jeudi 27 juin 2013

QUEENS OF THE STONE AGE - ... Like Clockwork


Pas moins de six années séparent "...Like Clockwork" de son prédécesseur, le très moyen "Era Vulgaris". Six années durant lesquelles Josh Homme n'a pas chômé, entre ses projets annexes et son rôle de producteur pour Arctic Monkeys. Mais plus d'une demie décennie c'est long, et "... Like Clockwork" est forcément un peu décevant, impossible pour lui de combler toutes les attentes. D'autant plus que les fans hardcore pourront également reprocher le virage pop pris par le groupe. Mais c'est justement l'apaisement général émanant de ce disque qui fait sa force. En troquant le Barnum-circus à la Kyuss, nos désertiques stoners insufflent un peu de légèreté salutaire à leur rock plombé. Évitant ainsi de trop se répéter.

Si l'affaire débute dans la plus pure tradition stoner avec "Keep Your Eyes Peeled" et "I Sat By The Ocean", très vite le ton change et dérive vers une étrange mélancolie. "Vampyre Of Time And Memory" se déploie lentement dans ce qui semble être une ballade type 70's, mais la piste est brouillée, le vampire en question sème le doute et le trouble. Juste après "If I Had A Tail" est bien plus coloré, pop en diable, d'une redoutable efficacité; les mauvaises langues diront "commercial", mais qu'importe. "Kalopsia" quant à elle renvoie aux chansons plus lyriques des anciens albums, mais avec un étrange arrière-goût de Muse, ce qui est plutôt problématique. Le très 90's "Fairweather Friends" est sauvé de la noyade par le piano d'Elton John; bien qu'un peu perdu dans le mixage, celui-ci danse littéralement sur la lourdeur ambiante. Après plusieurs titres un peu faibles l'album reprend de plus belle avec un "Smooth Sailing" bien groovy, enfin un peu d'air frais. En guise de final, le groupe nous offre "Like Clockwork", la chanson-titre, une sublime ballade du genre intense; véritable descente toute en douceur zébrée d'élans guitaristiques flamboyants. Une bien belle fin.  

"...Like Clockwork" n'est pas le chef-d'oeuvre attendu; loin de posséder la densité de "Song For The Deaf", celui-ci reste malgré tout un bon disque de "Stoner-pop". Cependant nous étions en droit d'en demander plus, d'autant que la liste d'invités de marque est longue comme un jour sans pain, mais ceux-ci semblent écrasés par le monstre Stonien, seul le piano d'Elton John surnage. Dommage.  

Lien Spotify

lundi 24 juin 2013

AIRBOURNE - Black Dog Barking


Lâchez les chiens, les kangourous hyperactifs sont de retour pour une nouvelle distribution de bourre-pif avec un troisième album qui sent bon le hard millésimé. Un mélange de foutre, de jouissance, du fuel et de bourbon, le tout branché sur du 220 volts. High Voltage Rock 'N' Roll en somme, rien de bien nouveau, mais bordel, que ça fait du bien. Une décharge salutaire comme seuls les Australiens semblent être capables d'en donner. Avec "Black Dog Barking", Airbourne prouve qu'il n'est pas juste une copie moderne (mais presque conforme) d'AC/DC, empruntant parfois des chemins de traverse (sans pour autant trop dévier de leur ligne directrice), nos sautillants australiens élargissent un peu la gamme chromatique de leur musique. Un changement dans la continuité.

L'album démarre très fort avec un "Ready To Rock" en forme d'hymne pour stade; la chose rappelle fortement un certain "Thunderstruck", imparable. La tension monte encore d'un cran avec le furieux "Animalize" au refrain dévastateur; on comprend mieux le chien de la pochette du coup. Plus loin, "Firepower" porte bien son nom, tant il fait parler la poudre, encore un morceau taillé pour la route. L'introduction de "Live It Up" est un condensé de plusieurs décennies de hard rock: sirène qui hurle, montée en puissance puis explosion. Le reste du titre déchausse les ratiches, réveille les morts, botte des culs, bref c'est du lourd, du gras, de l'essentiel! "Hungry" métisse son hard avec quelques sonorités chicanos avant de carrément virer rock speedé pour notre plus grand plaisir. L'album se referme avec la chanson-titre, une autre perle noire enfilée sur un collier déjà bien garni.

