jeudi 13 mars 2014

FIN, mais pas vraiment... en fait!

Salut tous, toi lecteur fidèle, toi l'égaré du net ou toi l'amoureux transi de mes mots et de ma prose imparable. Sache que ce blog ne sera plus alimenté à l'avenir. Je ne vais pas m'étendre sur les raisons du pourquoi du comment, pardon? Quoi? J'ai rien dit... passons. La principale raison étant, CETTE FOUTUE COMPRESSION DES IMAGES DE CE SALOPARD DE BLOGGER... hum! Ça va mieux d'un seul coup. 

Là, je vois les larmes te monter aux yeux ami lecteur, mais sèche-les vite car l'aventure continue ailleurs. Quelle belle nouvelle n'est-ce pas? Donc, l'aventure continue, dans un endroit humide et déviant, nommé LA CABANE DÉVIANTE... Un mag culturel sous wordpress qui normalement sera collectif. Tu y trouveras des re-publications des meilleures chroniques d'ici, mais aussi de nouvelles (ben oui, faut bien). Mais pas que musical, non non, il y aura également des romans, de la BD, des films, des créations personnelles (le tout parfaitement rangé et accessible via un menu très bien) et il se murmure même qu'un podcast serait en préparation... C'est pas beau ça?!

Donc, si toi aussi tu es tout excité, clique sur le lien. LIEN!

lundi 10 mars 2014

N°148 - ZZ TOP - La Futura - 2012


Neuf ans d'absence c'est long, presque une décennie foutredieu! Une éternité à l'échelle du progrès. Si le monde tourne trop vite, nos barbus texans, eux, savent prendre le temps. Ils laissent mijoter la tambouille comme tout bon cuistot Tex-Mex qui se respecte, histoire que les arômes et les épices soient bien équilibrés. Ne jamais se hâter semble être la devise des ZZ Top depuis... depuis le début en fait.

Produit par Rick Rubin (décidément, le taux de pilosité en studio défiait l'entendement), ce quinzième opus, sobrement intitulé La Futura, envoie du gras bien suintant au travers des haut-parleurs. Du blues lourd comme seuls les sommets de zizis savent en distiller, de la gnôle triple X qui assomme sévèrement. Dès le départ, l'affaire pue le vice, "I Gotsta Get Paid" fait à nouveau rugir le V8 de ce bon vieux Eliminator, le Ford Coupe customisé a beau être rongé par la rouille, il avale l'asphalte comme au premier jour. La descente de manche de "Chartreuse" est aussi puissante qu'une descente d'organe dans les chiottes d'un TGV lancé à pleine allure. Du blues chauffé à blanc qui cogne fort, le trio n'a visiblement pas lésiné sur le Tabasco! Plus loin "Heartache In Blue" et sa rythmique hip-hop laissent pantois, putain de puissance brute, du ZZ Top dans toute sa splendeur. Psychédélisme lesté de métaux lourds, "It's Too Easy Mañana" tranche avec le reste de l'album et offre une salvatrice bouffée d'acide lysergique.

Concis et racé comme pouvaient l'être les premiers disques du groupe, La Futura, malgré son titre, opère une sorte de retour aux sources tout en conservant la modernité acquise au fil du temps. Sans doute le meilleur album du groupe depuis Degüello!

mardi 25 février 2014

Who You Gonna Call?

Émouvant Fan-art signé TIM.

L'acteur, réalisateur, scénariste et producteur Harold Ramis est décédé le 24 février 2014 à l'âge de 69 ans. Pour toutes les personnes de ma génération (80-90), c'est une autre partie de l'enfance qui fout le camp. Le pack de proton est remisé pour de bon, Ecto-1 ne sortira plus de la caserne et Ghostbusters n'aura plus vraiment la même saveur. 

Repose en paix, Egon

samedi 15 février 2014

LE SOAP ÉTHYLIQUE - Pour la beauté des restes V

J'avais demandé du renfort, et voilà que Fracassé m'envoyait la bleusaille. A force d'incompétence, je n'étais plus pris au sérieux; si maintenant même la maison mère me lâchait, j'allais finir au terminal des ratés plus tôt que prévu. Le peu d'amour propre qu'il me restait encore avait filé avec la rapidité d'un pet. C'est que les Siamois, il fallait se les farcir les zigotos. Les deux inséparables s'étaient rencontrés à l'école de police. Ils avaient développé une sorte de fraternité du dernier espoir à grand renfort d’innombrables bites au cirage. Lorsqu'il s'agit de bizutages, le gallinacé ne manque pas d'imagination. Pour Triple Axel et Fol Eytienne, le dortoir ressemblait à une jungle, et ils n'avaient clairement pas l'équipement nécessaire pour mener le safari.

