mardi 8 janvier 2013

N°87 ETIENNE DAHO - L'invitation - 2007


Dans son Petit livre du rock (ouvrage Bdèsque que je vous conseille vivement), Hervé Bourhis classait "Eden" dans la liste de ses plaisirs coupables; mais pourquoi coupable? Je ne comprends pas ce mépris. Etienne Daho est tout de même ce qui se fait de plus classe dans la pop française, ou presque. C'est raffiné au-delà de la raison, musicalement très sûr, et sa voix a beau être souvent moquée, elle possède la nuance de l'élégance. A ce stade, que demander de plus? Des grandes chansons? Ses albums en sont remplis! Etienne Daho fait partie de ces rares artistes qui se bonifient avec l'âge, plus sa carrière avance, plus ses disques sont imposants. Suivant cette logique, il n'est pas étonnant que "L'invitation", son dernier album original en date, soit un de ses meilleurs. Une nouvelle fois, celui-ci est produit par Edith Fambuena des Valentins, à qui l'on doit également le splendide "Fantaisie Militaire" de Bashung.

"L'invitation", le morceau-titre, nous convie dans cet univers à la fois léger et lourd, chargé de sensualité et de sexe cru. Les compositions qui jonchent ce disque sont d'une limpidité désarmante. "Cet air étrange" pourrait bien être le titre pop parfait, à moins que le trophée ne revienne à "Les fleurs de l'interdit". Il est entendu que Daho ressasse sans arrêt la même histoire, la même rupture, la même peine amoureuse. Mais n'est-ce pas là le propre du poète, refaire sans arrêt la même chanson? Parfois, il arrive que la rupture ne soit pas liée aux amants, la blessure peut être bien plus profonde. Celle du père absent jamais ne se referme. Sur ce point, l'autobiographique "Boulevard des Capucines" est bouleversant. La poésie excentrique de Brigitte Fontaine s'invite sur "Toi, jamais toujours", amour à nu, entre cruauté crasse et dévouement sans limites; les amants ne sont-ils pas constamment en guerre? Un parfum délicieusement 60's flotte au-dessus de "La vie continuera", la mélodie est divine. L'album se referme avec une merveille, "Cap Falcon" est un nectar délicieux qui s'offre progressivement sur un lit de rose. Le refrain se déploie lentement comme un spectre drapé qui bientôt recouvrira tout de son ombre.


14 commentaires:

  1. Hyper coolde trouver un Daho ici.. j'adore ces derniers opus..et là, dans celui-là..y'a "Désadoré".. Sublime.

    Mais j'ai aussi une grande faiblesse pour Eden.

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    1. J'aime beaucoup EDEN aussi, j'ai découvert Daho avec celui-ci, putain ça date...

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  2. J'ai essayé bien des fois, mais n'ai jamais été totalement conquis; pourtant, j'aime bien le personnage et je le trouve excellent en interview. Evidemment, comme j'ai lu le nom de Brigitte Fontaine, il va falloir me mettre en quête de celui-ci, sauf si un gentil blogueur avait la charité d'utiliser sa Dropbox! (Merci d'avance...)

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    1. J'ai tant de retard sur mes "ripages" DropBox que j'en ai honte!

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  3. Coupable parce que cet album est parfois considéré comme le plus faible de Daho. Je n'ai rien contre Daho qui m'accompagne depuis 1985. HB.

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    1. Je ne sais pas pourquoi le plus faible... Je trouve ce disque excellent, et la majorité des journaux spécialisés méprise souvent Daho, bien que cela change. Du coup j'ai pris ça pour la disco complète du type. Les plus faibles, se sont les deux premiers je trouve, pas encore de vraie patte.

      Moi, il m'accompagne depuis "Eden", justement! En tout cas chouette bouquin, je l'ai lu un bon paquet de fois, toujours avec le même plaisir.

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  4. j'avoue aussi mon attachement au bonhomme, un sacré "songwriter" puisque chansonnier fait vieillot (et pourtant) quand tu regardes sa carrière et que tu écoutes ce disque tu te dis qu'il y a encore pas mal à attendre (pas comme Elton, Stevie ou Stones ;-) ) "bld des Capucines " est bouleversant et même risqué.

    Une fois que tu aimes Daho, et c'est pas bien dur si tu n'as rien contre la pop, cela t'ouvre l'esprit vers des Voulzy, Polnareff, Françoise Hardy et même les débuts de Julien Clerc par exemple

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    1. Polnareff et Voulzy j'ai jamais réussi. Pourtant je sais qu'ils ne manquent pas de talent. Bien qu'ils n'aient pas produit de disques potables depuis longtemps.

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    2. Excellent l aparabole Clerc et les autres chansonniers. Y'a Poldo qui est quand même très au dessus de tous.. nan ?? une folie musicale hors norme, et qu'il aurait pu mettre à côté de Gainsbarre s'il avait eu un dont pour l'écriture ;D

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    3. J'adore Polnareff, même si je le regarde aujourd'hui comme je regarde "mon" Gérard Depardieu.
      @Toorsch, ça vaudrait presque le coup que je tente un des premiers albums en t'obligeant à l'écoute d'au moins un titre. Pleure pas c'est pas Wagner non plus...Sur la durée

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    4. Pas besoin de me contraindre, j'y viendrai seul...

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    5. Eh Poldo, demande à Pascal.. imagine "Fame" un des plus grand disk pop d'ici en anglais.. boycoté grave. Puis "Tibili".. la fille qui rève de moi. Le début, faut tout prendre, même "La pipelette" !! Bon ok, la tète à Matthieu c'est pour amuser les mémères.

      Faisait d'la muscu Wagner ??

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  5. Bon, si on parle de Polnareff (de son vivant, bien sûr!), ça ne rigole plus. Il te faut du lourd et je vais te chercher ça.

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    1. C'est vrai que Polnareff aujourd'hui c'est un peu une ombre... Il avait sortie un truc il y a 5 ou 6 ans, une sombre merde.

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