Pour le grand public, Yann Tiersen c'est surtout la bande originale du film "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain". Ses instrumentaux très mélodiques et féeriques, de la belle musique mais inoffensive. Beaucoup d'accordéon également; ça plus le film de Jeunet, c'est amplement suffisant pour caser Tiersen dans la catégorie des artistes franco-français. Mais n'oublions pas qu'à l'exception de quelques thèmes, la bande originale du "fabuleux destin d'Amélie Poulain" était composée de titres issus des trois premiers albums de Tiersen. Lui même confessa qu'au moment de l'enregistrement, il était déjà passé à autre chose et qu'il envisageait les morceaux inédits comme des pastiches de ses vieilles compositions. De part ses multiples collaborations anglo-saxonnes (Neil Hannon, Shannon Wright et bien d'autres), Yann Tiersen a prouvé qu'il n'est pas l'homme d'une seule musique. Et son récent "Dust Lane" en est la preuve, du post-rock aérien de belle facture, immense.
J'avais un peu lâché le breton après la b.o de "Good Bye Lenin" (hautement plus recommandable qu’Amélie tant au niveau de la musique que du film en lui-même), sans trop savoir pourquoi, la lassitude sans doute. "Dust Lane" est une renaissance, l'artiste se réinvente, fait sa mue.
Nuit robotique ou fragments d'une futur incertain, de la poussière dans le sillon. Puis le folklore débute, l'orchestre défile défiant la ruine. "Amy" comme un murmure, une mélodie en forme d’espoir. "Dust Lane", le mouvement incessant des vagues, une petite guitare, petite touche de piano, retour à la quiétude. Mais très vite tout se corse, une voix robotique annonce le changement. Le reste ne sera que tristesse et perturbation. Le single "Palestine" offre une certaine vision du chaos, très peu de mots pour ce brûlot finalement assez proche d'un Godspeed You! Black Emperor. Plus loin sur le chemin, c'est un "Till The End" qui vous transportera vers un ailleurs forcément meilleur. La libération enfin, le morceau ne cesse de monter comme des milliers de corps arrachés à la terre, flottant dans les airs. Vers la lumière intense ou le noir le plus total, aucune importance. Le temps lui-même cesse son improbable course, l'aiguille se fige sur le cadran ou sous la peau. Quand la musique n'est qu'émotion crue, quand il n'est plus question de notes ou d'instruments, juste de magie. Quelques minutes offertes hors de la réalité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.