A peine avions-nous eu le temps de nous poster dans un endroit stratégique, le gang des cachets et moi, que le son strident d'un moteur de Renault 12 au bord de l’explosion se fit entendre, suivi d'un crissement de pneus semblant tout droit sortir d'un mauvais film d'action. Les Siamois se prenaient désormais pour des Shériffs traquant le desperado et comptaient bien soigner leur arrivée. J'aurais du préciser que la discrétion était de rigueur, on jouait sur du velours. Pour ponctuer le tout, ces crétins congénitaux usèrent du frein à main. Histoire de fignoler la scène, ils déboulèrent dans le bar, Ray-Ban aviator sur le tarin et flingues bien en évidence; manque de pot, les membres du Club possédaient tout un arsenal de pétoires gros calibres. Inutile de dire que les deux boy-scout déguisés en ersatz de Dirty Harry ne firent pas le poids. Ils prirent tant de bastos dans le buffet qu'on pouvait en voir le fond, il n'y avait plus une assiette en place. Retour au créateur, ils pourraient désormais boire leurs Choky en compagnie de la Sainte-Trinité.

Pill donna l’assaut aussitôt, La Petite boîte lui emboîta le pas, si j'ose dire. Foutredieu, que la bougresse était féline et rapide comme l'éclair. Moi, dans mon slip marron, je me sentais un peu à la ramasse, mais j'avais l’énergie d'un vieux tigre affamé. Dans le Club, le comité d’accueil avait déjà tout prévu pour la sauterie, et les salopards savaient recevoir. Si pour mes compagnons ninjas cela s'apparentait à du menu fretin, me concernant, je ne pouvais compter que sur l'effet de surprise provoqué par ma tenue légère pour désarçonner l'ennemi. Pendant que les balles sifflaient et que mes amis voltigeaient avec élégance, j'ai tout de suite tenté de neutraliser Jimmy Kiss Kool, mais El Boxon m'en empêcha. Et tandis que je me liquéfiais sous les assauts répétés du teigneux molosse, cet enfoiré de taulier fila à l'anglaise. Impossible de réagir, le malabar me tenait, je n'entendais presque plus l'agitation environnante, seul le bruit de ses poings brisant mes os trouvait encore écho dans mon crâne engourdi. Peu à peu je perdais connaissance et ma vision devenait de plus en plus trouble, un détail cependant perturba ma lente agonie. Durant toute la durée du combat, Barlu n'avait pas bougé d'un pouce, il était resté là, raide comme un juge. "Penser à l'aiguille tu dois... La clef, dans l'aiguille, est..." Depuis le début, j'avais la solution sous les naseaux, depuis le début. 
" Pill! Barlu, il faut bouger Barlu!
- Quoi?
- Bar... Barlu, vire-le de..."
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que déjà les coups pleuvaient à nouveau, une véritable averse cette fois. J'étais au tapis pour de bon...

Ce furent La Bordeaux et Ratafia qui se chargèrent de virer l'aiguille de son comptoir, les dissidentes passaient enfin à l'action. Barlu à terre, ce fut tout le Club qui se mit à trembler, les fenêtres se brisèrent sous le poids de la toiture, les murs s’écroulèrent presque instantanément. Ce rade minable n'était en fait qu'un vulgaire jeu de domino, une fois le premier renversé, les autres suivaient machinalement. Rascal avait raison, la clef était bel et bien dans l'aiguille... 

10 ans plus tard.

Déchiré 102, Tergal, Le Pernophage, Derrière Andros, El Boxon et Barlu furent tous tués dans l'éboulement du Club des buveurs de pintes. 

Pill et La Petite boîte à pilules dirigent actuellement un commando d'élite top secret composé uniquement de ninjas.

Mick Majeur est définitivement devenu une femme, elle se nomme désormais Yolanda Cristina Gigliotti et coule des jours heureux auprès d'un mari aimant. Sosie de Claude François, celui-ci vient d'avoir dix-huit ans.

La Bordeaux et Ratafia se sont exilées au Québec, où elles ont fait fortune dans le commerce de sirop d'érable frelaté. La Bordeaux possède de nouvelles dents en or et Ratafia un système digestif haute-technologie tout en latex.

Levrett s'est retiré sans laisser de traces.

Jimmy Kiss Kool purge actuellement une lourde peine d’emprisonnement au centre pénitencier de Fleury Merogis. Il a fondé un nouveau Club aux mœurs plus que douteuses. Il ne sera libéré qu'en janvier 2043.

Torche a perdu l'usage de ses jambes dans l'accident du Club des buveurs de pintes, puis s'est fait licencier de la police. Aujourd'hui il passe toutes ses journées dans un bar, duquel il ne peut quitter le comptoir. Littéralement... 

