Cet album possède un pouvoir magique, celui de jouer avec l’élasticité du temps perçu jusqu’à ce que celui-ci lui-même disparaisse. Richard Hawley est un crooner mystique, une créature chimérique, sorte de croisement improbable entre Jarvis Cocker et Elvis Presley. A la fois raffinement British et cuir noir rockhab'. La musique que déverse "Truelove's Gutter" est douce, éthérée, suprême; ne demeure que la quintessence d'un genre hybride, à la fois pop et 50's, comme sortie d'un monde alternatif. Sous certains aspects cette musique est aussi incroyablement extrême, de part son absence de concessions. Richard Hawley utilise très peu de percussions ou de batterie sur ce disque, laissant les morceaux se déployer dans un flottement étrange.
Du matin anglais, lourd et pluvieux s'échappent des sons magiques, juste quelques notes sur une guitare, des arpèges simples accompagnant une voix profonde vers les courbes floues de la beauté. Dès "As The Dawn Breaks", le ton est donné, l'ambiance posée et l'auditeur happé vers l'univers si particulier de Richard Hawley. "Open Up Your Door" est plus classique mais d'une classe redoutable, de la pop-crooner conçu pour un Las-Vegas qui ne serait pas rococo. "Ashes On The Fire" quant à elle est un fantasme Elvisien intense, une mélodie qui vous arracherait le coeur si elle le pouvait, un doux poison. Ce poison c'est l'encre des lettres écrites mais jamais envoyées faute de courage et qui finissent en cendres dans un grand feu une nuit de déprime. Douceur vénéneuse encore, "Remorse Code" s'étend sur près de dix minutes, mais semble n'en durer que trois, le tout sans solo alambiqué ni gimmick bizarre; chamanique! Une guitare grave puis une voix perdue dans la nuit, "Don't Get Hung Up In Your Soul" est un rubis égaré au milieu de la poussière, la scie musicale offre le surplus d’étrangeté qui fait la différence. L'album se referme avec ce fantasme auditif qu'est "Don't You Cry", une très longue ballade qui joue avec les aiguilles de l'horloge pour vous envoyer ailleurs, dans un endroit hors de l'espace-temps, une quatrième dimension sonore, onirique et embrumée.
"Truelove's Gutter" est un classique instantané sur lequel le temps n'a pas d'emprise, les multiples écoutes n'érodent pas sa beauté presque intolérable.
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Superbe T.. énorme artiste, sublime album, surement son meilleur.. ce crooner là est très haut placé. Rien à dire, ton billet est exact. Ce disk là, c'est comme une grande bouteille, un cru à faire pleurer, hyper dimension. Je sais pas si tu as écouté le dernier totalement psyché.. qui fait contraste avec celui là.
RépondreSupprimerCeci dit, rien que pour la pochette, on dirait ta chronique sur Roy Orbison..
Elvis/Jarvis..complètement d'accord.
Merci pour le rappel.
Merci, je me doutais que tu aimais le monsieur... et plus particulièrement celui-ci... Pas eu l'occaz d'écouter le dernier qui me donne bien envie, j'aime les ruptures dans une carrière, même si ça foire. Ce qui je crois n'est pas le cas pour Hawley!
SupprimerLa pochette de Roy et celle de Amercican IV de Cash aussi!!!
exact.. des pochettes qui parlent, un disque comme un colt. Je te prépare le dernier.
SupprimerPiqué par la curiosité je suis aller survolé la chose sur spoty et ma foi, cela semble différent mais délicieux. Moins viscérale par contre!
SupprimerUn avis avec du recul sur le dernier album serait le bienvenu, je m'ecoute standind at the sky's edge, c'est sur c'est pas la meme chose.
SupprimerJ'aimerai bien qu'ils sortent en vinyle le truelove. Ca serait sympa.
Merci pour tes chroniques en tous les cas, on sent bien la passion et continue, c'est un plaisir de decouvrir ou redecouvrir des bons albums.
A plus en attendant le nouveau daft punk qui va sauver le monde.
Cyril
Merci de ton passage, a bientôt j'espère.
SupprimerPour le Daft Punk, j'ai quelques craintes...