vendredi 23 novembre 2012

N°82 THE SPECIALS - More Specials - 1980


Les Specials, c'est cette bête animée par une grosse envie d'en découdre. Un groupe politisé, ne serait-ce que par sa composition mixte, noire et blanche. Un bon coup de pied au cul du National Front. Jerry Dammers et Terry Hall sont les deux compositeurs principaux du groupe, mais celui-ci reste très collectif, une utopie. Dammers va également créer un label (2 Tone Records) pour publier les disques des Specials, mais aussi ceux de Madness et des Selecter, soit la crème du ska Briton de l'époque. Le premier L.P. du groupe sera produit par Elvis Costello, c'est une oeuvre gigantesque, mais finale. Tout est dit, en un seul disque, c'est l'étendard du ska anglais. Impossible à reproduire, insurpassable. C'est typiquement le genre de premier album qui offre une super carte de visite, mais qui se révèle vite handicapant pour la suite. On parle souvent du "difficile second album", "More Specials" en est l'exemple parfait, c'est l'un des seconds albums les plus audacieux de tous les temps! Il est préférable d'écouter "More Specials" en vinyle pour en saisir tout le concept. Une face A dans l'esprit ska du premier disque et une face B qui part dans tous les sens. World music, electro ou encore easy-listening, bref un bon gros melting-pot bien barré!

L'album démarre très fort avec une version speedée de "Enjoy Yourself", on retrouve ce qui faisait le charme du premier album, peut-être un poil plus produit. Suivi de près par l'apocalyptique "Man At C&A", le cousin dub de "London Calling". Le groupe excelle toujours dans l'art de nous pondre des reggaes d'une absolue coolitude, "Do Nothing" sonne sévèrement bien, ça joue! Ecoutez-moi cette petite envolée de cuivre décontractée du slip... "Pearl's Café" est la géniale fusion entre une sorte de reggae caribéen et la pop "So British" des Kinks. La face A se termine sur un double hommage à James Brown et James Bond, un truc bien furieux! Nous voici arrivé à mi-parcours, finie la promenade de santé, c'est ici que les choses vont prendre une tournure plus qu'étrange. "Stereotype/Stereotypes Pt.2" démarre façon mariachi quasi-robotique avant de virer dub dans une seconde partie simplement hallucinante, d'une modernité sidérante. Damon Albarn saura s'en souvenir lors de la création de Gorillaz. On progresse encore d'un pas vers la quatrième dimension avec "Holiday Fortnight", un titre world un rien rococo, dépaysement assuré! "International Jet Set" préfigure ni plus ni moins que la french touch de Air. Dammers est un garçon malin, capable d'amener son groupe sur des terrains inattendus, l'apogée sera le magnifique "Ghost Town" qui paraîtra en single l'année suivante. "Enjoy Yourself (reprise)" referme la face B et par la même occasion l'album, l'ambiance n'est plus à la fête, le groupe explosera peu après. Jerry Dammers sortia en 1984 "In The Studio" sous le nom de Specials A.K.A, mais peut-on encore considérer cela comme un disque des Specials?

6 commentaires:

  1. Les deux premiers Specials sont à posséder absolument, ainsi que les compiles comprenant faces b et raretés de l'époque... Le mouvement skinhead est parti en couille dès qu'il est passé de gauche à droite, mais je peux t'assurer qu'il a perduré un gros moment - hélas (à l'époque, je passais tous mes été en Angleterre)... Tu cites Madness et Selecter, mais il ne faut pas oublier l'excellent The Beat (et Dexys Midnight Runners qui participa également aux premières tournées 2 Tone). Je possède un beau coffret ska, il faut que je pense à le poster un jour...
    Jimmy

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    1. Ne pas faire l'amalgame entre les Skin et Bone, mais tu as raison. C'est le National Front qui as tout pourri. Parait que les mecs attendait carrément à la sortie des concerts; vraiment puant. Mais foncièrement si le mouvement à viré très à droite, c'est qu'a la base, une partie des skin étaient racistes. Et comme l'histoire ne retient que les extrêmes, le mal est fait.

      Ah le Dexys, grand groupe! Il a publié un album cette année, tu as entendu ce que ça donne?

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  2. Et n'oublions pas Bad Manners (déjà vécue cette scène chez Jeepeedee :-) ).
    Bien sûr deux formidables albums, je mettrais presque mes vinyles sous verre pour les protéger. The Special Aka ce n'est plus vraiment The Specials mais c'est quand même pas si mal (même si me saoule un peu).


    "I am a skinhead" Laurel Aitken.

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    1. Sur "In The Studio", il y a cette chanson ultra-importante qu'est "Nelson Mandela", et aussi "Racist Friend"... Ben, oui il y a forcément des oublis... désolé pour ton impression de "déjà-vu" :-)

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    2. Déjà vu ? Pas grave ça j'aime bien me répéter :-).
      J'ai merdé sur les balises dans mon précédent message qui disait justement : "même si Nelson Mandela me saoule un peu". Bien sûr le morceau est important, et réussi d'ailleurs, mais la mélodie est tellement entêtante que parfois j'en ai la nausée. Mais pour le reste il y a du bon sur ce Special Aka.

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  3. Un peu tard... Mais les SPECIALS ont été l'illusion que la musique allait proposer plein plein de bonnes choses, SPECIALS le premier produit pas Costello (Je dis ça je dis rien) avec un son moins cliquant que MADNESS mais un climat moite où je devais voir mon univers musacale évoluer encore et encore...
    Complètement ancré dans ma tête, j'ai un collègue qui se nomme RUDI et hop me vient en mémoire "A message for,you"
    Ce Ghost Town est à tomber!!
    Je sais avoir suivi Terry Hall sans jamais être déçu et même parfois surpris: écoutez l'album des Colour Field... Du gros talent

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