samedi 4 mai 2013

ALICE COOPER - Gloire et décadence - 1975-1983


Alice Cooper le groupe, devient Alice Cooper l'homme, la créature, la maniaque échappé d'une série B. Welcome To My Nightmare, le premier disque en solo d'une longue liste, débarque sur nos terres hostiles en 1975. C'est un album-concept narrant les visions cauchemardesques du jeune Steven, qui deviendra un personnage récurent dans l'univers horrifique du Coop'. Steven sera à nouveau le "héros" du très bon Welcome 2 My Nightmare paru en 2011.


Dans Welcome To My Nightmare, tout a été conçu pour le spectacle à venir, théâtral jusqu’au bout des ongles, cet album est une fresque hallucinée en cinémascope. Si cela n'est pas entièrement nouveau, les albums du Alice Cooper Band possédaient déjà leur lot de théâtralité, Welcome To My Nightmare va beaucoup plus loin. Ici nous avons véritablement affaire à de l'entertainment, une sorte de show déviant dont Barnum lui-même n'aurait pas boudé l'idée. Musicalement, ce disque est le chef-d'oeuvre d'Alice, servi par une production du tonnerre assurée par le fidèle Bob Ezrin, sans oublier son casting de luxe, avec entre autres Dick Wagner et Steve Hunter aux guitares. L'album contient son quota de titres forts tel que le glaçant "Steven", longue odyssée horrifique dans les névroses du personnage principal. C'est avec ce disque que démarre également l'habitude que prendra le Coop' de flanquer chacun de ses albums d'une ballade sirupeuse. Ici le rôle est tenu par "Only Women Bleed", qui pour le coup est une vraie bonne chanson, elle sera même reprise par Etta James. A noter également la présence du grand Vincent Price, qui récite sadiquement les effets du venin de la veuve noire sur l’organisme humain, du grand art. Michael Jackson s'en souviendra pour son "Thriller".

En 1976, Alice Cooper Goes To Hell débarque dans les bacs, le disque était censé être la bande-son d'un nouveau spectacle. Mais celui-ci ne verra jamais le jour, les problèmes d'alcool d'Alice étant devenus trop lourds. Concrètement cet album est un peu le jumeaux famélique de son prédécesseur. D'ailleurs le succès ne sera pas au rendez-vous. Mais cette "décente aux enfers" est loin d'être un mauvais disque, même s'il échoue là où Welcome To My Nightmare triomphait, il n'en demeure pas moins une oeuvre intéressante. Un album à redécouvrir. Goes To Hell reste encore aujourd'hui l'un des albums les plus complets d'Alice Cooper. Et puis l'enfer du disque c'est le Disco! Comment ne pas plonger tête baissée dans un concept aussi barré?


L'affaire se corse avec Lace And Whiskey qui paraît en 1977, une année punk, mais pas pour Alice qui nous pond un nouveau concept se réclamant du polar-noir. Bon à l'écoute, ce n'est pas probant. Ce disque méconnu et sous-estimé mérite encore une fois d'être redécouvert, tant il est atypique et agréable, et tant pis si le concept est foireux. En dehors des titres rock que sont "Lace And Whiskey", "Road Rats" ou la reprise de "Unbangi Stomp", la véritable force de l'oeuvre réside dans ses fulgurances alambiquées. En gros la quasi-totalité de la face B que l'on pourrait qualifier de génial suicide. Des mélodies barrées, du kitsch, du drolatique avec une bonne dose de déviance. Un régal.

En 1978 débarque From The Inside écrit en collaboration avec Bernie Taupin (oui, celui d'Elton John). Les deux compères se sont rencontrés en H.P, histoire de soigner leurs addictions. From The Inside est encore une fois un concept-album, il dresse les portraits des divers personnages composant la faune d'un hôpital psychiatrique. Musicalement très propre, ce disque est peut-être le moins hard d'Alice, il n'empêche que c'est une réussite totale. A la fois dérangeant par son thème et très mainstream dans sa forme, From The Inside est redoutable. Son final, "Inmates (We're All Crazy)" est peut-être ce que le Coop' a pondu de plus intense dans le genre.


Maintenant nous allons plonger dans ce que l'on pourrait aisément nommer la trilogie du chaos. Flush The Fashion, Special Forces et Zipper Catches Skin parus respectivement en 1980, 81 et 82, forment un bordel sans nom, sans réelle direction artistique. La production est souvent bancale et les compos bâclées,  mais malgré tout il y a de quoi trouver son compte dans chacun de ces albums maudits. Alice s'enfonce dans ses problèmes d'alcool et tout le monde se fout de la qualité, producteurs, musiciens, maison de disque et même le principal intéressé. Cette série de disques s'écoute comme on regarde une bonne série B, et puis ils contiennent tous des fulgurances magnifiques.


En 1983, Bob Ezrin reprend en main la maison Cooper laissée à l'abandon et offre au Coop' son disque le plus particulier. Dada est un chef-d'oeuvre torturé, fini le grand-guignol, ici l'horreur est glaçante. Le sordide morceau d'ouverture vous fera hérisser le poil; viscéral, synthétique et glauque, l'ambiance est posée. Ce disque fut un échec commercial, la maison de disque ayant totalement lâché l'affaire, aucune promotion ne sera assurée pour sa sortie. Et pourtant les titres forts ne manquent pas, "Former Lee Warmer", "I Love America" ou "Pass The Gun Around". Que du bon.

En huit ans et une pelletée de disques, Alice Cooper aura vécu une décente aux enfers aussi bien fictive que réelle, les albums de cette période sont d'une qualité variable, mais toujours riches. Une richesse qui se perdra quelque peu par la suite avec des disques plus calibrés mais au succès retentissant. Mais ça, c'est une autre histoire...

5 commentaires:

  1. Merci, mon p'tit gars pour cet excellent article sur le King of Shock Rock. Beaucoup de ses albums ont été cramés à leur parution avant de revenir en grâce. "Goes to Hell" et "Lace..." sont des albums fabuleux, quant à "From the Inside", je le trouve supérieur à "Welcome...". J'ai également adoré sa production du début des années 80. Trois disques complètement déglingués (comme le bonhomme, à l'époque), mais riches de compositions accrocheuses. Et je me souviens des critiques réservées à "Dada"... une horreur ! Aujourd'hui, les mêmes trous du cul se prosternent devant ce monument.
    Personnellement, je me marre en voyant la dimension qu'à pris Vincent Furnier... et la bête n'est pas encore morte ! Un nouvel album serait sur le gaz !!!

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    1. Merci pour ton com' et ta vive passion pour le monsieur...

      J'aime aussi sa période hasardeuse, et j'aime sa période calibrée des années 80, j'ai l'impression de mater un film d'horreur. Le boogeyman est dans la place!!!!

      Un nouvel album sur le gaz?! Il arrête jamais le type, entre deux tournées et tournois de golf, il passe au studio...

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    2. Apparemment, ce serait un album de reprises (???) (cf. Rock Hard avril 2013).
      Avec le Coop, c'est grosso-modo un album tous les 18 mois... personne ne fait mieux !!!

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    3. Merci pour l'info, je m'en vais à la chasse aux infos...
      Clair qu'il est productif, à l'âge ou d'autres lâche péniblement un skeud tous les 4-5 ans, c'est clair qu'il est fort le bougre!

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    4. Sur le net deux rumeurs court, avec des sources plus ou moins fiables, celle d'un album de reprise et celle d'un album complet avec le Alice Cooper Group!!! Et pourquoi pas les deux tiens, c'est faisable!

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