FIN

vendredi 14 février 2014

LE SOAP ÉTHYLIQUE - Pour la beauté des restes IV

Bordel de cul. J'avais une nouvelle fois piqué un roupillon. Je ne sais pas de quoi était fait leur cocktail, mais une chose était sûre, ce n'était pas de la petite bière. Je décollais régulièrement vers la lune tel Amstrong prisonnier d'une boucle temporelle. Il fallait cependant que je trouve vite un plan, sinon l'abominable docteur Tergal allait me vendre en pièces détachées à l'étranger, et cela ne me plaisait que moyennement. Dans la salle du bar, il y avait beaucoup d'agitation, je pouvais entendre le Jukebox cracher à plein volume "Le lundi au soleil" de Claude François, nul doute que le Pernophage traînait dans le secteur... Ce qui me laissait supposer que la livraison allait bientôt commencer, je devais profiter de tout ce tohu-bohu pour me carapater en douce. Mais la chose semblait impossible, les sangles étaient bien trop serrées, je pouvais tout juste bouger la tête... Je devais me rendre à l'évidence, j'étais fait comme un rat! Soudain, des pas lourds se firent entendre dans le couloir, mon palpitant se mit à battre de plus belle, ce diable de Tergal allait sans doute passer à l'action! Bingo, le voilà qui débarquait dans l'arrière-boutique avec tout l'attirail du parfait petit découpeur, et cerise sur le gâteau, le bougre ne se pointait pas seul. Il était accompagné d'un certain El Boxon, une armoire à glace d'au moins cent-trente kilos. Le type ne semblait pas bien vif, mais sa simple présence bloquait ma seule issue de secours. Les choses ne se présentaient décidément pas sous les meilleurs auspices. Pendant que Tergal faisait l'inventaire de sa boite à malice, le patibulaire El Boxon ne me lâchait pas du regard, au moindre de mes mouvements il émettait un son plus proche du râle que du dialecte construit, amplement suffisant cela dit pour me dissuader de toute initiative. Tandis que Claude François glapissait son "Magnolia Forever", j'allais passer l'arme à gauche. Jusqu'au bout, la vie ne m'aura pas fait de cadeau.

Je m'étais résigné à l'idée d'aller serrer la pince du grand Patriarche quand le gros El Boxon tomba au sol comme une mouche. Tergal eut à peine le temps de se retourner vers le colosse que lui aussi percuta la terre ferme. Tandis que mes deux ravisseurs avaient plongé dans un profond sommeil, je vis entrer un gonze et une souris, tous deux vêtus comme des bridés pratiquant le karaté.

" Salut, toujours en vie? Je m'appelle Pill. Elle, c'est La Petite boîte à pilules.
- On sait qui tu es Torche, nous sommes des stups...
- Ouais, et tu nous as foutu deux ans de boulot en l'air avec tes conneries, deux ans d'infiltrations réduites à néant", surenchérit Pill sur un ton qui peinait à cacher son agacement. 
" Désolé les gars, enfin je veux dire...
- Te fatigue pas, avec La Petite boîte, on est venus pour te tirer de là. Mais prépare-toi, car il va y avoir du grabuge. Ce soir, on rase tout!"
Le remue-ménage ne me faisait pas peur, cependant j'allais devoir combattre en slip et bottines, car je n'avais aucun moyen de remettre la main sur mes vêtements. Jimmy Kiss Kool les avait sans doute trouvés à son goût, la charogne!
" Une seconde les athlètes, l'un de vous a-t'il un talki? Va falloir que j'appelle du renfort!"
Pill me tendit sa radio pour que je puisse contacter mon boss.
" Un, deux, un, deux, Torche à Fracassé 62, je répète Torche à Fracassé 62..." La radio émit un léger crépitement puis une réponse se fit entendre.
" Fracassé 62, je vous reçois, qu'y a t'il Torche? Où êtes-vous, foutredieu? A vous.
- Je suis dans de sales draps, il faut m'envoyer du renfort au Club des buveurs de pintes! Il va y avoir bisbille. A vous.
- Bien reçu, je vous envoie les Siamois! A vous.
- Mais enfin chef, c'est du suicide, ils ne sont pas... 
- C'est ça ou rien! A vous!" conclut-il de ce ton cassant qui le caractérisait.
" Très bien, mais dans ce cas, je ne réponds plus de rien..."

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jeudi 13 février 2014

LE SOAP ÉTHYLIQUE - Pour la beauté des restes III

" Tes arrières bien surveiller tu dois, jeune Torche.
- Je le sais monsieur Jorg, mais c'est trop difficile. Comment gérer un combat quand les ennemis déboulent de partout? C'est impossible!" 
Sans réellement savoir pourquoi, alors que j'étais dans les vapes, j'ai rêvé de ce vieil instructeur qui avait tant fait pour moi lorsque je n'étais qu'un bleu à l'école de police. Rascal Jorg qu'il s’appelait, un type incroyable, mais qui s'était fait coincer par les bœufs-carottes... Soit disant que c’était un ripoux, je n'y ai jamais cru, il était trop bon voilà tout, il faisait passer tous les autres pour des branquignoles. 
" Pourquoi à terre es-tu, le sais-tu, jeune recrue?
- Parce que je n'ai pas surveillé mes arrières, comme toujours...
- Au moins, la source de tes problèmes tu connais... Toujours dix coups d'avance sur tes adversaires, avoir tu dois, sans quoi la poussière tu mordras, ou pire, la mort tu trouveras. Lorsque dans la police, entré je suis, tout de suite du combat l'importance j'ai saisi. La technique apprendre et un sixième sens développer tu dois. Les pieds toujours à quarante degrés doivent être pour meilleur appui avoir, jeune recrue. Difficile l'apprentissage est, mais primordial aussi."
Ce rêve commençait à devenir diablement long, ce sacré Rascal n'a jamais su la faire courte, il parlait pendant des heures encore et encore, je ne vous raconte même pas la gueule de ses rapports, de vrais romans. Pour tout dire, le bâtiment des archives dut être agrandi à plusieurs reprises. Mais sur ce coup il fallait que je coupe court, que je refasse surface.

