Défendre un album qui a cartonné, mais qu'on n'aime pas... Avec une bonne dose d'hypocrisie, cet exercice n'est pas bien compliqué. A vrai dire, les albums que je n'aime pas (souvent des cartons d'ailleurs), je ne m'emmerde pas à les défendre. J'aurais par exemple pu prendre n'importe quel disque de U2, ou de Metallica (jamais réussi à les blairer ces deux-là!) et tenter en vain de faire bonne figure, mais non. Pour moi, le pire qui puisse arriver, c'est d'être déçu par un album attendu. Huit ans d'attente pour être précis dans le cas de "Black Ice". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la déception fut à la hauteur de ce long silence. Je me revois encore en ce début d'automne, sautant dans ma voiture après le taf' pour filer vers le revendeur le plus proche. Je n'ai même pas mis le cd dans l'autoradio, non, je voulais mon écoute attentive au casque, sans bruits parasites, ni stress dû à la circulation. Sur le palier, j'ai croisé le proprio et un voisin, discussions vite esquivées, j'étais comme le lapin d'Alice au pays des merveilles: "Je n'ai pas le temps, je suis en retard, en retard, en retard..." Enfin seul! De mes doigts gourds je retire le cellophane protégeant le graal, un rapide coup d'oeil sur le livret, putain d'illustrations, mais photos nases, hum... mauvais signe? Casque branché, disque dans la platine, potard à onze, c'est parti !!!! Play It Loud!!! Et là, c'est le drame, la prod' est à chier, aucune puissance, nada! Ne cherche pas d'ou vient le vent, le brise molle se nomme Brendan O'Brien (déjà coupable de bouillie sonore chez le Boss). D'un coup, l'envie me vient de le suspendre par les couilles sur la place publique pour faire un foutue piñata de MERDE!!!
Avec tout ça, j'en ai presque oublié de défendre la chose; laissons agir la dissonance cognitive... "Rock N Roll Train", un train d'enfer plus rapide que n'importe quelle autoroute, hymne pour stade, imparable. "Big Jack", rien que le titre est un régal, le fantôme de Bon Scott plane, c'est sûr! Vite un poltergeist pour assommer Brendan! Sérieusement, il envoie sévère ce morceau! "War Machine", l'escadron est lancé, drop the bomb, j'attendais un F-22 Raptor, mais j'ai un vieux bi-plan. Toujours, la faute à cette foutue production qui manque cruellement de punch; putain même "High Voltage" claquait plus! Pardon, j'en oublie le thème du jour, je reprend; "War Machine", c'est une centaine de Spitfire qui vous ruinent la tronche!!! Mais l'avion se crache dans un orage de blues, "Stormy May Day", c'est la fin, Robert Johnson et le diable trinquent, des âmes (plus très fraîches, mais bon) à se mettre sous la dent. Indéniablement le meilleur titre de l'album, AC/DC cesse enfin sa comédie artificielle et joue une musique de son âge! Glace noire, verglas mortel, la voiture quitte la piste pour s'encastrer violemment dans le fossé! "Black Ice, Black Ice!!!" l'autoradio joue toujours, mais plus aucune trace des occupants...
A la réécoute, il n'est pas si mauvais cet album, il est plutôt bon même. Réduit à dix titres et avec le son de "Stiff Upper Lip" il serait même excellent.
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