Nous avons laissé le poète en pleine métamorphose, en plein divorce, le compagnon Claude Mairet abandonné sur le bord de la route. Comme pour mieux renaître, Thiefaine prend le large et pour son neuvième album studio, il part à New-York, sans même une maquette.
1990 - Chroniques bluesymentales
Le disque de la rupture, rien ne sera jamais plus comme avant. La folie musicale d'antan laisse place à un classic-rock fortement américain. Les textes sont toujours aussi perchés, mais malgré tout moins punks, moins infantiles, moins tribals. "Chroniques Bluesymentales" est un album peu connu du jurassien, et pour tout dire, il est un poil faible. Et ce malgré de biens belles choses telles que "Demain les kids", "Un automne à Tanger" ou encore le folkeux "542 lunes et 7 jours environ".
1993 - Fragments d'hébétude
Toujours enregistré aux Etats-Unis, mais cette fois sous le soleil de L.A, "Fragments d'hébétude" creuse le même sillon que l'album précédent. Le son se durcit, virant parfois hard, un peu à la manière de ce que fait Paul Personne. Ce dixième opus est copieux, quatorze titres pour près de soixante-dix minutes. "Crépuscule transfert", le morceau qui ouvre les hostilités semble sorti du néant pour venir cracher à la gueule de l'humanité. Avec "Animal en quarantaine", les oripeaux Thifainiens cèdent leur place au doute. La face cachée de la nuit se fait de plus en plus visible. Si "Fragments d'hébétude" peine à se hisser au niveau des sommets passés, il demeure un album agréable, bien que très classique dans la forme.
1996 - La tentation du bonheur
Premier volume d'un diptyque, ce onzième album est une petite merveille. Le son est classe, les compositions moins lourdement rock et les textes sont du nectar. "24 heures dans la nuit d'un faune" ou comment ouvrir un disque avec une tuerie. Le genre de morceau qui vous marque au fer rouge lorsque vous l'écoutez ado. Les obsessions religieuses sont aussi plus présentes, "Critique du chapitre 3", "La nostalgie des Dieux" ou "Orphée nonante huit". Thiefaine n'en finit plus de régler ses comptes de petit séminariste.
1998 - Le bonheur de la tentation
Face noire du diptyque "religieux", "Le bonheur de la tentation" est plus aventureux que son aîné. Des percussions tribales de "Retour vers la lune noire" à l'harmonica Dylanien de "La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen" en passant par le délire éthylique du "Chaos de la philosophie", tout ici est délicieux. Malheureusement pour toutes ces belles chansons, l'album abrite également un vampire, une oeuvre Caterpillar qui détruit tout sur son passage. "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable" est la quintessence poétique de Thiefaine, son climax.
2001 - Défloration 13
Album vaporeux et glauque! Bourdonnement de trip-hop malsain crachant ses toxines sur les divagations acérées du poète. Pour son entrée dans le nouveau millénaire, HFT donne un gros coup de pied dans la fourmilière. Débutant par un étrange hommage à Brian Jones avant d'embrayer sur le visionnaire "Quand la banlieue descendra sur la ville", ce disque ne vous laissera aucun répit. Claustrophobe, à la fois organique et machine, "Défloration 13" est une lame aiguisée et froide. La beauté noire de "Camélia: huile sur toile" peut vous conduire sur les voies sans issue de la folie.
2005 - Scandale mélancolique
Voici un disque bien classique; surtout après le choc que fut "Défloration 13". Ici, Thiefaine le compositeur laisse son fauteuil à plusieurs "jeunes" artistes tels que JP Nataf, M ou Mickey 3d. Nous avons même droit à un duo avec Cali, l'étonnant "Gynécée". C'est si beau qu'on oublierait presque la présence de l'indésirable invité. "Scandale mélancolique" est de par la valse de ses compositeurs un brin hétérogène, mais il contient son lot de belles choses, "L'étranger dans la glace", "Libido Moriendi" ou encore "When Maurice Meet Alice", un vibrant hommage aux parents du chanteur.
2007 - Amicalement Blues - en duo avec Paul Personne
Johnny Hallyday faisait un énième retour foireux au blues, parmi les auteurs et compositeurs présents sur le projet, il y avait nos deux compères. Aucune de leurs chansons ne furent retenues, mais la tentation du blues était trop forte. C'est ainsi qu'en novembre 2007 débarque dans les bacs un disque de blues-roots enregistré vite fait bien fait. Une saillie salutaire très loin de "Scandale Mélancolique".
2011 - Suppléments de mensonge
Le dernier en date. Sa longue gestation ne fut pas de tout repos, entre burn-out et résurrection, tel le phénix Thiefaine renaît. "Suppléments de mensonge" est un disque magnifique, dans la veine de "Scandale mélancolique" mais en mieux, beaucoup mieux. Les morceaux intenses ne manquent pas, "Fièvre ressurectionnelle", "Les ombres du soir" et "Petit matin 4.10 heure d'été", une bouleversante fresque sur le mal-être. Un chef-d'oeuvre de plus.
Hubert Felix Thiefaine fait partie des artistes que j'aime envers et contre tout. Il est dans ma vie, comme un pote un peu fou, mais qui trouve toujours les mots du réconfort. Pour tout ça merci, et à bientôt l'ami...
Bien ouèj T.. la cesure Mairet e deux billets.
RépondreSupprimerPerso je suis très très partagé et j'aime les deux face du Thief.. mais vraiment le dernier cru m'a bien foutu par terre.. je le mets encore très régulièrement.
Gros boulot T... recul efficace.
Je suis comme toi, j'aime les deux faces, avec plus ou moins de bonheur selon l'humeur. Merci pour les compliments, mais c'était facile, j'ai tellement erré sur planète-fantôme que...
SupprimerLe dernier est rude, pas facile d'en sortir indemne. J'attends le prochain, j'y crois, déjà deux que le dernier est paru...
Je l'aime bien notre Jurassic Park à nous, depuis ce petit concert à la salle Braun à Metz, il ne m'a plus quitté.
RépondreSupprimerIl colle a la peau le monsieur. Je ne mesure pas son aura dans le milieu des amis bloggeur. Pas comme Bashung ou Higelin, des intouchables ou presque. J'ai l'impression que HFT est plus sur le fil dans ce domaine...
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