Je ne sais pas combien de temps je fus hors service, toujours est-il qu'en émergeant j'eus tout le loisir de constater que ces salopards m'avaient ligoté, et laissé presque nu. Heureusement que mes sous-vêtements étaient toujours d'une grande finesse, je portais l'un de mes fameux slips Dim marron (la couleur d'origine), pas un vulgaire shorty pour garçons coiffeurs ou bellâtres à l'encéphalogramme plat. Bref, pour vous la faire en accéléré, j'étais bien dans la merde. La pièce était pleine de bouteilles vides et de ces grandes caisses en plastique dur destinées à contenir des canettes de bière, une forte odeur d'alcool me monta rapidement au tarbif. On m'avait bouclé dans l'arrière-salle du "Club des buveurs de pintes", qui servait aussi, visiblement, de laboratoire clandestin. Dans le couloir adjacent, deux personnes discutaient; dans l'obscurité, Jimmy Kiss Kool et Tergal élaboraient un plan pour éliminer mézigue.
" Tu te démerdes, mais je ne veux plus voir ce cave en revenant!
- Mais enfin Jimmy, tu veux que j'en fasse quoi?
- Tu te fous de moi? Toi, le boucher du nord-est, l'ex-pape du trafic d'organes, tu trouveras bien une solution, je te fais confiance!
- Tu sais bien que je ne baigne plus dans ces histoires, Jimmy, c'est du passé.
- Et bien, il faut parfois savoir voyager dans le temps mon ami!
- Et puis, comment il s'est retrouvé là ce satané flic?
- Aucune importance! Tout ce que je sais c'est que Levrett a pris les choses en mains, et heureusement! Cette nuit, lorsque ce poulet est sorti du bar, Levrett, qui attaque toujours par derrière, l'a assommé. 
- Et il sait quoi au juste de notre petite association?
- Absolument tout, Barlu lui a fait un topo complet.
- Bordel, Jimmy, je t'ai déjà dit de virer ce bavard de boueux!
- Je ne peux pas Tergal, c'est lui qui soutient le bar. Littéralement. Si je le dégage, tout s'effondre."

Je n'arrivais pas à lutter plus longtemps, ces freaks m'avaient visiblement drogué. Je ne tardais pas à plonger de nouveau dans un profond sommeil.

" Rascal, c'est vous Rascal?
- Penser à l'aiguille tu dois... La clef, dans l'aiguille, est...
- Rascal, où êtes vous? Je ne vous vois pas, il fait trop sombre... RASCAL!
- Faire vite, sinon englué tu seras..."

Je repris conscience à ce moment précis, sans comprendre réellement quel mauvais tour m'avait joué mon cerveau embrumé. Dans le couloir j'entendis deux femmes chuchoter. Sans doute les glamours Ratafia et La Bordeaux.

" Accroche ta tuque avec d'la broche Ratafia, ce soir on passe à l'action. Ça va être lette!
- Ouais, c'est qu't'as raison, l'édentée, le Jimmy Kiss Kool ne fait plus d'effet à personne. Notre petite assemblée a grand besoin de changements. D'une direction un peu plus féminine, tu piges?
- Il nous a assez compté de pipes c't'ostie d'niaiseux...

J'ai vite compris qu'il y avait du rififi chez les lustucrus, je tenais ma porte de sortie. Le salut viendrait peut-être de ces dames. Il fallait juste que je trouve un moyen de me détacher, ce qui n'allait pas être une mince affaire...

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mercredi 12 février 2014

LE SOAP ÉTHYLIQUE - Pour la beauté des restes II

Le vieux gars assis à l'autre extrémité du comptoir se nommait Déchiré 102, monsieur double Pastis. Bien avant Jimmy Kiss Kool, c'était lui qui dirigeait l'association. Malheureusement, la radio avait cessé d'émettre dans son cortex cérébral depuis déjà bien longtemps. Depuis ce tragique dimanche de juillet 1979, pour être plus précis. Le type avait fait un pèlerinage dans le sud de la France, une visite de la distillerie Ricard. La nouba avait tourné court lorsque Déchiré trébucha et manqua de se noyer dans une cuve contenant plusieurs milliers de litres d’anisette. Les secours étaient intervenus à temps, mais le pauvre zig avait déjà beaucoup perdu de sa vélocité mentale.

A côté du Pernophage se tenait celui que l'on nommait Mick Majeur, en rapport à un vieillissement prématuré, il était né vieux quoi. A six ans, il en faisait douze, à douze, vingt-quatre et ainsi de suite... C'était également le plus grand fan français de Dalida, d'ailleurs il s'habillait comme elle, et j'avoue que la créature ne me laissait pas indifférent. L’envoûtant travesti secondait le Perno dans sa tournée des crépus et la collecte des bouteilles vides.  

