sûr tout n'est pas du même niveau, mais qu'importe. A la manière d'un Johnny Cash, Arno Charles Ernest s'approprie les morceaux avec facilité, les faisant siens pour ne plus les lâcher. Ses choix de reprises sont parfois étranges, mais quand il plonge dans  "Knowing Me, Knowing You", il la rend belle à pleurer. Jamais je n'aurai imaginé que ce vieux tube disco-pop d'Abba puisse être aussi puissant, aussi riche d'émotion. Ailleurs Arno ose la copulation, l'hybridation, le croisement contre-nature (ou pas finalement), sa double reprise de "La fille du père Noël" de Dutronc et de "The Jean Genie" de Bowie fonctionne à merveille.

"Covers Cocktails", sous ses airs de compilation facile, est un album indispensable, voilà qui est dit... A noter qu'en Belgique l'album fut offert avec des magazines, mais avec une tracklist différente.

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vendredi 8 juin 2012

Jeu sans frontière # 3: ROY ORBISON - In Dreams - 1963


Thème du jour: Absolutely Love

Absolutely love, d'accord mais c'est d'amours malheureux dont il sera question ici. Car les histoires d'amour finissent mal en général, n'est-ce pas? Donc nous allons parler de cœurs brisés, de solitude et de rêves qui nous éloignent un peu de la triste réalité. Dans la chanson "In Dreams", le rêve est le seul moyen qu'a l'auteur pour revoir son amour perdu. La nuit quand il dort, elle est toujours à ses côtés, tout est comme avant. Le réveil n'en sera que plus douloureux. Tout cela est diablement convenu, démodé voire démesurément romantique. Mais quand c'est Roy Orbison qui nous le chante, on touche au sublime. Chez n'importe qui d'autre de pareilles sucreries seraient à la limite du supportable...

"In Dreams", l'album est une splendeur, comme le reste des LP publiés par Orbison sur le label Monument. D'abord, il y a cette voix magique qui semble tout droit sortie du poste de radio d'une vieille Chevy Bel-Air. Ensuite les arrangements sont d'une richesse incroyable, on est loin du rockabilly primaire de "Ooby Dooby". Ecouter ses chansons aujourd'hui c'est comme faire un voyage dans un monde parallèle qui serait resté bloqué vers la fin des 50's. Les Doo-wop et autres ballades qui ornent ce disque sont des joyaux surannés dont la beauté reste un mystère persistant.

mercredi 6 juin 2012

Jeu sans frontière # 2 : THE RAMONES - Ramones - 1976

Thème du jour: Guitar Hero

Encore une fois, le thème du jour vaut son pesant de peanuts... J'ai longtemps hésité: Led Zep, Cream, Hendrix ou encore Ten Years After? Et bien non, rien de cela mon bon monsieur. Finalement j'ai décidé d'aborder ce thème par la porte de derrière. Tel un voleur qui ne respecte rien et envoie chier la virtuosité. Je vais rendre hommage à un Guitar Hero qui n'est pas foutu de pondre le moindre solo et qui se limite à trois accords plaqués maximum. Et oui, car Johnny Ramone est bien un Guitar Hero (sa posture combative sur scène et sa manière d’enchaîner les morceaux sans discontinuer), tout dépend de la conception que l'on se fait de cette étiquette un peu foireuse.

Le premier album des Ramones sort en 1976 et il fera date dans l'histoire du rock. Exit les morceaux de vingt minutes bourrés de solos virtuoses parfois (souvent) très chiants des prog-rockers, place à l'énergie pure. "Hey ho, let's go", la guerre sera éclair, 28 minutes à peine pour quatorze morceaux, mais quels morceaux! Un premier album qui aligne autant d'hymne, ça force le respect. Le liste donne le tournis: "Blitzkrieg Bop", "Judy Is A Punk", "Now I Wanna Sniff Some Glue" et bien d'autres. Dans un sens, les Ramones ne feront jamais mieux que ce premier effort. Ils ne retrouvent plus cette folie juvénile ni cette urgence. On est en droit de préférer la période pop (c'est d'ailleurs mon cas), qui commencera avec le quatrième album, le superbe "Road To Ruin".

Mais, la question reste entière: Johnny Ramone, Guitar Hero ou pas? Dans tous les cas il aura marqué l'histoire et fait naître des vocations.

lundi 4 juin 2012

Jeu sans frontière # 1: LES WAMPAS VOUS AIMENT - 1990



Thème du jour : Y’a d’la joie

Pour débuter cette troisième édition de notre désormais culte Jeu sans frontière, l’ami Jimmy nous a pondu un thème en apparence simple, mais en apparence seulement. J’ai eu beaucoup de mal à trouver un disque qui corresponde vraiment aux exigences du jour. Puis soudain, ce fut la révélation : les Wampas, bien sûr ! Symbole de joie simple et d’énergie rock n’roll… De plus, ce troisième skeud du groupe se nomme « Les Wampas vous aiment » ; un signe de la providence.

Ce disque est le sommet de la première période du groupe, celle avec Marc Police, ce génial guitariste disparu trop vite. Ici tout n’est que fête et joie, de « Petite Fille » à « Ce soir c’est noël ». Le groupe trouve enfin la formule « Yéyé-punk » qui assure encore son fond de commerce aujourd’hui. La folie de Didier Wampas n’a pas de limite, il va jusqu'à faire un morceau sur la vie, la mort et la résurrection d’un papillon…  La chanson qui clôt l’album a pour titre « Quelle joie le Rock N’ Roll », et c’est une vérité absolue. C’est cette même joie qui nous fait tenir un blog, qui nous fait faire ce jeu et qui nous rend meilleurs. Oui, j’ose le dire, au diable la modestie. Bonne bourre à tous pour cette nouvelle édition, les chroniques de Toorsch’ vous aiment…

Sorry, no Spotify Link, c'est pas la joie!!!