jeudi 22 août 2013

N°118 - THOMAS FERSEN - Le pavillon des fous - 2005


Avec ce "Pavillon des fous", Thomas Fersen ajoute encore quelques animaux exotiques à son bestiaire pourtant déjà bien garni. Jadis une chauve-souris aimait un parapluie, maintenant, un iguanodon dandy-charmeur de femmes ou un moustique accro à la lumière d'un lampadaire. Avec ce sixième album, le chanteur lâche un peu les ornements très "chansons françaises" pour filer en douce vers quelque chose de plus pop et accessible, une tendance déjà palpable sur son précédent opus. Toujours aussi surréalistes et poétiques, les chansons de Fersen fusent d'images à la fois belles et bancales. Des fables animalières bizarres, des portraits de fous ou de simples divagations, tout ici n'est que plaisir.

Premier portrait, premier émoi, "Hyacinthe", un prénom de fleur pour un homme dangereux, un fou à l'air benoît. A la fois drôle et gênante, la description faite de ce personnage haut en couleur est pleine d'humour noire, un délice. Et "Pegase" qui se meurt à la lumière artificielle comme un junkie dans sa came. Un oiseau de nuit taillé pour les éclairages pâles des étoiles. Une mort mise en musique sans une once de mélancolie, la beauté surgit parfois là où on ne l'attend pas. "Mon Iguanodon", ballade dandy, pour un charmeur en écaille; de la poésie animale très tendre, mais possédant un sous-texte sexuel, le tout ayant des allures de cantique. Conte pour enfants sauvages, "Je n'ai pas la gale" joue avec les codes et la morale des récits pour gosse. Sur un air presque folklorique, Fersen dresse une fois de plus un portrait déviant du plus bel effet. Catherine Ringer irradie "Maudie" de sa présence, parfaite en folle se prenant pour la reine d'Angleterre. Cette chanson pose, l'air de rien, un regard juste sur la folie vue par les gens soit-disant saints d’esprit. "Cosmos" possède le lyrisme beau et grotesque des premières oeuvres de Thiefaine. Encore une fois le chanteur y détourne les codes de l'enfance, le texte est semblable à celui d'une berceuse, une grande quiétude émane du morceau et ce malgré la mort de l'animal!

"Le pavillon des fous" est un très grand disque de pop française, chose trop rare. Une oeuvre entière. Peut-être le sommet de monsieur.

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4 commentaires:

  1. Pour ma part, je dirais chanson, comme on dit chanson pour Brel, Ferré, Brassens, etc.
    J'aime bien Fersen en général et ici aussi en l'occurrence, mais je trouve que, depuis quelques albums, il tourne un peu en rond.

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    1. Il est peut-être un peu moins inspiré, mais ses disques récents sont tout de même bon. Un Nouvel album est prévu pour le mois prochain. A Voir.

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  2. Fersen et son monde gorgé de fous, mais des fous gentils, poètes, juste des fadas attendrissants. Son dernier sur les vampires, tout le monde est passé à côté..on l'écoute en boucle avec mon fissot (tu le veux ??:D).. j'entends sa dernière chanson sur Nova.. complètement différent, zarbe, cuivré..ça va détonner..ou pas.
    C'est un artiste inspiré, avec son langage à lui.. un monde .. bravo mon T.

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    1. J'ai bien aimé son dernier moi, mais celui-ci est mon favori. Yep, le nouveau titre si il est représentatif de l'album, ça risque de chambouler un peu. J'aime bien en tout cas.

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