jeudi 8 août 2013

Les faces cachées de GORILLAZ

Gorillaz, le projet farfelu de Damon Albarn et Jamie Hewlett, est un véritable laboratoire, un groupe inventif et aventurier. L'une des meilleures surprises de ces quinze dernières années. Quatre fabuleux albums au compteur, mais également une quantité astronomique de faces-B de grande tenue. Et c'est précisément celles-ci qui nous intéressent aujourd'hui. On peut mesurer la richesse d'un groupe au travers de ses faces-B; parfois elles ne sont que remplissage ou piètre redite, parfois elle explorent d'autres horizons et deviennent le prolongement quasi-obligatoire de l'oeuvre officielle.

G-SIDES - 2002 - Lien Spotify

Premier recueil de faces cachées, "G-Sides" est un parfait complément de l'album éponyme. Incluant des remixes ainsi que des morceaux inédits, cette compilation possède la même fraîcheur que le disque paru un an plus tôt. Le dub gothique de "Dracula" s'inscrit dans la grande tradition du dub anglais, très proche du Clash, période "Sandinista", une goutte de sang en plus. "The Sounder" quant à lui fait très rap U.S, la touche Gorillaz en plus. C'est précisément ce mélange des genres qui a toujours fait la force du groupe, véritable centrifugeuse d'influences diverses. Certes, l'industrie musicale n'a pas attendu le groupe virtuel de Damon Albarn pour créer des ponts entre le rap et le rock. En ce début de nouveau millénaire, la chose était même plutôt courante, avec la vague Nu-métal et ses légions de Limp Bizkit et autre Linkin Park de bien sinistre mémoire. Dans ce marasme, Gorillaz avait quand même une autre gueule; pas pour les beauf' en somme. "Ghost Train" est un étrange gospel électronique, un chant de bagnards intergalactiques qui prouve une fois de plus toute la maestria de Damon Albarn peu importe le style exploré.

D-SIDES - 2007 - Lien Spotify

Plus dense encore que le précédent volume, "D-Sides" tient sur deux cd, le premier contenant des inédits et le second les remixes. Les 13 morceaux originaux forment un album digne de ce nom, l'un des plus étranges et des moins probants commercialement parlant avec "The Fall", le dernier opus en date. De l’exploration pure aux doux parfums de Krautrock. La froideur science-fictionnelle de "68 State", l'électronique épurée de "Highway (under construction)", tout ici frise le génie. L’Asie est toujours au cœur du projet avec les voyageurs "Hong Kong" et "Hongkongaton", le premier semble émaner d'une rêverie en encre de chine tandis que le second se pare d'un costume electro comme pour mieux souligner une soudaine modernité. Gorillaz n'en oublie pas pour autant les ambiances bariolées qui ont fait sa gloire, "We Are Happy Landfill" par exemple est un joyeux bordel bien brouillon, de la pop bruitiste magistralement maîtrisée. Ce chapelet d’inédits est peut-être encore plus passionnant que "Demon Days", le pourtant splendide disque dont il est le prolongement.

Les remixes valent eux aussi leur pesant de peanuts, quelques grands noms (Hot Chip, Soulwax, Metronomy et d'autres) qui nous offrent un résultat presque toujours réussi. Une fois passé à la moulinette DFA, le tubesque "DARE" devient un monument discoïde de près de 12 minutes, alors que dans les mains de Junior Sanchez ce même titre se mue en rageur rock à forte tendance électronique. Plusieurs visions pour un même titre, multitude de points de vue augmentant encore un peu plus la richesse originelle.

Basse manœuvre commerciale ou pas, les compilations de faces-B permettent d'avoir un regard autre ou complet sur l'oeuvre d'un groupe. Sans pour autant se ruiner en 45 tours hors de prix et trop rares.