En face de La Bordeaux se tenait Ratafia, l'autre greluche de l'équipe. Vraiment dégueulasse celle-ci, elle avait toujours près d'elle un sachet de commission. D'après Barlu, la belle y stockait ses organes, en rapport avec une descente de ces derniers. Sous son cheveu gras et clairsemé, se cachait en réalité une redoutable manipulatrice. Elle prenait des clichés des riches clients de la Québécoise dans des situations que la morale réprouve pour ensuite les faire chanter. Pas conne la morue.

Et enfin, bien planqué dans les ténèbres du fond de la salle, il y avait Derrière Andros, le sphincter en compote. Un truc en corrélation avec un jeu sexuel qui aurait mal tourné et dans lequel La Bordeaux serait impliquée. J'ai pas bien tout pigé, d'autant que sous l'effet de l'alcool, le précieux Barlu devenait très confus.

En quittant le bar, j'avais le sourire aux lèvres, jamais aucune de mes enquêtes n'avait progressé aussi vite et bien. "Tu brilles enfin ma Torche, tu brilles enfin!" me disais-je en moi-même. J'avais la baraka, fini la scoumoune! Je me suis senti vivant, un instant, j'ai même esquissé un début d'érection, cela ne m'était plus arrivé depuis plusieurs années. Il ne me restait plus qu'à jouer les agents infiltrés, mais pour cela il me fallait un plan en béton avec un angle d'attaque à la hauteur de l’événement. Ce Jimmy Kiss Kool n'était peut-être pas très frais, mais j'ai bien senti qu'il se méfiait de moi, toute la soirée il m'avait lancé des regards en coin tandis que le Barlu me récitait son monologue...

Cependant que j'avais toutes les peines du monde à retrouver ces foutues clefs de bagnole dans les profondes poches de mon imperméable, j'ai entendu un pas rapide dans mon dos, suivi d'un bruit sourd accompagné d'une vive douleur qui me mit K.O. Pas le temps de piger quoique ce soit, on m'avait coupé l'électricité, j'étais dans le coltard...

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mardi 11 février 2014

LE SOAP ÉTHYLIQUE - Pour la beauté des restes

En franchissant la porte poisseuse de ce rade miteux, j'ai tout de suite senti l'odeur âcre des emmerdes. Vingt ans que je suis dans le métier, alors j'ai comme qui dirait développé un certain flair pour ce genre de choses. Les emmerdes, je veux dire. Le métier en question c'est inspecteur de police, pour ceux qui n'auraient pas encore saisi, et mon "nom d'artiste" c'est Torche; c'est ironique, les collègues m'appellent ainsi car je ne suis pas une lumière. Je suis le champion des affaires non résolues, faut dire aussi que j'ai le chic pour me fourrer dans tous les plans tordus. Et c'est justement l'un de ces plans démoniaques qui m'avait conduit jusqu'à ce troquet, "Le club des buveurs de pintes", fallait que je me rencarde sur les affaires louches du patron des lieux, un certain Jimmy Kiss Kool. Le type est connu dans le milieu, parait qu'il serait le chef d'une petite bande de pochtrons donnant dans la liqueur frelatée faite maison. Plusieurs gaillards de la haute seraient tombés raides morts après avoir goûté au nectar. Et ça commençait à faire tâche à la "Kommandatur", vous voyez le genre? 

Après avoir commandé une pinte, je me suis installé au bar, et j'ai jeté un rapide coup d'oeil autour de moi afin de mieux cerner la faune des lieux. On n'était pas au Ritz, certes, mais clairement la clientèle avait sacrément morflé, cette chienne de vie ne lui avait visiblement pas fait de cadeaux. Tandis que je m'attardais sur le regard vide de mon voisin de zinc, Jimmy Kiss Kool m'a apporté une pinte de pisse tiédasse dans un verre sale.
" Ça f'ra cinq euros", me dit-il sur un ton désagréable.
J'ai sorti un billet de cinq de la poche intérieure de mon imper' et l'ai glissé négligemment sur le comptoir. Il s'en est emparé avec empressement, comme un prêtre s'empare d'un enfant de cœur. Alors que j'allais plonger mes moustaches dans ce breuvage fort peu rafraîchissant, une voix nasillarde est venue troubler la rumeur des lieux.
" Salut, moi c'est Barlu, et toi? me demanda mon voisin de droite.
- Euh...bonjour, moi c'est Torche, enchanté". Jamais ce terme ne m'avait semblé aussi peu approprié. "Tu viens souvent ici mon cher Barlu?
- A vrai dire je suis toujours là, je ne peux pas partir sinon le bar s'effondre. Littéralement! me répondit-il le plus sérieusement du monde. 
- Comment ça?
- Je suis le pilier de ce comptoir, la glaise qui tient le tout debout. Je suis le fou du village englué qui guide les voyageurs immobiles qui tentent l'ascension de l'aiguille..."
J'ai tout de suite compris qu'il n'avait ni l'eau ni le gaz à tous les étages. Mais le type était sympathique et aidé par quelques pintes grassement payées par le contribuable, peut-être même arriverai-je à lui soutirer quelques précieuses informations. Une fois imbibé, le Barlu m'a carrément déroulé le générique de fin, avec le casting au grand complet, un rêve. Très disert, il ne m'a épargné aucun détail croustillant. 

