En toute discrétion, JJ Cale a quitté son hamac le 26 juillet 2013. Soixante-quatorze années au compteur, c'est à la fois jeune et vieux, un âge presque honorable dans une profession à risque. Mais l'inventeur du "Tulsa Sound" était tellement à la marge du système, si discret qu'il paraissait immortel. JJ Cale était une légende, un secret d'initié avec son jeu de guitare "Laidback" constamment aux frontières du blues, du jazz et de la country. L'un de ces héros trop méconnus du rock auxquels la célébrité ne sied guère. Un homme humble et rare enregistrant des disques dans son coin, à son rythme, et délivrant des concerts au compte-goutte. Beaucoup de gens connaissent ses chansons au travers d'autres interprètes, notamment "Cocaïne", dont Eric Clapton fit un tube. L'ex-Cream ira même jusqu'à enregistrer un album entier avec Cale en 2006, l'excellent "Road To Escondido".
"Hey Babe" le morceau qui ouvre le disque semble trouver son rythme dans le mouvement perpétuel du hamac, la guitare serpente paisiblement tandis que l'orchestre besogne sans le moindre stress. A peine le temps de prendre une bouffée d'air frais, que déjà il faut tailler la route, "Travelin' Light" est une de ces chansons qui invite au voyage; le rythme est tendu, vif, tout en demeurant très relax. Du pur Cale. "Hold On", Jazz vocal zébré de guitare country, un mélange de belle musique américaine jouée avec la plus grande décontraction du monde. Déboule ensuite "Cocaïne", l'originale, le joyau, infiniment supérieur à la version de Clapton. Le son y est profond, le "Tulsa Sound" dans toute sa splendeur, et puis il y a ce riff de guitare légendaire, qui comme tous les bons riffs est d'une simplicité désarmante. "I'm A Gypsy Man" est emprunté à Sonny Curtis, les délires guitaristiques de Cale atteignent ici un niveau rarement égalé. Le troubadour remonte ensuite dans sa caravane et nous emporte au pays de la soul avec un "The Woman That Got Away" impeccable. Retour vers des cieux plus calmes, plus bleus avec "Cherry", quintessence du style Cale, dépouillé et classe. La guitare danse dans la poussière du vieux sud, l'homme est assis devant son Airstream jouant sans fin. Quand vient la nuit il entonne un "You Got Me On So Bad" qui s'en va tutoyer les étoiles pour désormais rejoindre son créateur.
Merci Toorsch pour ce bel hommage.
RépondreSupprimerDepuis hier, je repasse en boucle ses albums...
Sur ce, je vais retourner dans mon hamac!
Tout le monde a ce disque, quand je dis "tout le monde"... Mais "tout le monde" peut maintenant ajouter ta chronique pleine de tendresse pour ce bonhomme, un modèle dans le genre avoir - il semble - fait ce qu'il veut de sa vie. En tout je lui souhaite. Même maintenant.
RépondreSupprimer"Call me the breeze"...
RépondreSupprimerEt il est parti avec elle.
Cette disparition m'a beaucoup attristé (comme pour vous visiblement), c'est si soudain. Ce type a toujours mené sa barque dans son coin et en toute liberté (j'imagine).
RépondreSupprimerMerci à tous.
Un hommage qu'il fait bon lire.
RépondreSupprimerJJ Cale est le genre d'artiste qui parsème ta vie au gré des moments de bienfaisance, de plaisir, de décontraction.
Une image bien sur, mais certainement empreinte de réalité.
Libre, certainement.
Exigeant, pour sur, car sortir de tels albums ne se fait pas sans cette obligation.
Référent, y'a qu'à voir le paquet d'artistes qui auraient aimé à arrivé à un tel degré de force tranquille, entre rock, country et jazz.
Le genre t'essaie d'imiter mais de tout façon un caractère, un charisme et une telle force ne s'imitent pas.
Troubadour, le titre idéal pour revenir sur cet homme finalement si peu médiatisé qu'on ne le connais guère, que par ses albums et sa musique.
Toujours merveilleusement produit, un artiste où il faisait bon se retrouver, entre amis, comme s'il était là avec vous.
Discret, mais là...
Là où il est ça doit continuer et ça va continuer, pour sur.
Pour nous terrestres, il nous reste tant de moments de rares plaisirs en sa désormais éternelle compagnie à passer.
Thanx à lui.
Thanx à toi pour cet hommage.
arrf mon T ... il s'est barré quand rodait "Travel log" dans mon auto-radio.. j'emmène tjrs de JJ dans ma pochette vacances..j'adore le Tulsa sound... le JJ et toute sa discographie, le Clapton cool..le cool, le Dire Straits...... et pis et pis... bahh c'est vachement bien discret tout ça... et le rocking chair continue à se balancer.
RépondreSupprimerBiz à toi grand T
Yo C. Je sais à quel point tu aime "Travel Log", tu l'avais mis dans un précédent JSF, thème du voyage...
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