"Black Dog Barking" fera augmenter votre consommation de bière de façon considérable; il est important de s'hydrater. 

samedi 22 juin 2013

JSF#7: ZZ TOP - The Complete Studio Albums 1970-1990 - coffret

Thème du jour: La fête de fin de jeu

De toutes les saisons du JSF, ce thème est celui qui m'a filé le plus de fil à retordre. Pas directif pour un sou, l'ami Sorgual nous offre une parenthèse de liberté. Oui mais voilà, la liberté quand t'es pas habitué, ça te pète à la gueule. L'homme aurait-il besoin d'être enchaîné pour donner le meilleur de lui-même? Hum, arrêtons tout de suite la philosophie à deux balles, ce n'est pas le moment; surtout pas à l'heure où les médias nous brisent les roustons avec le bac. Ce précieux sésame qui vous conduira jovialement vers le Pôle Emploi! Mais je m'éloigne un peu du thème, là, non? Passons.

C'est la fête, vidons nos têtes sous le soleil de plomb de l'été qui revient. Faisons rougir les barbecues, éclusons joyeusement quelques bières bien fraîches; pour la bande-son, pas de souci. Il y a de quoi faire avec ce coffret dix cédés remplis de blues moite et transpirant comme le macadam sous le soleil Texan (Sadaya me suggère "transpirant comme une aisselle" c'est bien aussi)! Le power trio le plus célèbre du monde voit enfin ses premiers albums réédités dignement, exit les horribles mixages des années 80. Car il faut savoir que les cinq premiers disques du groupe furent remixés pour leur parution sur support cd en 1987, afin de mieux coller avec le son synthétique du chartbuster "Eliminator". Un massacre en règle qui annihila complètement ce qui faisait le charme des dits albums. Une hérésie enfin réparée aujourd'hui.

Si "Tres Hombres" et "Fandango!" ont fait l'objet de beaux remasters il y a quelques années, ce ne fut pas le cas de "First Album", "Rio Grande Mud" et "Tejas". Trois albums de blues rugueux et épais comme de la sauce BBQ, trois disques importants dans la carrière de ZZ Top. Si les deux premiers posent les bases de ce que deviendra plus tard "Tres Hombres", "Tejas" quant à lui est tout en nuance, le son y est plus fin qu'à l'accoutumé. Un album qui donne envie de convoyer vers le hamac le plus proche pour une petite sieste; c'est l'effet "Asleep In The Desert".

Suite à "El Loco" paru en 1981, l'affaire se gâtera un peu, avec l'arrivée des synthétiseurs et de MTV. Et en 1983 "Eliminator" pulvérisera tout sur son passage, le vieux coupé Ford rouge laissera dans son sillage les fans de la première heure. Et rien ne sera plus jamais comme avant! Les Barbus filaient vers la gloire, mais à quel prix?

En ce qui concerne le coffret, la présentation est plutôt de bonne facture étant donné le prix. Il n' y a malheureusement pas de livrets, mais les pochettes répliquent celles des vinyles d'époque. C'est tout bon.

See You Soon les amis!

Lien Spotify

mardi 18 juin 2013

JSF#5: LES TÊTES RAIDES - Fragile - 2005

Thème du jour: Francophone

Quand les Têtes Raides décident de renouer avec l'énergie punk des débuts, ils ne font pas dans la dentelle. Exit l’accordéon, du moins pour un temps, c'est Jean Corti qui va pouvoir respirer. Les guitares sont à nouveau branchées sur le secteur et derrière, la fanfare brinquebalante offre un déferlement bruitiste de la plus haute intensité. "Fragile" fut produit par Denis Barthe, ex-batteur de feu Noir Désir, qui fit un boulot juste extraordinaire. Du coup, forcément, le parallèle avec l'ancien groupe de Bertrand Cantat est inévitable. Mais force est de constater que les Têtes Raides ne boxent pas dans la même catégorie. Ici, tout est plus viscéral, plus poétique, moins adolescent! Les mots se crashent et crachent à la gueule du monde une révolte à la fois ordinaire et combative. D'utilité publique.