12 commentaires:

  1. Ils ont bonne presse à la maison, chez Madame aussi (Ex amoureuse de Clint Eastwood avant de me rencontrer et sensible au charme du titre et des restes de Gorillaz)
    Une fois j'ai pris un live DVD des sus nommés
    Sympa, un peu trop cérébral pour moi.
    Je te décris: Une scène avec effet d'ombres et de lumière, dans mes souvenirs des carrés blancs derrière comme des fenêtres?
    En tout cas pas très décontracté tout ça.
    Maintenant que je les écoute, j'ai cette image de musique finalement habile, talentueuse, studieuse mais pas si ... que ça
    Mais attention, attention, ne me fais pas écrire que je ne pense pas
    J'aime bien (mais qu'est ce que je n'aime pas?)
    Mais.

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  2. Il est vrai que ce live, que j'ai vu aussi manque de spontanéité. Mais leur musique, les albums, quel foisonnement. Ce groupe est arrivé dans ma vie au bon moment, 18 ans, depuis je ne lâche pas.

    J'aime tout ou presque, melting-pot multicoloré!

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  3. Complètement d'accord avec toi (sauf sur l'emploi du terme "éponyme" mais c'est une autre histoire). J'adore Gorillaz, j'aime Albarn en général même si je ne suis pas fan des premiers Blur, j'aime plutôt leur remise en cause de la Brit-pop et les albums qui ont suivi Blur. J'aime aussi The Good, The Bad and The Queen (avec en plus Simonon à la basse forcément). Mais les albums de Gorillaz sont délicieux, plein d'exploration de sons, de styles, de farfouilles. C'est rafraichissant. Et en plus j'aime les graphismes de Hewlett. J'ai l'intégrale de Tank Girl, les seules BD que j'ai retenues de ces 25 dernières années (non Sadaya, pas taper).

    Bref, j'ai ces G-sides et D-sides et c'est bien aussi.

    J'avais regardé en DVD le making-of de Plastic Beach avec comme d'hab, des tas d'invités (Mick Jones et Paul Simonon notamment), c'était un moment sympa.

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    1. Ouais la fameuse problématique sur l'emploi du terme éponyme, problématique que j'ai tout simplement choisi d'ignorer! De Blur j'aime toutes les périodes, avec une nostalgie particulière pour The Great Escape. J'ai beaucoup aimé The Good, The Bad and The Queen, mais pas au point de m'en saturer la mémoire...
      Pour Tank Girl, tu risques pas de te friter elle adore, mais la série continue avec d'autres auteurs et dessinateurs, comme souvent dans le comics.

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    2. Je me doutais qu'elle était fan mais le pas taper c'était par rapport au fait que c'est LA SEULE bd que j'ai retenu. A part Tank Girl je ne connais plus rien à la bd depuis 30 ans (à l'exception quand même des habituels Bidochon et Canardo)

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    3. Aïe, il y a tellement de parution de qualité, qu'il est presque impossible de suivre, alors rattraper la chose...

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  4. Réponses
    1. Bah moi je veux bien mais Toorsch n'est pas loin :-)

      Sérieux, Tank Girl c'est vraiment extra. Les dessins de Hewlett je suis fan, le côté punk, dégling, irrévérencieux j'adore et toutes les références musicales, ciné etc...un must.

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    2. En tout bien tout honneur... Je veille :-) J'avoue ne pas les avoir lu encore, pourtant on a la totale... Shame on me!

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    3. Même si c'est la seule BD que tu as retenue, elle est tellement de qualité que je ne peux m'emporter! Hahahha!!!

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  5. "l'une des meilleurs surprises de ces quinze dernières années".
    Tout à fait d'accord.
    Jamais déçu et toujours si ce n'est génial, en tout cas intéressant et surprenant, ou du moins digne d'un intérêt dû à de véritables nouveautés.
    Ce DVD c'est celui où Ike bluese au piano ?
    Où une chorale de gamins inonde la scène ?
    C'est par là que j'ai découvert ce projet artistique et ça m'a bien aidé que ce concept, au boulot avec enfants et ados.
    Visuel et musique ...
    On parlera BD plus tard...
    à +

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    1. Comme toi, j'ai suivi, et suivra encore si possibilité il y a.
      J'aime ce labo de fou, toujours digne.

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