Il y avait La Bordeaux, une radasse en exil de son Québec natal pour une sombre histoire de prostitution. Elle avait écopé de ce surnom en raison de son amour immodéré pour le raisin fermenté. La pauvre n'avait plus une chaise en place dans la salle à manger, le scorbut je crois. Toujours est-il qu'entre deux passes, la frêle demoiselle se chargeait de la distribution de la gnôle. Service livraison donc.

Le binoclard du fond s'appelait Tergal, un ancien toubib qui fut rayé de l'ordre des blouses blanches et avait fini au mitard pour une sombre histoire de trafic d'organes. Je me souviens de cette sale affaire, les juges avaient été cléments par manque de preuves ou de paperasse mal goupillée. Toujours est-il que vingt après, le voilà ici, tel un fantôme du passé. C'était le chimiste de l'équipe, celui qui tenait la distillerie. Le bougre, il avait gardé le goût du crime.

A côté du Jukebox, écoutant Claude François, se tenait le Pernophage, un ancien coureur cycliste ayant perdu un testicule lors d'un tragique accident de vélo. La chose s'était prise dans le dérailleur alors qu'il tentait l'ascension d'un col, le grand plateau eut alors raison de sa virilité. Il s'occupait de l'acheminement et du conditionnement. En plus des cadavres récoltés au bar de Jimmy Kiss Kool, il allait quémander la consigne chez tous les maghrébins tenant une épicerie...

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lundi 10 février 2014

H-BURNS - Off The Map


Pour son quatrième album, le Drômois H-Burns s'est offert les services du grand Steve Albini (Pixies, PJ Harvey), et le moins que l'on puisse dire, est que le résultat s'avère à la hauteur de la rencontre. A l'image de sa pochette, ce disque est une chute libre vers les grands espaces de la musique américaine. Nourri de folk à la sonorité sinueuse percutée d’électricité et d'énergie brute de décoffrage, Off The Map est un voyage en noir et blanc vers un ailleurs plus vrai, plus viscéral.

"Tow Thousand Miles" se met en place doucement, déployant des voiles lourdes comme le ciment, mais quand arrive la voix, ce vaisseau plombé prend miraculeusement son envol pour ne plus jamais toucher terre. Déjà ce morceau joue l'équilibre entre douceur et violence, toujours sur le fil du rasoir. En rupture, "Six Years" paraît presque pop, le rythme y est bien plus soutenu et la mélodie semble taillée pour les radios, à ceci près que le son est trop brut pour les ondes, mais personne ne s'en plaindra. Ballade sublime, "Big Blue" invite aux voyages immobiles et à la traversée du grand océan mental, un véritable trip pour rêveur à l'âme meurtrie. Assez typiquement "Put Your Hands On The Right Man" est une autre de ces chansons crève-cœur qui achèvent les hommes tristes, font grandir les remords et élèvent le regret au rang d'art; exactement ce genre-là.

La musique de H-Burns tient autant du post-rock de chez Constellation que de Bruce Springsteen, c'est une hybride magnifique à l'ADN lourd d'influences diverses. Mieux, Off The Map est simplement un très très bon disque, ne retenez que cela!

samedi 8 février 2014

ETIENNE DAHO - Les chansons de l'innocence retrouvée


J'ai mis le temps avant de venir enfin vers ce disque, encore complètement happé par L'invitation et sa pop millimétrée. Il faut bien dire que Les chansons de l'innocence retrouvée fait partie de ces albums qui ne s’apprivoisent pas si facilement, de ces oeuvres qui s'offrent sur la longueur, bref, des ces disques difficiles et sinueux qui au final s'avèrent être les plus durables. Avec ce dixième LP, Etienne Daho prend le risque de surprendre à nouveau. Après trois albums qui n'étaient que des variations autour d'une même forme de pop, aussi brillante soit-elle, le chanteur semble vouloir à la fois revenir aux sources et regarder vers l'avenir. Les chansons de l'innocence retrouvée est donc fort logiquement beaucoup plus varié et ambitieux. 

Ouverture en cinémascope avec "Le baiser du destin", la musique y est lourde et voilée, la voix plus vaporeuse que jamais, il règne sur ce morceau un doux parfum oriental et psychédélique. "L'homme qui marche", ou comment l'amour devient froideur et tragédie, avec toujours cet aspect cinématographique qui fait tout le sel de la chose. Sur un schéma plus classique, "La peau dure" voit le retour d'un Daho plus traditionnel, simple, pop et efficace. En duo avec Deborah Harry, "L'étrangère" est une merveille disco-pop d'une classe infinie, la mélodie y est diamant précieux serti d'une orchestration en métal noble. Drôle de mise en abîme aussi, puisqu'il y est question de "Call Me" de Blondie... "Les chansons de l'innocence", le morceau-(presque) titre, cible le rétroviseur avec en ligne de mire le Daho des années 80, celui de Pop-Satori, avec son disco noir d'une fraîcheur salutaire. Une parfaite conclusion.

