lundi 22 juillet 2013

N°109 - THE WHITE STRIPES - Elephant - 2003


Dix ans déjà, putain dix ans.

Le grand oeuvre de Jack et Meg, l'album de la révélation, de l'explosion même. Ce disque fut LE véritable catalyseur (avec le premier Strokes peut-être) du retour du rock sur le devant de la scène en ce morne début de décennie. Disons pour simplifier que c'est le "Nevermind" des années 2000. Premier album du groupe enregistré en-dehors des Etats-Unis, au studio Toe-Rag de Londres pour être exact, un lieu réputé pour être resté bloqué dans les années 60-70, puisque entièrement analogique. La routine pour Jack White le puriste. 

Mais toute médaille a son revers, et très vite "Seven Nation Army" deviendra, bien malgré lui, un hymne pour stade, beuglé par des millions de beaufs amateurs de ballon rond. S'en suivront remix techno et "pooo popo po po pooo po" à presque chaque soirée. D'autant plus rageant que la plupart du temps cette meute de têtes pleines d'eau n'a même pas connaissance du "Seven Nation Army" originel et de son riff dévastateur à mille lieux de leurs éructations bas de gamme. Mais passons sur le triste destin de ce morceau pour nous pencher plus en détail sur l'objet de cette chronique. "Elephant", l'album de la rupture, déjà, l'album qui faillit rendre fou notre bon Jack White. Le chanteur-guitariste jugeant son disque médiocre en repoussa même la sortie. Preuve que l'on est forcément mauvais juge de son oeuvre. 

Démarrage en trombe avec le tube sus-nommé, suivi de près par un "Black Math" dévastateur. Ambiance électrique de rigueur! Pas le temps de reprendre son souffle que déboule "There's No Home For You Here", l'un des ces rock cools dont Jack White a le secret. S'en suit un dynamitage en règle de "I Just Don't Know What To Do With Myself" une ballade rendue célèbre par la superbe Dusty Springfield, les cordes moelleuses de l'originale cèdent leur place à un flot de guitare rageuse apte à perforer les tympans les plus aguerris. Mais la véritable perle noire se nomme "Ball And Biscuit"; derrière ce titre pour le moins énigmatique se cache en réalité un blues rugueux et diabolique. Un vortex de saturation et de guitares folles toujours prêtes à vous mettre K.O, peut-être le plus beau moment de la carrière de ce bon vieux Jack, toutes formations confondues. Autre tube, autre mœurs, "The Hardest Button To Button" est à la fois répétitif et inventif, hésitant et déterminé, un morceau hors-norme. Jack White y développe encore un peu plus ce phrasé proche du rap qui fait toute la différence. L'album se clôt en un triolisme vocal torride entre Jack, Meg et la talentueuse Holly Golightly; "It's True That We Love One Another" lorgne vers la country, celle de Johnny Cash et des Outlaws.

"Elephant" est un classique, tout dans ce disque est grandiose, le contenu comme le contenant. Un album de légende, déjà.

10 commentaires:

  1. Mon dieu comme le temps passe vite... Que dire, que tu ne sais déjà sur "l'amour" que je porte à ce disque et à sa "perle noire" comme tu l'as si bien nommé. J'en ai fait une incontournable dans mon "TLMSF" qui revient très bientôt, parenthèse fermée. Seven nation army me fait toujours le même effet et quand j'entends c'est "popolopopopopo" j'ai la nausée, un peu comme quand les "one direction" galvaude les ramons sur un t-shirt... you know what i mean... (-_-)

    Un disque à posséder O-BLI-GA-TOI-RE-MENT, le nevermind de l'an 2000, comme c'est bien dit !

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    1. Oh que oui, je sais "l'amour" de ce disque écouté un bon millier de fois (j’exagère à peine, d'ailleurs je ne fut pas surpris du tout de retrouve "Ball & Biscuit" dans tes vidéos.

      En ce qui concerne "Seven Nation Army", pareil, ça fonctionne toujours, malgré tout. As-tu vu ou entendu le plagiat qu'ont fait ses minables de One Dirction du classique des Clash, "Should I stay.."? Une honte!

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  2. ça fait un bon moment que j'ai pas écoutés les white stripes.
    et honnêtement, ça me manque pas.
    parce que malgré le fait que j'ai trouvé ça plutôt excellent, à l'époque, en écoutant leur mp3 chez matador, ou geffen, chéplus, à l'époque, m'avait toujous semblé qu'y avait quand même un petit truc qui clochait, dans leur musique.
    production et feeling impécable, couaziment led zeppelien, mais je sais pas, y'avait comme cette sorte de malaise qu'on recent en écoutant du abner jay. un décalage d'outre tombe d'avec un véritable produit original qui aurait donné dans l'authentiquement vrai.

    enfin. c'était peut-être le dernier grand groupe de rock du monde, aussi, on peu le voir comme ça. une sorte de chant du cygne de cette folle épopée légendaire. malgré que certains petits teigneux aient encore eu l'audace de produire des choses comme le "Satan's Little Pet Pig" des Demon's Claw (sur in the red records), en 2007. mais je pense que celà deviendra de plus en plus rare, à moins que ce ne soit le contraire qui advienne... certains avaient dit que le rock étaient mort le jour du départ d'elvis à l'armée. pi y'avait eu jerry lee... (même pas encore décédé lui-même, mais juska quand ???????)