"Fragile", le morceau-titre, est un questionnement sur la vie et la mort, un peu surréaliste. Le mélange entre poésie et musique punk est explosif. Le groupe adapte ensuite un passage de "Je voudrais pas crever" de Boris Vian sur fond de reggae électrique. Une réussite. Avec "Latuvu" c'est tout l'univers des Têtes Raides qui nous pète à la tronche. Humour poétique au bord de la folie; à noter la présence sur ce morceau de Didier Wampas et Rachid Taha, un joyeux bordel. Plus loin, "Constipé" se pose là comme une sorte d' "Hexagone" en mode punk débridé. "Ça vous étonne qu'on soit si monotone..."! Tandis que "Houba" taille un costard à toutes les doctrines religieuses, ce qui est toujours utile, soyons franc. Le final de l'album est proprement démentiel, un tsunami d'émotion et de violence salvatrice. Interprété en duo avec The Ex (un groupe punk des Pays-Bas), "De Kracht" est un monument destroy avec ses paroles scandées comme dans une manif' et sa musique dévastatrice.

"Fragile" est un album unique dans la carrière du groupe, peut-être son plus fameux.

Lien Spotify  

dimanche 16 juin 2013

JSF#4: DONNIE & JOE EMERSON - Dreamin' Wild - 1979

Thème du jour: R.I.P

Le fait de ne pas être obligé de choisir uniquement des chanteurs morts arrange bien mon affaire. Non pas que le choix soit limité, il y a même plutôt foule, et fatalement celle-ci ne fera que grossir. Abordons la chose avec un groupe "disparu de la circulation" ou "Dégagé du business". Car l'histoire qui va suivre est à la fois tragique et belle. Belle car pleine d'amour, et tragique car marquée du sceau de l'échec.

C'est l'histoire d'un fermier de Fruitland dans l'état de Washington, dont les deux fils sont passionnés de musique. Ils rêvent d'enregistrer un disque, d'offrir leur art au monde et pourquoi pas connaître la gloire. Le père décide alors de leur faire fabriquer un studio d'enregistrement flambant neuf pour la coquette somme de 100 000 dollars (ce mec mérite le titre de meilleur papa du monde). C'est ainsi qu'en 1979 naquit "Dreamin' Wild", l'unique album des frères Emerson. Un bouillant mélange de soul, de rock et de funk, le tout diablement roots. Pas franchement le genre de musique qu'on imagine élaboré par deux jeunes fermiers. Pas raccord non plus avec l'accoutrement des deux gus sur la pochette, c'est pas possible un truc pareil! A ce stade de l'histoire, inutile de préciser que l'album fut un bide. La famille au bord de la faillite dut vendre une bonne partie de ses terres. Un bien triste retour à l'anonymat et à la dure réalité.

Et le disque dans tout ça? Un trésor enfui, le Graal funk sous le saphir. Du dynamique "Good Times" à l'imparable "My Heart" en passant par l'hypnotique "Baby", tout ici sent le soufre rock. Cent pour cent analogique, le son est chaud, rond, excitant comme des courbes féminines. L’improbable mixage ajoute encore à l'étrangeté de la chose. Saluons au passage l'initiative du splendide label Light In The Attic qui livre encore une fois un travail d'édition impeccable.

Lien Spotify

vendredi 14 juin 2013

JSF#3: TENACIOUS D - The Pick Of Destiny - 2006

Thème du jour: Pictural

Une pochette dédiée à la peinture ou au dessin, en voilà une bonne idée. Car force est de constater qu'au fil du temps, la liste des pochettes d'albums empruntant à la peinture ou au dessin n'a eu de cesse de s'allonger de façon quasi exponentielle. En parcourant ma discothèque à la recherche de la perle rare, j'ai vu défiler un paquet de disques susceptibles de coller au thème, à commencer par "Beck-Ola" du Jeff Beck Group qui utilise ni plus ni moins que la chambre d'écoute de Magritte en guise de couverture. Et que dire du premier Velvet Underground ou de "Sticky Finger" des Stones, des oeuvres d'art à part entière créés pour l'occasion par un Andy Warhol au sommet de son art. Mais tout cela est trop convenu... J'ai préféré aborder ce thème par la voie du détournement, de la parodie! Et quand les Tenacious D s'attaquent à la création d'Adam de Michel-Ange, c'est toute la chapelle Sixtine qui menace de s’effondrer.

"The Pick Of Destiny" est le second album du groupe de hard-rock comique monté par Jack Black et Kyle Gass, c'est également la bande originale du film du même nom. Démarrant très fort avec l'hilarant "Kickapoo", un morceau qui voit mine de rien défiler Meat Loaf et Ronnie James Dio, pas les derniers des péquenots. Ce qui marque d'entrée de jeu, c'est la qualité musicale du projet, on sent l'amour d'un genre. Les amateurs de musique classique auront également leur compte avec l’inénarrable "Classico", blague ultime! Plus loin, "Papagenu (He's My Sassafrass)" nous offre un voyage hallucinant et halluciné, le tout avec une bonne dose de crypto-zoologie en bonus! Mais le gros morceau, le climax du disque, se nomme "Beelzeboss (The Final Showdown)", le groupe y affronte le diable lui-même (campé par Dave Grohl) dans un tournoi de métal. C'est juste de la folie pure.