Portées par des orchestrations foisonnantes, les nouvelles compositions possèdent une ampleur assez inédite tout en restant viscéralement pop, toujours en équilibre précaire. Les chansons de l'innocence retrouvée est assurément un grand cru, peut-être le disque le plus abouti de l'artiste.

vendredi 7 février 2014

N°144 - DISCO DEMANDS - A Collection Of Rare 1970's Dance Music - compilation


Sexuelle, moite et démente, la musique proposée dans ce copieux coffret 5 cds édité par Al Kent est d'une qualité absolument sidérante. Teintée de funk et de psychédélisme fou, la programmation composant Disco Demands sonne comme une longue bande-originale de film érotique vintage, en cela, son incroyable pochette ne ment pas. Ambiance garantie.

Dès le départ l'affaire émoustille, la voix suave de Cheryl Berdell excite autant que l'orchestration chatoyante qui la porte; avec "Giving It All To You", le croisière ne fait pas que s'amuser, elle partouze carrément. Le tribalisme de "Cumbaya Disco" des bien-nommés Disco Warriors agit tel un puissant aphrodisiaque. Du vaudou au dancefloor, il n'y a qu'un pas que le groupe franchit allègrement, après tout, il n'est jamais question que de cérémonie et de communion. "Funkathone" envoie du lourd, du son ample aux basses grasses, entre afrobeat et disco pur, ce morceau est une tuerie torride. "Dance, Dance, Dance To The Music (Y'all)" de Ike Noble est un moment de bravoure disco-funk comme seules les années 70 étaient capable d'en produire, de la musique noire, intègre et épicée, un shoot d'adrénaline sonique. Plus loin, "Hey Mister" de Togetherness & Althea Forest traîne son disco du côté obscur, vers des paysages psyché et electro, une version afro de Giorgio Moroder en somme, la chose est à peine croyable.

Disco Demands, c'est près de cinq heures de musique de danse incendiaire et viscérale, de reliques disco échappées d'un autre espace-temps. Le noble art de faire se mouvoir les foules trouve ici de nombreux et sérieux représentants. De quoi transpirer jusqu'au bout de la nuit... De plus, pour ne rien gâcher, l'artwork est magnifique et le son grandiose. Les amateurs d'érotisme à l'ancienne se réjouiront de la présence d'un poster reprenant la photo de la pochette.   

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vendredi 24 janvier 2014

DRIVE WITH A DEAD GIRL - Alma Ata II


Cold Wave, psychédélisme kraut glacé dans la froideur du grand Nord. Bruit blanc pour géantes étendues pas si silencieuses que ça. Alma Ata II est déjà le septième LP de Drive With A Dead Girl, groupe lillois formé durant les années 2000, un album qui creuse encore un peu plus le sillon cold et noisy. Les sons oscillent, saturent et se tordent tandis que la chanteuse, telle une prêtresse nordique, incante et implore dans un flot de vocalises étranges. 

"Deseado", un son venu d'ailleurs qui s’immisce dans notre monde par les portes entre-baillées du temps, la tempête se lève au fur et à mesure que le morceau avance et l'intensité sous-jacente devient frontale. Le vent gronde aux travers des enceintes. Déjà la voix interpelle, elle caresse pour mieux frapper, épaulée par un orchestre qui tente de jouer l'apocalypse. Plus loin, le morceau-titre se veut plus docile, comme une bouffée d'air frais, un moment de répit dans ce lourd périple. C'est presque pop, étonnamment doux malgré la rugosité du son. Gros morceau, "Fabulous Tank" multiplie les humeurs et les climats, tantôt dense, tantôt vaporeux, toujours glacial. S'étirant sur plus de 17 minutes, il laisse l'auditeur se perdre dans ses songes, le rappelant parfois à l'ordre, puis le relâchant, joueur. Une épopée flippante jumelle des productions atypiques du label Constellation, un gage de qualité.

Alma Ata II, tel les disques de prog-rock prussiens des seventies, n'est pas facile d'accès, parfois bancal, souvent beau, mais toujours intense.

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jeudi 23 janvier 2014

BUBBA HO-TEP - Don Coscarelli - 2002


Pour vous la faire courte, Elvis est encore en vie. Il dépérit lentement mais sûrement dans une maison de retraite du sud des États-Unis, jusqu'au jour où une momie fringuée en cow-boy débarque pour y refaire le plein d'âmes plus tout à fait fraîches. Dans un ultime sursaut de vigueur et accompagné d'un JFK noir, le King décide de combattre cette menace venue d'un autre âge pour la renvoyer illico vers l'Enfer qu'elle n'aurait jamais du quitter.

Paru en 2002, Bubba Ho-Tep est un film de genre comico-horrifique réalisé par Don Coscarelli, adapté d'une nouvelle de Joe R. Lansdale. Alliant humour, horreur et charge sociale, ce long-métrage déviant est bien plus profond qu'il n'y parait. Possédant plusieurs niveaux de lecture, Bubba Ho-Tep peut aussi bien être vu comme une banale série B que comme ce qu'il est vraiment. C'est-à-dire le plus bel hommage cinématographique jamais rendu au King doublé d'une sévère critique du désolant système médical ricain.

