Jacques Higelin nous revient en même temps que le printemps avec un album apaisé, mais pas forcément ennuyeux. Après plusieurs réalisations avec Rodolphe Burger, l'homme a décidé de partir ailleurs, sur des voies moins chaotiques en compagnie d'Edith Fambuena, célèbre pour ses collaborations avec Bashung, Daho et Thiefaine. "Beau repaire" marque une vraie rupture avec "Amor Doloroso" et "Coup de foudre"; plus classique et moins foutraque, ce nouvel album se baigne dans l'eau claire loin des cascades folles dont le barjot poète nous a souvent fait connaître le frisson. Mais même assagi le grand Jacques nous fait allègrement goûter le poison qui tue: l'amour...
On entre dans l'album invité par un Higelin rêveur qui se "Balade au bord de l'eau", au rythme pittoresque de son vieux piano. L'eau est calme, le ciel est bleu, envie de couler tout au fond pour y découvrir un monde différent. C'est fou comme quelques vers, juste quelques mots peuvent vous happer dans un grand tourbillon émotionnel, "Tu m'as manqué" est à la fois riche et farouchement limpide et simple. Joyeusement "Seul" célèbre le retour des beaux jours et des évasions sous le soleil, un petit morceau tout bête qui fait autant de bien qu'une bouffée d'air pur. Magnifiquement "Rendez-vous en gare d'Angoulême" narre la rencontre entre deux amoureux continuellement séparés par les éléments ferroviaires. Encore une superbe ballade dont l’élément central est le piano, tout comme le vachard "Duo d'anges heureux" en collaboration avec Sandrine Bonnaire; un petit bijou d'écriture ciselée. Plus loin, "La joie de vivre" porte en elle le fantôme du morceau "Tombé du ciel", le genre de titre qu'on garde en soi et qui vous aide en cas de coup dur. Combien de vies sauvées par "Tombé du ciel"? Un remède à bien des maux... Juste après Higelin plonge tête baissée dans un délire franglais citant les Beatles, "Tomorrow Morning" tombe comme un cheveu sur la soupe servie à un aristocrate. Idiot donc génial! Le final "Château de sable" est d'une simplicité désarmante, une simplicité qui laisse tout l'espace nécessaire afin que le piano et le violoncelle puissent danser en plein état de grâce, nous laissant admirer les tourbillons de sable jaune s'élevant vers le ciel bleu.
Très proche dans sa forme d'un "Tombé du ciel", "Beau repaire" est doux comme le printemps, c'est sans doute un cliché mais l'album se veut ainsi. Petit bémol: pourquoi la pochette est-elle si hideuse?
Lien Spotify
Beau billet et je suis bien d'accord avec toi sur cette dernière "livraison" du grand Jacques. Effectivement éloigné de ses dernières production. Jimmy m'a envoyé le lien hier soir alors que je venais d'en parler avec Charlu (rencontré au Trianon pour le concert de Murat) J'ai cherché dans l' après midi après avoir découvert cet album à quel autre album il pouvait nous ramener et oui c'est vrai "tomber du Ciel" s'impose comme une proche référence. Personnellement ça me fait plaisir de retrouver Higelin dans ces tonalités.
RépondreSupprimerMoi aussi ça me fait bien plaisir, même si dans ses récents albums, je préfère toujours "Amor Doloroso" qui est, je trouve, parfait. Par contre, je n'ai jamais vraiment accroché avec Murat, même si sa productivité laisse pantois. Et Charlu il en pense quoi du disque?
SupprimerJe vais me remettre sur "Amor Doloroso". Quant à Charlu, je crois qu'il avait juste vu quelques commentaires favorables de-ci delà.
RépondreSupprimerMurat nous a encore surpris (dans le bon sens) en se pointant juste en duo avec son batteur. C'était excellent (pour les fans ok !) et en première partie, cerise sur le gâteau avec le retour de Holden qui sort son prochain album en juin prochain. Bref une belle soirée au Trianon.
Cheers from la Puerta del Orleanos
Faudra que je jette une oreille plus attentive sur ce que fait Murat, je sais que je rate un truc. Le côté extrême du mec ne me gène pas, ce qui me gonfle c'est qui faisait un peu trop le bon client sur les plateaux télé, taclant vainement tout est n'importe quoi ou qui... Mais musicalement, ce que j'ai entendu était excellent.
Supprimer