Concrètement, "The Pick Of Destiny" n'est pas le meilleur album du D, mais il reste tout de même sacrément jouissif! Et admirez cette pochette, quelle magnificence...

Lien Spotify

mercredi 12 juin 2013

JSF#2: ERYKAH BADU - New Amerykah Part One (4th World War) - 2008

Thème du Jour: Black Is Beautiful

"Black Is Beautiful" en voilà un thème inspirant. Un thème qui m'a directement renvoyé à Erykah Badu, cette beauté vaudou et grande prêtresse du hip-hop féminin. "New Amerykah Part One" est sans doute l'album le plus atypique de la dame, barré entre funk et hip-hop classique, entre percussions africaines et débordement soul, un pur condensé de musique noire. Une oeuvre collective également, qui voit défiler un parterre d'invités prestigieux tels que Questlove ou Madlib!

Début en fanfare avec "Amerykahn Promise", sorte de bande-annonce de l'album à venir sur fond de blacksploitation; à noter la présence de Roy Ayers sur ce morceau funk en diable. Produit par Madlib, "The Healer" est une beauté noire, flirtant avec l’Afrique pour se métamorphoser en hip-hop incantatoire. Plus loin, "My People" déploie son rap vaporeux et hypnotique sur un beat relaxant, il y a du vaudou là-dessous, assurément! "That Hump" c'est de la soul 2.0, la voix de la maîtresse de cérémonie est à se damner, d'une beauté rare, entre clarté et fêlure féminine. Ce morceau groove plus que de raison, d'une rondeur charnelle; de la tentation à l'état pur. "Telephone" est un hommage à J.Dilla, ce long morceau se laisse porter par sa mélancolie, mais n'en oublie pas la lumière pour autant. On ne peut rêver plus bel hommage! L'album se referme avec "Honey" qui nous renvoie au gimmick de "Amerykahn Promise", la boucle est bouclée avec cette soul-funk, sexuelle et viscérale!

"New Amerykah Part One" est un skeud à part dans la disco d'Erykah Badu, sans doute son meilleur. La seconde partie du diptyque débarquera en 2010, plus classique, celle-ci n'en est pas moins intéressante.

Lien Spotify

lundi 10 juin 2013

JSF#1: BOB MARLEY AND THE WAILERS - Legend - compilation - 1984

Thème du jour: Madeleine auditive

Souvenirs d'enfance, été chaud, piscine, famille encore soudée et surtout le reggae. Celui que ma mère affectionnait tant, c'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui; je parle au passé pour offrir un côté solennel et nostalgique à ma chronique. Le reggae donc, cette hypnotique musique jamaïcaine introduite dans mon petit univers par un des mes oncles. Bob Marley, album "Legend", une copie cassette dont la bande n'aura tenu qu'un été. Suffisamment longtemps pour me refiler le virus, qui ne tarda pas à gagner ma bande de potes. Bien entendu, je n'entendais rien aux messages politiques, ni aux "allusions" verdoyantes qui peuplent les chansons de Bob Marley. Seule demeurait la musique, syncopée, organique, mystique voire surnaturelle. Ce rythme lent qui agissait comme un shoot d'endorphine sous le soleil de plomb. Des journées entières passées à lézarder près de l'eau chlorée de la piscine, sans soucis, sans autre but que de s'amuser, la belle vie! J'ai d'ailleurs récemment offert ce disque à ma petite soeur (entre autres albums du zigue) car je sais qu'il évoque chez elle les mêmes beaux souvenirs. Une madeleine à plusieurs, c'est encore meilleur! Car le plaisir ne vaut que s'il est partagé, ce n'est pas de moi mais d'un mec qui est mort tout seul en Alaska.

Ce best-of archi-connu ne contient quasiment que des tubes de la période internationale de Bob Marley. "Is This love", "Redemption Song", "Exodus" et bien d'autres, la liste file le tournis. "Legend" reste encore aujourd'hui la meilleure porte d'entrée pour qui souhaite plonger dans la riche discographie du prophète aux dreadlocks.

Lien Spotify