Bruce Campbell est simplement parfait en Elvis vieillissant, tandis que le grand et regretté Ossie Davis incarne le meilleur JFK noir que le cinéma ait connu. La complicité entre les deux acteurs est palpable, ce qui donne lieu à plusieurs scènes instantanément cultes (que je ne citerai pas pour ne pas spoiler honteusement). La momie n'est pas en reste non plus, puisque son look est particulièrement soigné et réussi. Chacune de ses apparitions fait grimper la pression de plusieurs crans. Un vrai méchant bien badass en somme.

Pour d'évidentes raisons de droits et de coûts, aucun morceau d'Elvis Presley n'a été utilisé dans la bande-son du film, mais ce défaut est compensé par un score franchement réussi. Brian Tyler offre à Bubba Ho-Tep un habillage sonore à la fois épique, touchant et fortement marqué par la poussière rouge du vieux sud. Parfait.

Bubba Ho-Tep, un classique instantané du cinéma de genre, une série B au budget ridicule (1 million de dollars), mais qui possède ce petit truc primordial qui manque à beaucoup de blockbusters, de la vie. De plus, c'est le meilleur film dans lequel Elvis ait joué...

mardi 21 janvier 2014

N°140 - CHRISTOPHE - Clichés d'amour - 1983


Clichés d'amour paru en 1983 est un album à part dans la discographie de Christophe, un album plaisir, un peu hors-série. Constitué uniquement de reprises, celui-ci baigne dans une ambiance nocturne et jazzy aux relents tenaces de films noirs. Christophe se montre particulièrement à l'aise vocalement, bien calé au milieu de son orchestre swing, il renaît en crooner désuet, tel un fantôme un peu absurde mais beau. Le classicisme de Clichés d'amour pourra surprendre les amateurs des oeuvres plus "évoluées" du chanteur, mais force est de constater que l'exercice de style est parfaitement exécuté.

"Dernier Baiser" nous transporte dans un film en noir et blanc, avec ce romantisme à l'ancienne qui sied parfaitement au beau bizarre. Tout en conservant ce qui fait le sel de ses albums "personnels", Christophe se fond dans le projet sans le vampiriser, c'est-à-dire avec classe et humilité. Chronique d'une nuit blanche, "La Nuit bleue" est un nouveau rêve de jazz vocal, tant au niveau de l'orchestration haut de gamme que de la voix du chanteur, tout ici n'est que perfection. "Danse Perfidia" c'est la femme fatale, la diablesse infidèle, la belle plante carnivore qui se trouve toujours au cœur de l'intrigue; encore une fois l'ambiance de polar noir est parfaitement restituée. Assurément un des sommets du disque. Avec "Arrivederci Roma", le dernier des Bevilacqua nous chante un voyage nostalgique au cœur d'une l'Italie toujours ensoleillée; une Italie de carte postale mais incroyablement belle. Le récital se clôt sur une superbe adaptation de "White Christmas" sobrement intitulée "Noël Blanc", les arrangements sont divins et Christophe s'en sort avec les honneurs. Rares sont les chansons de Noël en français jouissant d'une telle classe.

Clichés d'amour, un disque un peu oublié qui mérite sincèrement d'être redécouvert. Voilà qui prouve que le jazz vocal, tout comme le rock, peut aussi briller dans la langue de Molière

lundi 20 janvier 2014

N°139 - LES RITA MITSOUKO - Variéty - 2007


Pour leur ultime tour de piste, Catherine Ringer et Fred Chichin nous ont offert un bijou de simplicité et de beauté. Un album désarmant, jamais vulgaire et encore moins hautain, de l’orfèvrerie pop en somme. Si Variéty est sans aucun doute possible l'opus le plus accessible du groupe, cela ne l'empêche pas d'être d'une densité redoutable. Exit les égarements electro ou quasi hip-hop du passé, les Rita Mitsouko s'offrent un salutaire retour aux sources.

Quelques accords balancés avec simplicité et la magie opère déjà, "L'ami ennemi", comme par hasard est une entrée en matière parfaite. La mélodie qui virevolte sur des arrangements d'une grande classe, le petit solo de guitare saturée, l'harmonica dans le fond, absolument rien ne manque. Après cela "Communiquer d'amour" dérive vers un ailleurs plus vertigineux encore, de la musique en suspens au-dessus du vide, un brillant numéro de funambule. Vaporeuse et onirique, "Rêverie" porte bien son nom; cette chanson d'amour finalement assez banale se voit pousser des ailes sous l'impulsion de son habillage psychédélique. Power pop bizarre, "Rendez-vous avec moi-même" porte la patte déviante des Rita des débuts, de la variété dynamitée et éclatée qui frappe droit dans la fourmilière paresseuse de la normalité. Entre country & western standard et folk 2.0, "She's A Cameleon" voit Catherine et Fred se métamorphoser en formation sud-américaine à la fois dandy et bouseuse, un rêve. Bien entendu il y a "Ding Ding Dong (Ringing At Your Bell)", ce tube disco en forme de fable taillée pour les pistes de danse, absolument imparable.

Variéty, la dernière visite d'un groupe hors-normes, l'offrande terminale et gourmande de Fred Chichin. A noter que le disque existe aussi en version anglaise.

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