lundi 26 août 2013

ALICE COOPER GROUP - Soulèvement et effondrement- 1969-1973

Avant de devenir l'icône que l'on sait, Alice Cooper était en fait un groupe composé de Glen Buxton à la guitare lead, de Michael Bruce à la guitare rythmique, de Dennis Dunaway à la basse, de Neal Smith à la batterie et enfin de Vincent Furnier alias Alice Cooper au chant. C'est de cette époque en équipe que naîtra quelques uns des meilleurs albums du prince du Shock-rock. Des disques qui jouiront d'une reconnaissance à la fois critique et publique. Mais avant d'accoucher de chef-d’œuvres à la chaîne, le groupe peinera un peu au démarrage. En cinq ans et sept albums, voici l'ascension fulgurante et la chute terrible d'une formation hors-norme.

PRETTIES FOR YOU - 1969 / EASY ACTION - 1970


Les deux premiers disques du groupe furent publiés chez Bizarre Records, un label de Frank Zappa. Mais force est de constater que celui-ci ne débloquera pas de grands moyens pour les enregistrements de ces derniers. Sans doute ne croyait-il pas vraiment en ce combo soniquement bancal et visuellement peu attrayant. Pretties For You, le premier album qui parait au mois d'août 1969, est une suite de pièces psychédéliques plus ou moins construites et mal maîtrisées. Les cinq compères déploient une belle énergie, mais celle-ci n'étant pas du tout canalisée, le résultat est au mieux brouillon, au pire foireux. Malgré une production plus que chiche, et des compositions hasardeuses, il échappe de cette première oeuvre un doux parfum de liberté. Aucun des éléments qui feront le sel des albums suivants n'est présent ici, si ce n'est peut-être au travers de "Reflected", l'embryon du futur "Elected". Easy Action, quant à lui, est un cran au-dessus, sans toutefois casser la baraque. Il n'empêche que le son gagne en clarté et les compositions en solidité. On y décèle ici et là quelques uns des éléments qui feront la gloire future du groupe, mais encore noyés dans un tourbillon arty. La voix d'Alice est également plus posée, il établit ici les bases de la théâtralité à venir. Tout cela est encore embryonnaire, mais laisse entrevoir un avenir brillant. Et ce sera le cas!  

LOVE IT TO DEATH - 1971 / KILLER - 1971


Bob Ezrin entre dans la partie, le jeune producteur offrira enfin au groupe LE son qui lui faisait tant défaut. Love It To Death n'est pas qu'une simple évolution, c'est une révolution. Avec cet album Alice Cooper s'en va combattre dans une toute autre catégorie. Encore dans le giron de Frank Zappa, mais presque émancipés, le Coop' et sa bande semblent finalement avoir trouvé leur patte. "I'm Eighteen" ou "Is It My Body" sont des tubes, leur thématique est très proche des préoccupations adolescentes, le public visé. Car Alice Cooper fait peur, de par sa dégaine dégueulasse et ses chansons aux paroles bizarres, du pain béni pour les ados en conflit avec leurs vieux. Même les Rolling Stones n'ont jamais suscité pareille aversion, c'est dire. "Black Juju" ou "Ballad Of Dwight Fry" laisse enfin s'exprimer la théâtralité si légendaire du groupe, et la mise en scène est grandiose. Love It To Death est le premier album essentiel d'Alice Cooper. La même année parait Killer, un concept-album sur la mort qui pousse encore plus loin toutes les idées effleurées précédemment. Toujours produit par Ezrin, comme ce sera le cas jusqu'à Billion Dollars Babies, Killer est le grand oeuvre morbide d'Alice Cooper. La chanson "Desperado" est un hommage à Jim Morrison décédé la même année et occasionnel compagnon de beuverie de Vincent Furnier. Avec ce disque le succès va crescendo et les scandales aussi. Alice Cooper sera censuré dans plusieurs pays et le morceau "Dead Babies" fera son petit effet. Certains extrémistes bas du front iront même jusqu'à brûler des albums du groupe. L'un dans l'autre, cela fait fonctionner le business.