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  3. La mort du rock, cette vaste blague (à moins que ce soit une vérité), qui selon les version commence à l'entrée dans l'armée d'Elvis. Bref, le rock est mort 1000 fois au moins, mais jamais en fait.

    Je n'ai pas ressenti ce malaise avec les White Stripes, juste un bon groupe et de bons disques. J'évite de me poser les questions du genre, "est-ce nouveau?" ou trop jouer au jeu des influences.

    Mais tu as raison sur le fait que les White Stripes est peut-être le dernier grand groupe au monde. Mais un autre surgira forcément. Les Black Keys tiens, un groupe qui s'est imposé sur la longueur. Et puis il y aura toujours le syndrome du rejet d'un groupe qui réussi...

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  4. bah quand j'avais déniché leur son, vers 2002, z'avaient pas encore connus le grand succès. et je m'étais dit que ça ne pourrait que venir, parce que leur single avait tout ce qu'y faut. "jimmy the exploder" je crois. oui.
    mais y'avait quand même un truc comme un post-rock à l'intérieur même d'un roots-rock.
    et le malaise, chépas. en fait, quand je comparais avec abner jay, c'était un mauvais exemple, parce que lui, c'est un envouteur, un troubadour ambigûe, un magicien de métier, un charmeur au sens littéral. une sirène qui vous happe en se moquant ouvertement de vous, comme une femme lascive et sûre de son coup. alors que white stripes, ça tenait plutôt de la production, de la brutalité sonique, mais aussi du fait qu'il reste sans doute très dur de renouveler un style qui avait déjà à peu près tout expérimenté de lui-même depuis une bonne vingtaine d'années déjà. et le rapport avec les premiers led zep au niveau des vocaux restait trop évident pour moi pour que je ne puisse pas faire le lien. mais c'était surtout le contexte dans lequel le groupe émergeait. celui du conditionnement mental de masse à son apogée, de la saturation d'une culture, celle du pop art en général, qui selon moi commençait à s'écraser sous son propre poids de manière de plus en plus évidente. et on retrouvait ce truc dans le suresthétisme minimaliste très réussi exploité par les pochettes du groupe qui avait su frapper au fer rouge le visuel du public en imposant sa marque (encore un truc qui deviendra de plus en plus rare tant on est gorgé de références et de stimulis dans tous les sens maintenant).

    bref, mais la vraie question c'était surtout : y'a-t-il encore une place pour le rock dans la vie ? les derniers concerts auxquels j'ai assisté, sonic youth et iggy en 2005, m'ont fait l'effet d'assister à une lobotomie de masse. oilà

    on ne fume plus dans les cafés, et en boite de nuit, les nanas te prennent en photo avec leur portable pour t'inscrire ad vitam dans leurs archives perso sans que t'aie le temps de dire ouf, et pendant que tu leur parles, avec ta tête remplie d'infrasons et d'ondes magnétiques insupportables, elles ne quittent pas leur putain de téléphone des yeux, et sont continuellement connectées à leur banques de données, et autres programme d'analyse ou de compatibilité, ou autre scanner etc...

    bon. puis en fait, l'excellente prestation de jack et meg dans le coffee et cigarettes de jarmusch avait tout dit à ce sujet avec beaucoup d'ironie déjà, et ça datait aussi de 2003, tien. l'espèce de vieux machin à la tesla que jack ramène dans le bar, et que meg répare en deux temps trois mouvement... héhé.

    oui, nirvana avait bien débarqué et repoussées les limites du post-punk-heavy-trash-pop alors que plus personne n'y croyait déjà plus à l'époque.

    mébon... là, quand même.
    ou alors, faudrait retourner le monde ???

    allé. bonne continuation

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    1. Il est vrai que le monde a bien changé, y a t'il encore une place pour le rock? Vaste question. Y a t'il déjà eu une place pour lui dans un monde si refermé. Vieux et malade.

      Le rock est une simple vision de l'esprit, pas forcément une philosophie de vie, je n'y crois pas. Trop de rachat commercial pour ça. Les rockstar actuelles sont trop lisses (polis).

      Quand tu vois Lou Reed quasiment annuler un concert (cancer) car un mec allume une clope, c'est le monde à l'envers.

      Allé. Bonne errance internetale. See You Soon.

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  5. lou a toujours dit que le "vrai lui", était dans "pale blue eyes".
    et quand t'entends "perfect day", ça n'a rien d'un hymne punk.

    alarvouayure

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  6. et le message inclu dans "heroin" est le contraire d'un appel au désordre, mais plutôt celui d'une saturation, d'un trop plein de tout ça au contraire.
    l'expression violente d'un désir de paix, et même de mort.

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    1. Très juste, d'ailleurs j'ai toujours préféré ses "ballades malades" au Loulou...

      Mais bon le type est un peu aigri, et sa carrière solo globalement est tout de même pas plombé par l'échec. Artistique j'entend. Mais ses hauts-faits compensent bien. "Berlin", "Transformer", "Rock & Roll Animal" ce live démesuré avec ses orchestrations rock plombées trop grande pour lui... Magnifique.

      Désir de paix et de mort, la paix par la mort, la mort en paix... Lou Reed a toujours dansé avec la faucheuse. Elle n'est jamais loin, dans les veines du junkie.

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  7. Cadeau : https://www.youtube.com/watch?v=tW4nUmTV98I&hd=1

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