SCHOOL'S OUT -1972 / BILLION DOLLARS BABIES - 1973


En juin 1972, le groupe sort School's Out, un disque plus pop, oscillant entre glam rock, jazz et music-hall. Assagi mais pas moins intéressant et surtout, toujours aussi divinement produit et arrangé. La patte Ezrin, une fois de plus. Alice Cooper prétend avoir trouvé les thèmes de cet album en se faisant une petite après-midi télé, zappant de chaîne et chaîne. "Gutter Cat Vs. The Jets" et "Luney Tunes" abondent dans ce sens. La première est un hommage à la comédie musicale West Side Story tandis que la seconde est un jeu de mots en rapport avec les Looney Toons, le dessin animé de la Warner. Par bien des aspects, School's Out reste l'album le plus accessible de l'histoire du groupe. Mais tout ceci n'est rien en comparaison à ce qui suit, le bien nommé Billion Dollars Babies, l'album de tous les records. Une des meilleurs ventes de l'année 73 et de toute la décennie, le climax de la carrière de l'Alice Cooper Group. La qualité du disque est à la hauteur de son succès, en clair, depuis Love It To Death, la formation n'a fait que progresser. Une fois de plus, les tubes ne manquent pas, "No More Mr.Nice Guy", "Elected" ou encore "Generation Landside", sans oublier la chanson-titre, qui jouit de la présence de Donovan au chant. Que du lourd. Dick Wagner et Steve Hunter, les futurs compagnons de jeu de Cooper en solo posent aussi quelques guitares ici et là. Une édition deluxe de Billion Dollars Babies est parue chez Rhino en 2001, augmentée d'un second cd rempli de bonus épatants. Ce qui en fait le seul album du groupe dignement réédité à ce jour.

MUSCLE OF LOVE - 1973


Après quatre années toujours sur la corde raide, à forcer sur la gnôle et d'autres paradis artificiels, il fallait bien que tôt ou tard, les choses partent en sucette. La dégringolade se nommera Muscle Of Love, un retour sur terre, tant pour les membres du groupe que pour les fans. L'absence de Bob Ezrin à la production se fait durement sentir, les arrangements ne sont pas toujours heureux, et du coup les chansons perdent pas mal de leur mordant. Une fois cela pris en compte, il est toutefois clair que l'album ne mérite absolument pas la mauvaise réputation qu'il se traîne depuis près de quarante ans. Loin d'être aussi raté qu'on le dit, son seul défaut est de ne pas être au niveau de ses illustres aînés. Car les bons morceaux ne manquent pas, tel que le folkeux "Teenage Lament '74" ou encore le jazzy "Crazy Little Child", ce n'est clairement pas de la piquette. Pour la petite anecdote, "The Man With The Golden Gun" se nomme ainsi en rapport avec le James Bond du même nom. A l'époque, en fin de générique de chacun des films mettant en scène l'agent 007, on pouvait lire le titre du prochain opus. Alice étant un grand fan de la saga, et voyant que le prochain long métrage se nommerait "The Man With The Golden Gun", il se mit en tête d'en écrire le générique, pensant naïvement que les producteurs de la série se jetteraient dessus. Mais il n'en sera rien, car ceux-ci ne voulant pas voir leur franchise associée à Alice Cooper, déclineront l'offre. La chanson fut tout de même conservée et incluse à Muscle Of Love.

Après ce semi-échec, les compagnons décideront de faire une petite pause. Un break qui mutera en trahison et verra Alice Cooper le groupe se transformer en Alice Cooper l'homme. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.

2 commentaires:

  1. Sympa la petite balade Cooper. J'avoue être toujours resté un peu en retrait car je n'aime pas trop sa voix forcée... Donc je perds forcément

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    1. Je peux comprendre, encore qu'au terme forcé je dirais théâtrale. Moi j'adore ce mec, un vrai personnage, bien plus que Kiss ou Marylin Manson réunis...

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